histoire et identité

Quand l’actualité recouvre des réflexions de fond c’est toujours intéressant. Quand les bidouillages institutionnels traversent des polémiques zappantes des réseaux ça devient passionnant..

Je n’ai cessé de vous dire depuis la rentrée, avec l’exagération bonhomme que peut donner la cinquantaine, que je me transformais, sous l’effet de la réforme de la réforme, en animateur de divertissement historico-géographique… C’est vrai, j’ai passé 25 ans à faire plonger les élèves vers une épreuve écrite de réflexion et de mémoire… L’épreuve a été emportée par le Covid, et même si ce n’est pas vrai aujourd’hui je dois faire plein de choses avec mes élèves mais ne plus les stresser avec cette épreuve.. Mes collègues de Français et de Philo continuent leurs épreuves de 4 heures mais pas nous… Réflexe de cour de récréation, oui , bien sur ! Autour de moi la salle des profs stresse les élèves pour des épreuves lourdes, et dans mon coin, petit Calimero, je n’ai plus qu’un contrôle-continu-peau-de-chagrin… Quelle libération d’un côté ! Quelle déchéance de l’autre ! Voilà la matière que j’enseigne : un des piliers de l’école systématisée de la fin du XIXe devenu la cinquième roue de la charrette…

Mais n’en perdez pas une goutte. L’Histoire et la Géographie restent fondamentales même si on les a placardisées ! La Géographie s’affole avec le changement climatique et les vieilles lectures géopolitiques encore à l’oeuvre chez nos gouvernants, et l’Histoire est un enjeu identitaire qui fait encore se battre dans nos écrans, et parfois mêmes nos rues et nos cours de récréations… L’arrivée de Zemmour parmi les candidats potentiels à la présidentielle nous replonge dans cette thématique de l’histoire identitaire.

Voilà donc quatre références à ne pas négliger dans ce domaine, données ici dans l’ordre chronologique de publication :
Ce pays qui aime les idées. Histoire d’une passion française de S. Hazareesingh
L’Histoire mondiale de la France dirigée par P Boucheron.
Destin Français de E. Zemmour.
Le venin dans la plume. Edouard Drumont, Eric Zemmour et la part sombre de la République, de G. Noiriel.

Notre CDI accueille le deuxième et ma bibliothèque le premier, alors que les deux autres sont consultables à l’Alcazar… Un petit banc d’essai…. 2015, 2017, 2018, 2019

un tout petit peu d’actu

D’abord ce dessin de presse venu du nord à propos de l’ambiance entre virus, vaccin et obligation… Sans s’étaler sur le sujet, disons que le débat est jalonné par plusieurs éléments…

1 – l’incapacité des citoyens de juger dans cette affaire… Les plus savants savent surtout qu’ils ne savent pas grand chose.. Les ignorants qui postent et trollent en savent assez peu pour publier de belles condamnations.. Si on veut rester un minimum honnête, moi citoyen lambda, je ne sais pas grand chose. Les arguments des uns et des autres sont suffisamment complexes pour que le débat me passe largement au dessus de la tête… Du coup les arguments du débat ne peuvent pas être scientifiques mais civiques et sociétaux. Pour moi ce n’est pas l’efficacité ou la dangerosité du vaccin qui sont en jeu, mais quelle attitude avoir dans ce ménage à trois : société-virus-vaccin

2 – la question de la liberté. Et là je ne saurais qu’encourager chacun à repérer ce qu’il met sous ce mot… Personnellement j’ai l’intime conviction de ne pas être libre. Mon psy peut m’aider à avancer vers cette liberté mais faut-il encore que je maîtrise ou que je gère mes pulsions, mes héritages, mes émotions pour atteindre une véritable liberté raisonnable. Mon ordi a depuis longtemps été vendu à des firmes trans-nationales qui me harcèlent de messages publicitaires. Mon boulot est depuis longtemps aux mains de gens qui généralement n’en savent pas plus que moi, et parfois moins, mais qui ont infiniment plus de pouvoir, en particulier celui de me foutre à la porte… Suis je vraiment libre dans ce monde libéral ? Bien sur je peux aller faire mes courses alimentaires chez le paysan du coin en espérant qu’il soit non seulement local mais également bio, que j’aie la liberté de savoir ce que je mange. Devant une épidémie, ai-je la liberté de choix ? Devant cette épidémie là surement… Devant un bon vieux choléra, ma liberté a-t-elle le temps de se poser une question ?

3 – Nous en sommes là non pas juste pour cause de Covid mais par le « système » (désolé pour cet emploi) érigé depuis des décennies : excès des laboratoires privés, corruption, décisions publiques achetées par des lobbies, jeu des avocats et autres sociétés d’assurances… Rien que de très humains mais qui touche la santé… C’est vrai que nos ancêtres n’ont pas forcément dû se confronter à ces problèmes.. Avec une espérance de vie à 45 ou 35 ans, on n’a pas le temps de se poser toutes ces questions.. Mais aujourd’hui, comme le disait Desproges il y a 40 ans, alors que la médecine nous permet de profiter de notre cancer pendant de nombreuses années, la vie est comme une assurance….Tout est devenu précaution, prévention, sécurité, autant de principes appliqués (à raison, je tiens à le dire) face aux malfaçons et autres arnaques… Il est aussi temps de retrouver notre caractère fugace, et fondamentalement humain… Et là ce n’est plus une histoire de principes très sociétaux, mais tout simplement du sens qu’on donne à notre vie…

Ouais, c’est mieux de s’arrêter là ! à vous de réfléchir !… voilà d’ailleurs un petit article brtish sur la question

La liberté est un bien commun—The Local (extraits) Stockholm —John Lichfield Publié le 27 juillet

En France, les manifestations contre le pass sanitaire se poursuivent… et prennent de l’ampleur. Pendant ce temps, la campagne vaccinale française bat son plein.
Le nombre quotidien de premières doses a doublé depuis les annonces d’Emmanuel Macron le 12 juillet, soit l’impossibilité de prendre les transports en commun sur de longues distances et d’accéder aux loisirs, à moins d’être vacciné ou de multiplier les dépistages, qui seront bientôt payants.
Si Macron voulait forcer les hésitants et les flemmards à sauter le pas, c’est une franche réussite. Au Royaume-Uni, au contraire, la campagne, qui avait si bien commencé, a désormais un coup dans l’aile.
Dans quelle mesure doit-on prendre au sérieux les manifestations d’opposition au pass sanitaire ? Commençons par quelques chiffres. Le 24 juillet, 160 000 personnes ont défilé dans plus de 200 manifestations partout en France, soit 30 % de plus que la semaine précédente. C’est moitié moins qu’au début des “gilets jaunes”, en novembre 2018.
Le mouvement a-t-il le soutien des Français ? Selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, 35 % des personnes interrogées étaient favorables à la mobilisation. Au début des “gilets jaunes”, le soutien populaire était supérieur à 70 %. Une personne sur trois, ça paraît beaucoup, mais c’est peu en réalité dans le contexte français. Quasiment toutes les manifestations d’opposition au gouvernement – quel que soit le gouvernement, quel que soit le sujet – ont le soutien d’au moins 50 % des Français.
Argumenter. Selon le même sondage, ceux qui soutiennent les anti-pass sanitaire sont surtout affiliés à l’extrême gauche (57 %) ou à l’extrême droite (49 %), et une majorité de ces personnes s’identifient ou s’identifiaient aux “gilets jaunes” (67 %). Autrement dit, c’est en partie un mouvement anti-Macron.
Ce n’est toutefois pas aussi simple. L’opposition au pass sanitaire est forte au sein de la jeunesse, car 51 % des 18-35 ans déclarent avoir de la sympathie pour le mouvement. Ceux qui ont défilé les derniers samedis de juillet n’étaient pas tous des antivax ou des complotistes.
Le mouvement est hétéroclite. Quelques éléments isolés sont violents et plusieurs centres de vaccination ont été vandalisés. Le 24 juillet, de nombreux manifestants ont à nouveau recouru à d’odieuses comparaisons en portant l’étoile jaune qui était imposée aux Juifs pendant l’occupation nazie en France, ou en assimilant le pass sanitaire à un “apartheid”. C’est odieux mais c’est aussi idiot. Les Juifs ne pouvaient pas choisir de ne pas être juifs entre 1940 et 1944. Les Sud-Africains noirs ne pouvaient pas choisir d’être blancs. Le fait que ces personnes aient été juives ou non blanches n’était pas une menace pour le reste de la société.
Par ailleurs, certains manifestants ont opposé des arguments cohérents à la stratégie de Macron.
N’oublions pas qu’avant juillet Macron lui-même était contre la vaccination obligatoire. Citons plusieurs des arguments avancés :
“C’est une attaque contre les libertés fondamentales… Notre corps nous appartient… Si on ne réagit pas, on perdra d’autres libertés…”
“Pourquoi est-ce que les jeunes doivent se faire vacciner alors que le Covid n’est pas un danger pour eux ?”
“Si l’obligation vaccinale n’était pas justifiée jusque-là, pourquoi l’estelle aujourd’hui alors que beaucoup de gens sont déjà vaccinés et que les nouveaux variants ne provoquent pas tant de cas graves et de décès ?”
Au moins, ces arguments relèvent du rationnel. Ils méritent des réponses. Et c’est ce que semble faire le gouvernement : différencier les manifestants raisonnables des cyniques et des forcenés. Le gouvernement doit faire entendre ses contre-arguments, plus fermement et plus intelligiblement. Le philosophe Michel Onfray (qui est loin d’être un sympathisant de Macron) souligne que le refus de la vaccination n’est pas uniquement un choix individuel, car il a des conséquences pour nous tous.
En France, une dizaine de vaccins sont obligatoires. Ces règles sont déjà une “attaque contre la liberté individuelle”. Un peu comme la ceinture de sécurité. Nous allons vivre encore des mois, voire des années, avec le Covid-19 et ses variants. S’il faut se réjouir que 60 % des Français aient reçu une première dose, ce chiffre n’est pourtant pas suffisant. Il faudra probablement 90 % de vaccinés pour atteindre l’immunité collective. S’il y a de moins en moins de décès et de cas graves, il reste un grand nombre de Covid longs, qui risquent de laisser des séquelles à vie – même chez les jeunes.
Macron aurait-il dû rendre obligatoire la vaccination contre le Covid, tout simplement ? Peutêtre. Mais son compromis proposé aux non-vaccinés est raisonnable : “Vous refusez d’être protégés et c’est votre choix. Nous choisissons de ne pas être confrontés à vous dans les espaces clos.”
À mon avis, les manifestations vont continuer. Les farfelus, les jusqu’au-boutistes et les manifestants du dimanche défileront indéfiniment. Les personnes plus modérées, plus raisonnables, passeront à autre chose.

Tout autre chose…. Voilà de quoi faire un point rapide sur ce qui se passe en Afghanistan :

Pour ceux qui veulent creuser un peu la question de l’Histoire, voilà une chaîne you tube à ne pas rater : A SUIVRE . Gérard Noiriel est la tête d’affiche de ce collectif DAJA qui cherche à diffuser la notion d’histoire populaire et faire le lien entre la science historique et les réalités sociales et artistiques. Cet historien est à l’origine de la redécouverte de l’histoire du clown Chocolat porté à l’écran par Roschdy Zem et Omar Sy en 2016. C’est la face cachée de l’iceberg… Comme tout dans notre société, quand on s’approche des feux de l’actualité le public te croit débutant, or noiriel est un historien largement reconnu pour son travail imposant sur les ouvriers aux XIXe et XXe, ce qui l’a amené également à s’occuper de la question des migrations, de l’immigration, et de l’intégration.

lectures d’été

Incontournable, encore… Vous vous voyez bien agir dans les milieux décisionnels, économiques ou politiques…? Ce livre est votre bible : il décrypte à merveille cette « langue de bois », comprenez ces tournures et ces phrases qui ne veulent rien dire, qui sont là pour prendre la place, occuper l’espace… Éléments de langage, mots à la mode, circonlocutions, tout y est, y compris les récupérations langagières venues de l’étranger.. Le dernier en date est l’ « impact » que l’on trouve partout et à toutes les sauces.. Auquel il faudrait rajouter « anxiogène », « bien-être », « bienveillance »… etc … Une belle performance ancienne (2009), très marquée par la pratique de N. Sarkozy, J. Chirac et F. Mitterrand… ça tire dans tous les sens : devant la langue de bois il n’y a ni gauche ni droite… La langue de bois dissimule.. Oui, mais quoi ? De l’ignorance, assez souvent. Mais surtout ce que l’on ne peut pas dire.. Un responsable ne peut pas dire qu’il a commis une erreur.. Impossible ! Or devant le journaliste qui a chaussé les pieds de la vérité (là encore on est dans du politiquement correct car le journaliste fait son boulot, comme tout le monde.. il pose des questions emmerdantes pour pouvoir dire aux lecteurs-spectateurs que le responsables en question ne sait rien et les prend pour des cons, d’où le succès assuré du journal… Scoop !) qui le harcèle pour qu’il dérape, l’homme responsable-politique ne rompt pas la discussion.. Il en rajoute, il tourne autour du pot, jargonne parfois… Mais alors.. ? Tous pourris ??? Question populiste et démagogique ! Le responsable est forcé d’en arriver à la langue de bois. Parce qu’il ne peut pas avouer certaines imperfections, certaines motivations, certaines erreurs. Parce que quand on est responsable, on plonge dans le compromis, voire la compromission… D’où qu’on soit.. Autrement dit, cette langue de bois n’est pas la caractéristique du pourrissement des responsables ; c’est un trait de la responsabilité… La langue de bois c’est user du langage pour dissimuler ce qu’on pense, car on ne peut pas dire ce qu’on pense à tout le monde.. ça me paraît évident. On comprend les populistes qui critiquent le système et se présentent eux-mêmes comme anti-langue de bois… Mais bon ..! De ce que j’ai vu des leaders populistes, de droite ou de gauche, et plus encore dans les extrêmes, ils sont des êtres politiques comme les autres, donc ils adoptent la langue de bois. Désillusionnez vous, déniaisez vous rapidement ! La langue de bois est un sport qui est vieux comme la politique… Politique, polis, cité, démocratie, Grèce, programme de 6eme ! Dès les débuts de la politique, des penseurs ont sorti des manuels techniques de langage politique.. Regardez la Rhétorique d’Aristote, les Institutions oratoires de Quintillien… A l’Assemblée comme au tribunal, on est au talk-show.. Il s’agit d’avoir le bon mot, la bonne répartie, ne pas dire tout en ayant l’air de le faire, recourir à l’émotion.. Bref tout ce qu’on nous balance à la figure comme « décadence du système », c’est un vice initial.. Ne cherchez pas , ce sont les règles. Les Révolutionnaires vous promettront de faire table rase de tout ça.. avant d’y retourner ventre à terre.. L’exemple soviétique est suffisamment parlant… En bref, si vous êtes naïf-ve (encore faut-il se l’avouer), si vous êtes idéaliste et crédule et que vous voulez partir en science Po, réfléchissez 10 secondes : soit vous vous déniaisez à vitesse grand V et ce livre peut d’ailleurs vous aider, soit vous n’y arrivez pas et il vaut mieux essayer de faire carrière ailleurs, car les règles de la vie politique sont aussi violentes dans les fictions que dans la vraie vie…. Cool !
Maintenant, réfléchissons… Quand un prof, à court d’argument ou parce qu’il a la flemme d’en chercher écrit « Peut mieux faire ».. Qu’est-ce que ça veut dire ??? Et le « ça va ? » lancé tellement vite qu’on y attend aucune réponse… Langue de bois, élément du politique ? Ouais, mais sans doute humain avant tout….
Ce petit bouquin de Delporte, une véritable mine…
A l’Alcazar ! Vite !

Si vous aimez la chaîne you tube en question, vous trouverez dans ce livre une bonne partie des textes des vidéos. Ludique si on veut, ça fait un peu nunuche, comme toutes ces vidéos qui ont ça d’ambition auprès des plus jeunes. Donc c’est accessible. Mais le souci c’est que ce n’est pas bien structuré, sauf par chapitre-thème…. Vous y retrouverez les biais cognitifs comme Bronner les présente, mais abordés d’une manière simple… Les biais cognitifs vous ne connaissez pas ??? C’est toutes les petites choses qui s’immiscent dans nos esprits quand on essaye de comprendre les choses, de discuter, de répondre aux questions qu’on se pose… Toutes ces petites choses qui nous font nous planter comme des bleus… Si vous voulez creuser, associez le livre et les vidéos. On le trouve même en téléchargement sur les interwebs….

Pour ceux qui croient encore (les pauvres d’esprit) que l’histoire n’est que succession indigeste de dates, voilà un truc que vous ne lirez pas avant 50 ans… Alors prenez de l’avance, ce livre, son pitch, c’est du dingue à chaque page.. Ce mec se met à étudier la FATIGUE…. O pitalugue on n’a pas fini de se fatiguer à lire la fatigue… N’empêche, le Vigarello en question se débrouille bien pour mettre en évidence cet objet historique pas toujours identifié.. Regarder ce que je vois aujourd’hui dans le passé… Comme si on pouvait se préoccuper de la fatigue avant l’industrie et la psychologie ultra présente…

Pour en avoir une petite idée, regardez ça.. ça ne dure pas longtemps et ça vous apprend comment on devient historien alors qu’on est pas parti pour ça.. ne manquez pas ces quelques minutes de culture à l’état brut… SUR ARTE… A voir à l’ALC et même en exemplaire numérique !

Un petit coup de mistral dans la tête de ceux qui applaudissent jour après jour à notre belle mondialisation et à ce génie chinois qui nous permet d’acquérir tellement de biens pour si peu d’euros. La lecture de ce bouquin est édifiante. Non que tout y soit parfaitement établi.. On peut même lire de belles approximations délirantes sur le rôle pacifique de l’Église en occident au moyen âge (oublier les croisades, ça ne se fait pas !).. Mais ça c’est du détail par rapport à la masse de choses que ce livre nous apprend.
On y voit un monde lentement mais surement englouti par la Chine qui utilise avec beaucoup de pragmatisme et de cynisme les règles occidentales pour s’immiscer à peu près partout. La Chine a réussi à se rendre indispensable, incontournable en achetant les différents acteurs. On ne peut rien contre un gars qui arrivent avec deux valises pleines de dollars !!!! L’occident ne peut plus rien contre la Chine. Les belles idées économiques ont entraîné tout le monde en Chine. On préfère faire travailler les chinois que nos ouvriers… c’est moins cher ! L’appât du gain a raison de tout : la morale, la nation et toute forme d’honneur !
Belle contribution au naufrage de l’occident dans bien des domaines, ce livre est fondamental pour garder les yeux ouverts… Oui tout n’est pas négatif… Bien sur on peut réagir… Et ça commence par la lecture de ce bouquin qui date de 2019, donc écrit sur les données des années 2010… Et depuis, la Chine continue !!!!

A lire vite.
A l’Alcazar, aussi !

des idées

quelques références pour essayer de comprendre le rôle des idées :

Déchéance de rationalité, G BRONNER, 2019.

Cet auteur est à suivre. Sociologue, il décrypte de manière sublime notre époque et nos comportements… Il en a d’autres comme La démocratie des crédules, 2013 qui devrait être le manuel d’éducation civique dans les lycées… Ce qui ressort de ces lectures, c’est d’abord ces différents biais cognitifs qu’il met en évidence face à la contagion des conneries qui circulent, rumeurs, fake, complotisme et tralala. Le dernier bouquin sort de son expérience dans une institution cherchant à lutter contre la radicalisation, sortie des attentats des années 15 et 16… On touche tout à la fois les rigidités institutionnelles, la pauvreté de raisonnement des institutions comme des radicalisés, mais aussi on voit bien que quand on ne donne rien à l’individu pour avancer, il n’avance pas… Liberté de choix, OK. Mais même le choix, ça s’apprend, ne serait-ce que pour conscientiser les critères… (Ah l’art des choix comme on dit à Privas) Il fait une belle incursion du côté de ce que veut dire croire… Lire Bronner c’est une bonne leçon d’EMC. Une bonne partie de son oeuvre est à l’Alcazar !

Vers l’égalité ou au-delà ? Essai sur l’aube du socialisme par L. FROBERT, 2021

Ce petit livre des éditions ENS (Normale Sup de Lyon) nous replonge dans les années 1830-1840, bien avant Marx, Mélanchon, les soviétiques, les écolos et les délires post mitterrandiens d’une gauche en déliquescence à l’heure du tout pragmatique-libéral-individuel… On se désole vite quand notre champ de vision se limite à notre nombril. L’intérêt (je ne dirais pas « l’utilité ») de l’Histoire est de nous faire connaître ce qui a été fait, dit, pensé avant nous. Et quand on se laisse prendre à la lecture des Anciens, on arrive à relativiser les drames en cours… ou les vacuités à l’oeuvre… L’absence d’imagination politique actuelle fait peur. Que nous est-il proposé, soyons honnêtes… A droite, il s’agit de jouir, en tout bien tout honneur… Croissez et enrichissez vous, peu de différences entre Sarkozy et Guizot, somme toute… Faire son beurre, profiter, consommer, vivre bien et honnêtement, ça se respecte… Il y a assez peu de perspective, sauf pour ceux qui cherchent.. Les autres n’ont qu’à construire leur vie comme ils le peuvent. Dans le fond c’est peut-être ça le bonheur. « Business as usual » ! Cette vision là est étayée par l’échec des stratégies collectives. Et à gauche que nous propose-t-on ? Ben rien de plus ! Ah oui : réagir ! Il FAUT… (ajoutez toutes vos revendications…). L’ETAT  DOIT (idem)… Il n’y a plus un projet à gauche. La construction d’un monde du DD n’est pas de gauche.. Derrière celui-ci s’emboîte des perspectives respectueuses des uns et des autres… La gauche a oublié ses fondamentaux, et ce livre nous les rappelle. La gauche ne construit plus de société, elle rame derrière les avancées de la droite, du capitalisme et du progrès technique.. ça va trop vite.. La gauche pense à partir de principes.. Mais ceux ci deviennent obsolètes quand ils ont été construits, car réagissant aux nouveautés d’hier, logique ! La richesse idéologique de ce début du XIXe jette une drôle de lumière sur notre début de XXIe siècle très faible, très peu inventif… Les idéaux de gauche sont pourtant présents, je les vois tous les jours dans les pubs : solidarité, fraternité, aide aux plus démunis.. Tout ce qu’on appelle en les dénigrant les « bons sentiments », ce sont eux qu’on attend en fait.. Voir des gens sourire, être accueilli, avoir un contact aimable, bref une société fraternelle en un mot.. Elle est dans les pubs qui nous vendent des machins fabriqués par des machines ou des gens mal payés…. Et puis, il faut bien le dire la gauche est condamnée : socialisme, communisme ont échoué et , naturellement, tout ce qui a échoué est fondamentalement mauvais : l’histoire n’est pas meilleur juge… Le nazisme était mauvais : condamné. Le communisme était mauvais : condamné… Pour toute personne ne voyant pas plus loin que son groin, c’est une évidence… Posez vous la question : la démocratie a été condamnée par nos Pères politiques, Voltaire et Montesquieu… Donc ? Nos démocraties sont bâties sur les principes de ces gens là qui ont condamné la démocratie.. Tout va bien ? Pour ceux qui commencent à comprendre, ce petit bouquin dresse le portrait d’une époque, le début du XIXe, presque à 200 ans d’ici, au moment où se construit notre société industrielle. Investissements, nouveautés, croissance, on se croirait dans un monde parallèle… Les pauvres sont là aussi, alors que la richesse éclate.. Monde parallèle : aujourd’hui les pauvres sont là ici, mais sans boulot… Les « prolétaires », ils sont en Asie du Sud Est… Et dans notre Europe des années 1830-1840, boursouflée d’orgueil technicien et évolutionniste, qui sécrète un racisme ordinaire parce que seuls les Blancs arrivent à connaître cette nouveauté industrielle, le libéralisme est maître. Monde parallèle ? Je reviens à ce petit bouquin qui raconte le début des « socialistes »: un Pierre Leroux déclare tout de go qu’il a inventé le terme SOCIALISME pour équilibrer le développement fulgurant de l’INDIVIDUALISME… Et là on ne peut pas ne pas se poser la question.. Pourquoi ceux qui nous dirigent, pourquoi nos contemporains n’ont-ils pas fait plus d’histoire…? Pourquoi croire qu’une vieille recette (le libéralisme) qui nous a mené à la guerre à plusieurs reprises serait la bonne solution ? Pourquoi quand je pose cette question avez vous le réflexe idiot de penser que le suis communiste, stalinien, mélanchonesque ? N’y a-t-il dans votre réflexion politique que le profit libéral ou le totalitarisme communiste… Le capitalisme libéral tout blanc et le communisme rouge sang…? et rien entre ??? Alors comment appelez vous cette société de la toute-surveillance informatique qui naît sur nos principes libéraux… la liberté ???  Ne savez vous vraiment pensé qu’en termes d’opposition individuel-collectif, alors que l’histoire du monde nous montre que les deux coexistent, et pas souvent avec bonheur, et que c’est même une des caractéristiques de l’humanité de toujours hésiter dans cette médiation entre individuel et collectif..? Autre opposition de laquelle il faudrait arriver à s’extirper : pragmatisme et utopisme.. Quand on est l’un on ne peut pas être l’autre… Le principe de réalité nous fait accepter la situation… L’utopie est la seule force qui peut nous en sortir et amener la réalité à avancer… Oui ! Même chez les capitalistes, puisque c’est cette tendance à faire du profit qui permet les investissements, comme les faillites.. Avoir toujours plus, c’est une utopie qui devient réalité en milieu capitaliste… De même l’utopie d’avoir un objet qui me met en lien avec tous mes amis a permis des richesses fabuleuses aux concepteurs de smartphones.. Alors pourquoi discréditer l’utopie alors qu’elle nous fait avancer ??? Mais dès qu’il s’agit d’utopie politique, il n’y a plus personne. Il faut vite condamner… Alors, et toujours pour les quelques uns qui sont encore là et qui ont compris, lisez ce petit bouquin d’histoire et d’histoire des idées. Voir éclore des pensées du collectif, dans toute leur variété, dans un moment de grande croissance industrielle et de grande confiance dans le progrès, c’est tout à fait stimulant pour percevoir aujourd’hui…. A l’Alcazar
… et si vous voulez toucher cette société capitaliste dans ses aspects sombres, je vous conseille S. SASSEN Expulsions, Brutalité et complexité dans l’économie globale, 2016 ou N KLEIN No Logo, 2002 et surtout Le choc des utopies, Porto Rico contre les capitalistes du désastre, 2019

Ce pays qui aime les idées. Histoire d’une passion française par Sudhir HAZAREESINGH – 2017

Un bouquin qui fait du bien à lire, quand un anglais se met à admirer la culture française ça vaut le détour… En plus on apprend pas mal de choses et on n’arrive plus à dénigrer notre pays bien aimé… Voilà ce qu’en dit un CR internet rapide :

Les Français seraient arrogants, présomptueux, ingouvernables… Mais ne seraient-ils pas, avant tout, de grands amoureux des idées?
Au fond, à quoi reconnaît-on la pensée française? Sans doute à son inextinguible vitalité : si les Français donnent l’impression de ne jamais débattre sans se disputer, c’est qu’ils ont l’exercice de la controverse trop à cœur ; s’ils passent pour des donneurs de leçons, c’est qu’ils aspirent à l’universel, au point de s’en estimer seuls garants ; s’ils sont râleurs, anarchiques et prompts à la révolte, c’est qu’ils ont l’esprit critique chevillé au corps ; s’ils se croient supérieurs, c’est qu’ils ont le goût de l’abstraction, l’art d’inventer des concepts qui séduisent au-delà des frontières – le socialisme, le structuralisme, l’existentialisme, la déconstruction, le mot même d’intellectuel. Enfin, s’ils exigent tant de leurs hommes politiques aujourd’hui, c’est qu’ils sont nostalgiques de leur grandeur passée et qu’ils refusent d’abdiquer.
Catalogue passionné des spécificités de la pensée française, ce livre nous décrit mieux que nous ne saurions le faire, en même temps qu’il nous pousse à interroger nos inquiétudes face à l’idée de notre déclin.

racisme et autre

030121.. fin des vacances lectures…
Un petit dernier pour la route…..d’abord cet extrait : Tania de Montaigne, L’assignation, p 18, Grasset 2018.
Voilà notre château hanté. Voilà les fantômes qui nous habitent. Ils parlent à travers nous, ventriloques invisibles. Sommes-nous racistes ? Bien sûr. Nous parlons tous la Race couramment, elle est notre langue maternelle depuis des siècles. Pourrions-nous ne pas l’être ? Bien sûr. Mais la tâche est ardue et le temps presse. Partout dans le monde, les rapports se tendent et se crispent avec cette idéologie pour toile de fond. Partout dans le monde, les nationalistes mettent des mots simples et rassurants sur cette peur de l’Autre qui nous habite malgré nous. Ils disent : « Tu as raison d’avoir peur ». Ils disent : « Je te comprends, ils ne sont pas comme nous. » Ils disent : « Quand ils ne seront plus là, nous irons beaucoup mieux. » Ils disent aussi : « Tu ne sais pas qui tu es, mais moi je le sais pour toi. » Et on les croit et on les élit. Ils disent : « Ton problème c’est les Mexicains », « Ton souci c’est les Noirs », « les Arabes », « les Juifs », « les Roms », « les Rohingyas », « les Yézidis »…. Et, face à eux, les communautaristes répondent en miroir, utilisant la même langue, le même dictionnaire. Chez les communautaristes, on ne dit pas un Français noir, mais un Noir de France, un Juif de France, un Musulman de France… La Race d’abord. Et on ne dénonce le Racisme que lorsqu’il touche la communauté que l’on pense représenter, faisant, tout comme les nationalistes, de l’antiracisme à géométrie variable. Ils disent : « Puisqu’on attaque les Noirs, restons entre Noirs. » Ils disent : « Ne discutons qu’entre Juifs. » « Ne pensons qu’entre Musulmans »… Comme les nationalistes, les communautaristes rêvent d’un monde où la Race mettrait de l’ordre dans la complexité des rapports humains. Les Musulmans avec les Musulmans, les Juifs avec les Juifs, les Noirs avec les Noirs… Ils disent « appropriation culturelle », « racisés », « insensibilité culturelle »… Ils disent « Tu parles comme une Blanche », « Tu n’es pas un vrai Noir », « pas une vraie Juive », « pas un vrai Musulman »… Communautaristes et nationalistes sont pris au piège de la Race, et nous avec…. à rapprocher avec ceci : IMAGE ou en VIDEO
….
et après Jaurès, voilà Chirac, en 2001 :
« Nous avons saigné l’Afrique pendant quatre siècles et demi, commença-t-il. Ensuite, nous avons pillé ses matières premières ; après, on a dit : ils (les Africains) ne sont bons à rien. Au nom de la religion, on a détruit leur culture et maintenant, comme il faut faire les choses avec plus d’élégance, on leur pique leurs cerveaux grâce aux bourses. Puis, on constate que la malheureuse Afrique n’est pas dans un état brillant, qu’elle ne génère pas d’élites. Après s’être enrichi à ses dépens, on lui donne des leçons. » extrait d’un article sur le bilan Chirac en 2007 dans LE MONDE

181220… vacances lectures
quelques références récentes sur la question du racisme :
Lilian THURAM, La pensée blanche, P. Rey, 2020
Aurelia MICHEL, Un monde en nègre et blanc, Seuil, 2020
Eeni EDDO-LODGE, Le racisme est un problème de blancs, Autrement, 2018
Tania de MONTAIGNE, L’assignation, les noirs n’existent pas, Grasset, 2018
Tania de MONTAIGNE, Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin, Grasset, 2015
moins récents…..
Aimé Cesaire, Nègre je suis, nègre je resterai, Albin Michel, 2005
Tahar BEN JELLOUN, Le racisme expliqué à ma fille, Seuil, 1999
Frantz FANON, Les damnés de la terre, 1961
En lisant le livre de Tania de Montaigne sur Claudette Colvin, on retrouve l’ambiance décrite par Fanon dans les damnés de la terre. L’un porte sur les noirs américains dans les années 1950, l’autre décrits l’état des populations colonisées à peu près au même moment. Le lien entre esclavage-colonisation-racisme apparaît de plus en plus, surtout à la lecture d’A. Michel. Les différences se cristallisent dans une construction sociale de l’exclusion. Quand on vit dans l’exclusion (quel que soit le côté du mur) on a du mal à imaginer qu’il fut un temps où le mur n’existait pas, et que la vie peut exister sans mur…

la Loi ou des conseils

Des lycéens parlent aux lycéens… Au moment de quitter l’établissement, quelques règles à suivre.. de la part des anciens…

1 – profite à fond de la vie… et n’oublie pas de profiter à fond aussi des études

2 – Fais quelque chose qui te plaît vraiment. Ne décide pas tes études en fonction des autres…

3 – Ne prends pas tout à coeur, prends du temps pour toi

4 – De bons conseils pour le futur au CDI tu trouveras

5 – prier 5 fois par jour votre Prof Principal

6 – Garder confiance en soi et prendre de l’avance

7 – Avoir et construire des projets pour s’investir : ça fait partie de la formation !

8 – de bonnes relations tu maintiendras avec ta classe et avec tes profs

9 – les embrouilles ça sert à rien

10 – être curieux, relativiser, se lâcher

Penser l’après

Des jeunes âgés de 15 à 20 ans, lycéens ou étudiants, racontent l’état d’incertitude dans lequel ce reconfinement les a plongés. Ils ont entre 15 et 20 ans, l’âge de l’incertitude. « Je doute de mon orientation, de mes choix d’amis et d’amours, parfois même de mes goûts ou de mes envies », témoigne ainsi Nathan, 17 ans, en 1re dans un lycée du Vaucluse. Après un an de crise sanitaire – mais deux années scolaires affectées –, ce sentiment est monté d’un cran. « On entend les adultes hésiter, les politiques et les médias se contredire, l’école rouvrir puis refermer, rapporte Manon, en 2de dans un internat à Vannes. C’est pas parce qu’on a 15 ans [son âge] qu’on ne perçoit pas le flottement général. C’est simple, aujourd’hui, je ne suis plus sûre de rien… et c’est valable pour tout ! »Le reconfinement scolaire, annoncé le 31 mars, n’a pas vraiment surpris ces adolescents qui, en préambule des témoignages qu’ils nous ont livrés, se définissent comme « privilégiés » ou « à l’aise » – ce sont leurs mots.

Des jeunes inscrits dans un parcours de formation, bénéficiant d’une chambre (voire de leur propre logement pour les plus âgés), d’une famille sur laquelle s’appuyer et de parents en activité – professeurs, infirmiers, employés…« En terrain connu »« Cela faisait des jours qu’on entendait parler de classes fermées à cause du Covid, alors quand le président a annoncé que ça fermait partout, on a presque été soulagés », raconte Coline, 16 ans, en 2de dans les Hauts-de-Seine. « Rien à voir », dit-elle, avec le « choc » du premier confinement, en mars 2020 : « Aujourd’hui, on est en terrain connu pour les cours à distance, même quand ça bugge… »Reste à comprendre, pour des jeunes en demande de liberté, les « contours » de cette pause. « Un reconfinement sans limitation des sorties dans le temps, alors que les journées s’allongent, soyons honnêtes : on le vit plus comme un premier pas vers le déconfinement que comme un tour de vis ou un retour en arrière », témoigne Zaï.

L’étudiante en théâtre à Paris ne se sent pas « tranquille » pour autant :« On nage en plein paradoxe, dit-elle. On nous répète que l’épidémie flambe, on voit partout autour de nous le cercle des malades ou des cas contacts se rapprocher et, pourtant, on sort, sans le stress des contrôles policiers, sans garder l’œil sur la montre. »Alex, lycéen en 1re dans l’Essonne, parle, lui, d’« injonctions paradoxales » : « Toute la France est officiellement reconfinée, mais on peut traîner dehors, et ce, au nom de la responsabilisation de chacun. Je cherche encore la logique ! » Si, pour les vacances, il a franchi la limite de déplacement de 10 kilomètres, c’était « uniquement » pour rejoindre son père, installé à Limoges. Un « bol d’air », dit-il. « Le reste du temps, je ronge mon frein en attendant que les musées et les cinémas puissent rouvrir, je sors marcher, je lis beaucoup… Je ne me suis pas senti seul au premier confinement, ni même au deuxième. Mais au troisième, ça commence à peser. »C’est aussi ce que laisse deviner Félix, 20 ans. Avec seulement deux « vraies sorties » en un an, sa vie amicale s’est réduite « au minimum », explique l’étudiant en mathématiques à Lyon. Les rencontres par écran interposé, « ce n’est pas [son] truc » : « Je passe déjà entre quatre et six heures par jour à étudier sur l’ordinateur. Je fatigue… Même les jeux vidéo, une valeur sûre, m’attirent de moins en moins. » Au premier confinement, il avait rejoint le domicile familial à Blois. Cette fois-ci, il a hésité : « Ici ou là-bas, c’est toujours la crise. »« Un peu fébrile »Zaï, elle, n’aurait pas eu de « cas de conscience à bouger », mais elle a préféré rester à Paris pour réviser. « Avec les bibliothèques fermées, la difficulté à travailler en groupe, c’est dur…

Le semestre est passé trop vite ; de “visio” en “visio”, j’ai un peu perdu le rythme. » Clara, 19 ans, étudiante elle aussi dans la capitale mais « en psycho », a laissé derrière elle sa « coloc » pour retrouver ses parents installés à côté d’Orléans. « Ma vie sociale, à Paris, c’est le néant, lâche-t-elle. Au moins, à la campagne, on se retrouve entre amis des villages alentour. On se pose dans un parc. On respire un peu… »Le port du masque, les gestes barrières, Manon a le sentiment de les « appliquer à la lettre ». Comme tous les adolescents interrogés, elle explique résister aux « sirènes des fêtes », voir « toujours » le même groupe d’amis, en « petit comité » et/ou « en extérieur ». « On s’adapte dans notre vie amicale, on s’adapte dans notre vie scolaire. L’ambiance est moins oppressante qu’il y a un an, mais ça me rend quand même un peu fébrile. »Dans les rangs étudiants, on partage le constat, mais on confie aussi prendre « quelques libertés » avec les règles. « L’an dernier, quand l’été est arrivé, on avait pour nous les bars et les restos d’ouverts, observe Laurent, 18 ans. Là, on finit souvent la soirée dans de petits apparts. Pour peu qu’on picole un peu, les gestes barrières tombent. » Etudiant en lettres à Bordeaux, fils unique d’une mère commerciale, en rémission d’un cancer, il ne cache pas « culpabiliser ». « Je prends mon repas seul, j’ouvre toutes les fenêtres, je reste un maximum dans ma chambre. Sans être sûr de ne pas l’exposer. »La vaccination – récente – de sa mère l’a « un peu » rassuré. Pour lui, il n’y est pas opposé : « Ça nous permettrait de bouger à nouveau, au moins en Europe », espère-t-il, lui qui « rêve d’Erasmus ».

Zaï, l’étudiante parisienne, dit attendre son tour. « Si je pouvais me faire vacciner tout de suite, je le ferais. Pour contribuer à l’immunité collective, mais aussi pour pouvoir de nouveau faire des projets. »Une question emporte toutes les autres : comment imaginer l’été qui vient et, dans son sillage, l’année scolaire ou universitaire d’« après » ? « “On ne va jamais s’en sortir” : cette petite phrase, je l’entends dans toutes les bouches, relève Zaï, et c’est vraiment propre à ce nouveau confinement. » « Le fatalisme s’installe, témoigne aussi Alex. On devrait être à l’âge de toutes les découvertes, et on procrastine, on tue le temps… Avec les variants [du SARS-CoV-2], je n’ose même plus m’imaginer d’issue. C’est aussi une façon de ne pas être déçu. »S’ils s’interrogent, unanimement, sur les effets de la crise sanitaire sur leur parcours scolaire, ils ne s’imaginent pas, avec l’arrivée des « beaux jours », ailleurs qu’en classe ou en « amphi ». « C’est peut-être le seul effet positif de la période, conclut Alex, que de nous avoir rappelé où est notre place. »

Le Monde, mardi 27 avril 2021

à voir

quelques vidéos glanées sur le net sur des sujets variés ou presque :

Arte nous parle des Emirats Arabes Unis : Emirats : la fin de l’Eldorado ? | ARTE Reportage – YouTube et également : Pourquoi tout le monde veut aller vers Mars ? – 28 Minutes – ARTE – YouTube

Le Monde fait le point sur des questions économiques.. Le BG de service vous présente la crise économique du corona : Coronavirus : la crise économique est unique, voici pourquoi – YouTube et la question de la dette : Covid-19 : pourquoi la dette publique n’est pas un problème (pour l’instant) – YouTube

idem sur Xi Jinping : Chine : Xi Jinping est-il le nouveau Mao ? – YouTube

au hasard…

Pensant que je ne peux enseigner que si je garde vivante cette matière que j’enseigne, je me perds parfois dans les rayons des bibliothèques.. Voilà sur quoi je tombe.. Pour ceux qui voudraient savoir, j’ai recopié le texte de Bregman après avoir écrit l’article suivant….

Lu dans <<Utopies réalistes>>, Rutger Bregman, seuil, 2017, lisible à l’Alcazar, 320.5 BREG…
extraits p 20-22

Il est vrai que l’histoire est pleine d’utopismes sous toutes leurs formes – fascisme, communisme, nazisme – de même que chaque religion produit des sectes fanatiques. Mais si un fondamentaliste religieux incite à la violence, faut-il pour autant discréditer automatiquement toute religion ? Alors pourquoi discréditer l’utopisme ? Faudrait-il simplement arrêter tout à fait de rêver d’un monde meilleur ?
Bien sûr que non. Mais c’est précisément ce qui arrive. Optimisme et pessimisme sont devenus synonymes de confiance ou méfiance de consommateur. Toute idée radicale sur un autre monde est devenue presque impensable. Les attentes par rapport à ce que notre société peut accomplir se sont spectaculairement érodées, nous laissant face à la dure et froide vérité qui veut qu’en l’absence d(utopie tout le reste n’est que technocratie. La politique s’est diluée en gestion des problèmes. Les électeurs oscillent de part et d’autre, moins parce que les partis sont si différents que parce qu’il est si difficile de les distinguer et que la droite n’est désormais séparée de la gauche que par un ou deux points de taux d’imposition.
Le journalisme nous présente la politique comme un jeu dont les enjeux ne sont plus des idéaux mais des carrières. L’université est devenue un lieu où chacun est trop occupé à lire et à publier pour débattre. Celle du XXIe siècle ressemble à rien tant qu’à une usine, comme d’ailleurs nos hôpitaux, nos écoles et nos studios de télévision. ce qui compte, c’est d’atteindre des objectifs. Croissance économique, parts d’audience, nombre de publications – lentement mais surement, la qualité est remplacée par la quantité.
Et tout cela est animé par une force appelée « libéralisme », une idéologie pour ainsi dire vidée de tout contenu. Ce qui importe à présent, c’est « d’être soi-même » et de « faire son truc ». La liberté est peut être notre idéal le plus élevé, mais notre liberté s’est vidée de son sens. (…) La scène publique doit être « neutre » – ce qui ne l’empêche pas d’être plus paternaliste que jamais. A chaque coin de rue nous sommes incités à nous gaver et à nous enivrer, à emprunter, acheter, suer, stresser et tricher. Quoique nous nous racontions sur la liberté de parole, nos valeurs ressemblent à s’y méprendre à celles que défendent les entreprises qui peuvent s’offrir des publicités aux heures de grande écoute. Si un parti politique ou une secte religieuse avait seulement une fraction de l’influence qu’exerce l’industrie publicitaire sur nous et nos enfants, nous serions déjà dans la rue et en armes.

Lu dans <<La société de défiance. Comment le modèle social français s’autodétruit>> Yan Algan et Pierre Cahuc, CEPREMAP, 2007/2016, lisible à l’Alcazar, 302 ALGA

Je ne suis pas arrivé à lire tout le livre… Toute ma culture socio-économique s’est effondrée en lisant ce brûlot qui a reçu paraît il le prix du livre d’économie… Extrait rapide :

En contrôlant l’ordre public et la distribution des ressources, l’État affecte la confiance de chacun envers les autres et envers les institutions. Or, de nombreux éléments empiriques indiquent que l’universalisme et la transparence des mécanismes de solidarité sont associés à une plus grande confiance. Ce n’est pas tant l’existence d’un Etat-Providence et le niveau des dépenses publiques qui emportent que le mode d’intervention et de régulation de cet Etat. p 48

je reprends :
« En contrôlant l’ordre public et la distribution des ressources, l’État affecte la confiance de chacun envers les autres et envers les institutions ». C’est à dire en étant l’Etat, l’Etat annihile la confiance… Là j’étouffe… en contrôlant l’ordre public, mais bon sang c’est le but de l’Etat.. Tu enlèves ça, il n’y a plus d’Etat… Ensuite, dire que l’Etat contrôle la distribution des ressources c’est peut-être pousser le bouchon libéral un peu loin… Quoi, nous sommes à Moscou ??? Que veulent ils dire ??? Bien sur que je ressens la pression de l’Etat dans mon pays…. Sans aller plus loin que Parcoursup… C’est le grand ordinateur qui va décider. Le recours c’est de mettre 18 à tout le monde.. Du coup, on annule l’évaluation et les formations du supérieur ne jugeront qu’à partir de l’origine des élèves.. C’est le résultat du trop d’Etat, les acteurs privés s’adaptent… Bien sur ! Mais au delà des exagérations, des abus, le fondement de l’Etat est la protection des citoyens, enfin je le croyais.. On m’avait appris que depuis la seconde guerre mondiale, l’Etat ça servait à ça… Après que les régimes fascistes aient fait de l’Etat un broyeur d’humains, après que le stalinisme ait été assimilé aux mêmes régimes, parce que broyeur d’humains également, j’ai cru en notre démocratie libérale.. Si c’est pour que de beaux esprits économistes viennent balancer le bébé avec l’eau du bain… Un jour un prof de fac m’a dit « depuis 1968 je vois tout mon monde s’effondrer ».. Je n’ai pas les mêmes idées, mais je peux dire pareil..depuis les années 1980, tout le monde mental dans lequel j’ai grandi, élevé dans un milieu chrétien démocrate, tout cela s’effondre… Ce qui était de l’ordre de la tentation, c’est un argument de vente. L’argent, regardé avec méfiance, est une des rares valeurs encore debout. Le groupe qui était une référence à l’intérieur duquel on essayait de percevoir les équilibres, est une lubie dépassée, seul comptant l’individu. Le bien commun qui était et devait être respecté, est au mieux un mal nécessaire, au pire un empêcheur de tourner en rond… On avait confiance en l’Etat, forcément massif, lent, rigide, mais protecteur… De forts comme des faibles.
je poursuis :
 » Or, de nombreux éléments empiriques indiquent que l’universalisme et la transparence des mécanismes de solidarité sont associés à une plus grande confiance.  » Et on cherche encore à nous faire croire que l’économie est une science… Pauvres naïfs ! L’économiste c’est celui qui vous dira demain qu’il a eu raison d’avoir tord hier… Oui, un peu comme le politique… Les données empiriques, tu les as en prenant un café ou pire au bar du coin, quand ils sont ouverts… D’ailleurs un peu plus loin, en affirmant que la multiplication des régimes particuliers de retraite sape la cohérence et la confiance, je me disais, ouaou il doit y en avoir pléthore… 10.. Il y en a 10, selon les mêmes auteurs ! C’est ça la complexité ? 10 régimes de retraite différents ? C’est ça la complexité ne pas avoir le même régime de retraite quand tu as passé ta vie sur les chantiers de construction ou quand tu as passé ta vie dans une bibliothèque.?? Bien sur que la transparence inspire confiance.. mais l’habitude de discréditer non !!! Mais les affaires politico-financières, non ! En France on est malade de l’égalité.. lisez « L’égalité du phantasme français » de Michel de Rosen, Tallandier, 2020 [disponible en numérique sur le site de la bibliothèque de l’Alcazar] c’est sur.. Il n’est que de faire l’histoire du XIXe pour comprendre que le « peuple » français le rechercher et tous ceux qui s’y sont agglomérés depuis ont adhéré à cette valeur… qui est sans doute la mieux transmise à l’école !! Donc c’est vrai ,en France si tu as pas l’air favorable à l’égalité, tu es mal vu… De là à dire que c’est l’Etat qui organise l’inégalité, il n’y a qu’un pas que les auteurs ne franchissent pas.
enfin :
 » Ce n’est pas tant l’existence d’un Etat-Providence et le niveau des dépenses publiques qui emportent que le mode d’intervention et de régulation de cet Etat. » Oh lala !!! Je m’ai trompé §§ Aïe Aïe Aïe !!!! En fait ils ne critiquent pas le système français, ils critiquent l’application française du système… Boudiou, ouf, l’honneur est sauf… Okay, donc vous avez compris.. L’Etat Providence c’est bien, mais ça doit être transparent… On doit mettre tout le monde au même niveau : que tu touches 1500 ou 15000 € par mois, tu auras les mêmes prestations, ça c’est l’égalité… Les complémentaires ? N’en parles pas c’est du ressort du choix de l’individu, ne l’oublies pas ! Notre modèle ce sont les pays scandinaves, Copy ? Norvège, 5 millions d’habitant et producteur de pétrole. Suède 10 millions d’habitants. Danemark 5 millions d’habitants….En voyant ça, oui je pense que effectivement on peut s’en sortir quand le nombre de dossier est plus faible.. Pour ceux qui rêvent encore du modèle scandinave, je conseille la lecture des policiers de l’école scandinave, justement.. H. Mankell, C Läckberg, entre autres.. Lisez et dites moi si ces pays n’ont pas de problèmes administratifs, n’ont pas de problèmes de racisme… Le modèle allemand, lisez la presse allemande, en traduction dans Courrier International.. Vous verrez que les Allemands ne sont pas si satisfaits que cela de leur système soi disant miraculeux.. Quand au modèle américain que nous suivons puisque rien d’autre n’existe, on voit, on sait ce que ça donne, ce que ça sécrète comme misère et désespérance… Ne soyez pas aussi idiots que ceux qui lisent cela en disant « tu crois que le communisme s’était mieux ? ».. Ayez l’intelligence de voir que la critique n’est pas la condamnation. Je suis heureux de manger à ma faim, d’avoir des gadgets qui me permettent de m’emmerder copieusement en ne pensant pas aux choses qui fâchent, d’avoir des vêtements, la mode etc… Je n’en oublie pas moins ceux qui sont empoisonnés par mes déchets, directs ou non, ces animaux contaminés par mes déchets plastiques, ces humains exploités pour que je vive bien… Et je ne peux rien faire.. En fait c’est ça qui mine ma confiance….

à réfléchir

Tout le monde sait que sur les réseaux sociaux on ne doit pas dire n’importe quoi. Et pourtant ça continue.. on se croit non concerné, on se croit à l’abri, on pense que le « système » a tord, que les adultes exagèrent… On pense qu’on a raison d’insulter et de répondre à l’insulte par l’insulte. C’est l’occasion de rappeler que dans un Etat de droit, la vengeance n’est pas reconnue et est illégale. Les choses doivent s’arrêter avant. La dénonciation d’insultes n’est pas une faiblesse, c’est un devoir de citoyen. Quand le mal est fait, on se bat pour sa cause, on victimise, on sanctionne, on condamne… C’est une autre chanson… C’est là que les adultes prennent le relais et que tout prend un sens qu’on n’avait pas forcément voulu au départ….

La prévention, c’est agir là où il n’y a pas de problèmes pour les éviter. Ce n’est pas chercher des problèmes là où il n’y en a pas….

L’insulte, même pour rire, n’est ni pertinente, ni légitime. Avant même de parler de racisme, parlons de la manière dont nous acceptons nos différences… Rien de plus anodin que de se moquer de sa coiffure ou de la manière dont il s’habille, dont elle se maquille, de ses gestes maniérés… c’est de bon ton, c’est partout sur les réseaux , dans les discussions des personnes parfois même les plus recommandables… Ce petit mépris ordinaire, c’est la porte d’entrée du refus de la différence que l’on retrouve dans toutes les « -phobies », les discriminations, le sexisme, et qui culmine dans le racisme.


Se retenir de mépriser, même à un degré infinitésimal, ce n’est pas à la mode, mais là encore c’est un devoir citoyen. Ce n’est pas facile : tous les systèmes religieux et sociaux essayent de réguler cela depuis que l’humain vit en société. Chaque époque son mode. Aujourd’hui, on refuse le « politiquement correct », et on peut imaginer qu’un « parler vrai » est plus authentique, plus sincère… De fait la haine s’exprime alors qu’elle ne le devrait pas.

Subir la haine, a priori il existe des outils contre cela, vous en trouverez quelques liens ci dessous…

Ressentir de la haine, a priori, on n’y peut rien.. Or c’est là qu’il faut agir : canaliser ses émotions. Si je te déteste, que dois je faire ? Te casser la gueule ? C’est moi qui vais prendre ! Mais dans certains systèmes mentaux, la haine pousse au geste, à l’acte. Et c’est même parfois l’honneur qui donne l’obligation de passer à l’acte…. La solution que nous pouvons tous prendre au quotidien, malheureusement pas tous, quand on ressent de la haine, c’est essayer de la mettre de côté… De ne pas lui laisser la première place. Se faire une raison. Mais rien dans notre époque nous pousse à maîtriser nos émotions. Au contraire, plus l’émotion est vive, plus elle est authentique, plus je me sens libre… Cette liberté là c’est la loi de la jungle. L’authenticité de l’émotion, c’est l’anti Etat de droit absolu. Une partie de la culture dont nous sommes abreuvés aujourd’hui, dans les jeux, dans les films, séries, romans, dans nos réseaux sociaux, est contraire à la vie en société. Le héros border line qui venge l’honneur en agissant là où les services sociaux ou la justice, l’administration en un mot, sont trop lents, c’est exactement ce qui tue notre vie en société… Et je n’ai pas l’impression que ce soit une spécialité de notre époque….

Dans les régimes totalitaires, l’Etat définit la morale et 100% des citoyens sont sensés être moraux et vertueux. Pour s’assurer de cela, l’Etat totalitaire surveille tous les aspects du quotidien des individus qui, de fait, n’ont plus ni droits, ni liberté. Dès qu’un individu sort des définitions, il est condamné. Dans la démocratie libérale, l’individu est libre de penser, agir selon ses désirs, sauf à respecter le droit. L’Etat est là pour faire respecter le droit, mais la liberté prime et tout ce qui n’est pas condamné est permis, de fait. Une grande responsabilité est laissée aux individus… Respecter les règles. Intervenir quand elles ne le sont pas.


A réfléchir

liens utiles entre autres :

https://www.lemagdesenfants.com/dossier-27-injure-racisme-diffamation-reseaux-sociaux-risques-enfants.html

http://egalitecontreracisme.fr/ce-que-dit-la-loi

https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/discrimination