A lire

Bruno PATINO, La civilisation du poisson rouge, petit traité sur le marché de l’attention,Grasset, 2019

Quand on lit ce genre de livre, on est forcément amené vers cette « voix qui crie dans le désert »… Adolescents, vous nous donnez un modèle de vie ! Nous, soi-disant adultes, savons parfaitement dire quelles sont nos erreurs sans avoir le moindre geste pour ne plus les commettre !!! Nous savons pertinemment depuis Rousseau que sans régulateur, le libéralisme ressemble à la loi de la jungle : qu’importe les victimes pourvu qu’au seuil de ma porte je puisse faire ce que je veux. Nous savons pertinemment que les intérêts des grands actionnaires sont contradictoires avec les nécessités humaines ; qu’importe, tant que les actionnaires me permettent d’avoir du fric ou de la technologie, tout est bon, y compris l’esclavage de gens que je ne connais pas, tant que je reste un bon démocrate ! Le sujet du bouquin est un peu dans cette veine.. Il permet de brasser toutes les conneries qu’on a laissé installer au bout de nos doigts, ces superbes machines qui semblent nous rendre service et qui, pour le coup, nous maintiennent en esclavage… Je retiens quelques éléments…

« Une étude du Journal of social and clinical Psychology évalue à 30 minutes le temps maximum d’exposition aux réseaux sociaux et aux écrans d’Internet au delà duquel apparaît une menace pour la santé mentale » p 16

« L’économie de l’attention détruit peu à peu tous nos repères. Notre rapport aux médias, à l’espace public, au savoir, à la vérité, à l’information, rien ne lui échappe.
Le dérèglement de l’information, les « fausses nouvelles », l’hystérisation de la conversation publique et la suspicion généralisée ne sont pas le produit d’un déterminisme technologique. Pas plus qu’ils ne résultent d’une perte de repères culturels des communautés humaines. L’effondrement de l’information est la conséquence première du régime économique choisi par les géants de l’Internet.
Le marché de l’attention forge la société de toutes les fatigues, informationnelles, démocratiques. Il fait s’éteindre les lumières philosophiques au profit des signaux numériques. » p 17

un peu de vocabulaire….
no mobile phone phobia => nomophobie, pour désigner la peur panique face à l’éloignement même éphémère de son portable…
phnubbing : consultation ostensible de son smartphone en compagnie alors même qu’on nous adresse la parole.
athazagoraphobie : peur d’être oublié par ses pairs….

à partir de la p 29, Patino reprend des expériences en science du comportement faites dans les années 1930 sur des rongeurs… Quand une souris est mise dans une boîte équipée d’un bouton qui lui permet de faire tomber de la nourriture de manière régulière, on s’aperçoit que le rongeur se régule et n’utilise le bouton que lorsqu’il a faim. En revanche si la quantité de nourriture délivrée est aléatoire, le rongeur se met à pousser le bouton constamment, même s’il est rassasié. Les systèmes à récompense aléatoire, loin de faire naître la distance ou le découragement, jouent sur l’incertitude qui produit une compulsion qui se transforme en addiction. L’appât du gain,  même minuscule, empêche tout éloignement face au mécanisme… Avant d’être utilisé par les grandes plateformes du numérique, ce système a été appliqué dans les casinos et toutes sortes de jeux dits de hasard…

« sur Netflix, l’ergonomie du site tout comme certaines séries spécialement écrites pour la plate-forme sont fondées sur la théorie de la complétude afin de passer de l’habitude à l’addiction. Ce qui compte ce n’est pas la qualité de la série mais la frustration liée au visionnage incomplet. L’enchaînement des vidéos vise à ne pas interrompre la dépendance par d’autres sollicitations… » p.36-37

Décidément, nous vivons dans un monde de belles libertés !!!!

Antiques

Dans la série « Les Romains ont tout découvert »….

Sénèque, (Ier siècle ap JC) La vie heureuse, I, 5 :

« Mais en réalité, le peuple se dresse contre la raison en défenseur de son propre mal. C’est pourquoi il se produit ce qui se produit  dans les assemblées où ceux là qui ont fait les magistrats s’étonnent que ce soient ceux-là qui aient été faits, lorsque l’inconstante faveur populaire a changé. Nous approuvons et nous condamnons les mêmes choses : c’est l’issue de tout jugement rendu à la majorité. »

III, 4  : « Toute cruauté vient d’une faiblesse »

IV, 4 (très politiquement incorrect dans notre société de consommation où rien n’existe sauf le plaisir et l’envie, à se répéter en allant faire son shopping !) « Vois donc dans quelle servitude mauvaise et nuisible sera esclave celui que les plaisirs et les douleurs – les maîtres les plus changeants et les plus arbitraires – possèderont tour à tour. »

débat en attendant

C’était un jour où les élèves (non pas MES élèves, mais LES élèves) ont relevé le défi du « – Bon aujourd’hui vous avez quelque chose à me proposer ? »… Cette proposition ne doit pas exister, en classe elle est « obscène », c’est-à-dire qu’elle n’a pas à paraître sur la belle et magnifique scène de la classe. Mais, toute comédie gardée, c’est aussi dire au corps collectif qu’il n’est pas là que pour entendre ou faire semblant d’entendre, mais aussi pour participer, prendre sa part….

« Vous avez dit un jour qu’on pourrait discuter sur le fait que la démocratie peut glisser vers la dictature … » Bon, je sais que j’en dis des conneries mais là !!! Mais qu’importe la contradiction, causons… La question sera donc officiellement : La démocratie peut-elle remettre en cause les libertés fondamentales ? Notre époque de populismes violents,  de néologismes aussi sots que « démocrature » ou « démocratie illibérale » ne laisse de poser la question, même si, posée ainsi, elle semble caduque.

Comment une démocratie pourrait-elle remettre en cause les libertés fondamentales car une démocratie c’est le respect des libertés fondamentales…? Sortez de vos conneries à 2 balles pour vendre vos canards, journalistes vendus ! La démocratie ne remet pas en cause les libertés fondamentales, qu’on se le dise !

Une fois qu’on est d’accord avec ça, il faut donc aller plus loin…

Pourquoi donc nos journalistes à la gomme (et autres spécialistes qui ne sont que des conquérants du pouvoir universitaire) nous parlent de démocratie « illibérale » ou de « démocrature » ??? <<Ne soyez pas servile>> me disait un jour un jury d’agrégation alors que je lui servais la soupe démago-pédagogique attendue… Parler de démocratie non libérale c’est tout simplement renier le caractère réellement démocratique du régime visé.. Et comme on ne peut pas, on ne veut pas faire tomber des régimes qui se disent démocratiques et qui ne sont pas ennemis dans la dictature on invente des catégories qui n’existent pas, des catégories médiatiques ou communicationnelles pour faire semblant de penser tout en restant dans le conformisme… Mieux vaut parler de « démocratie défectueuse » (flawed democracy) comme le dit cette étude de The economist qui paraît tous les ans depuis 2006 et dont vous pourrez trouver le dernier rapport (2023 et en anglais)  ICI

Dire « démocratie défectueuse » ce n’est pas dire « illibéral ». Une démocratie illibérale c’est un régime du style second empire qui n’utilise que le suffrage universel dans les outils démocratiques.. Et le vote seul ne définit pas la démocratie… Donc ce n’est pas une démocratie ! Pourquoi nos spécialistes (ou présentés comme tels) continuent de dire démocratie pour la Hongrie alors qu’ils ne l’emploieraient pas pour le second Empire ? Démocratie libérale, on sait ce que c’est. Quand un régime remet en cause un ou plusieurs des différents points que l’on a pu mettre en évidence en cours (SU + concurrence pour le pouvoir+alternance+libertés + égalité), la démocratie a des défauts.. Et ce n’est plus tout à fait une démocratie. Quand un pays se dit démocratique mais ne respecte pas ces conditions, on n’a pas à dire que c’est une démocratie : un régime autoritaire à tendances démocratiques c’est déjà plus honnête !

Le fond du débat est très clairement posé par l’évolution politique de la France du XIXe… Chaque régime se pose en solution de l’obsolescence du précédent. Chaque régime pose la question de qui est capable d’exercer le pouvoir. Pose le SU (1848) mais enlève les indigents (31 mai 1850). Repose le SU (1851) mais détourne les suffrages (candidatures officielles)…. Notre Ve République a perdu une de ses caractéristiques démocratiques avec la fin des cohabitations : Macron aurait été réélu mais sans forcément une majorité à l’assemblée deux ans après !  La cohabitation renvoyait les politiques dos à dos, à leurs responsabilités : faites marcher la machine ensemble et arrêtez les discours ! Le quinquennat a muselé le législatif au moment où on en a une plus forte attente !

La réforme des retraites met-elle un point final à la démocratie en France ? Disons le en manifestant, ça fait toujours du bien, mais le discours ne tient pas la route, c’est évident ! Les défauts inhérents à l’égalité existent depuis longtemps dans les pays appliquant ou cherchant à appliquer la démocratie (cf Tocqueville). Mais l’existence de défauts ne signifie pas l’annihilation du caractère démocratique. Les inégalités économiques croissent en régime libéral, et cela a des conséquences sur l’implication politique des gens qui font les frais de cette inégalité croissante. Et ceux qui nous gouvernent le savent. Égalité politique et égalité économique sont imbriquées mais on ne veut que l’une et pas l’autre, et parfois au nom de la seconde on est prêt à rogner sur la première…

Et là on arrive sur notre question…. Nos démocraties libérales se conjuguent avec l’économie libérale qui est créatrice d’inégalités là où le régime politique se veut créateur de liberté et d’égalité… Tout régime vit avec une communication. Les soviétiques, comme Robespierre, comme les totalitarismes de droite, l’avaient compris :  ces régimes diffusent la propagande qui sert à étouffer la personne pour mieux diriger et refouler des questions permissives pour l’exercice du pouvoir. Mais ça ne marche pas (finalement on en est pas plus malheureux !)… Nos démocraties libérales actuelles sont obligées de fonctionner d’une manière apparentée (et qui marche mieux !), car il faut  laisser le peuple loin des réelles questions.. On le voit avec les questions agricoles : mieux vaut nourrir quitte à polluer que de laisser les concitoyens le ventre vide : un ventre vide, ça se révolte. D’abord la bouffe ! Après, viennent  le confort et la consommation. Ce sont les services de propagande les plus fidèles des démocraties occidentales et en plus ils sont gratuits pour l’État. Pendant que le/la citoyen/ne passe son temps à vouloir avoir telle ou telle chose dans son salon, il/elle ne pense pas que ses dirigeants sont hors de propos. Le discours sociétal évoluant, les techniques de communication avec, il est donc bien plus important de passer sa vie sur les réseaux plutôt que de s’occuper de gérer notre pays entant que citoyen actif puisque cela n’est pas possible… « Panem et circenses » disaient les Latins !

On en est au point aujourd’hui qu’après des siècles de culpabilisation à propos de l’envie et la gourmandise ces défauts sont devenues aujourd’hui des qualités, des preuves de bonne citoyenneté.. C’est l’envie qui fait consommer.. Sans envie, pas de pub, donc pas d’achat.. Consomme et tais-toi ! Vote et tais-toi ! Mais peu de choses changent, finalement…

La démocratie n’échappe pas aux circonstances. La loi, la constitution sont des textes qui fixent les règles, mais pas toutes.. Puisqu’il peut y avoir une interprétation des textes.. La pratique et les principes ne correspondent pas tout le temps. Orban est élu démocratiquement en Hongrie avec une grosse machine hyper démagogique, et applique une politique qui n’est pas toujours démocratique : démocratie défectueuse. Macron est élu démocratiquement, mène une réforme qui est attendue depuis longtemps, qui arrive trop tard sûrement (on reforme un système de retraite au moment où les départs annuels à la retraite vont diminuer…puisque les derniers boomers partiront à la retraite d’ici 10 ans) et qui n’est pas admise par une majorité.. Il se dresse droit dans ses bottes, au garde à vous dans la merde, conte vents et marées… Mais quand on maintient la peine de mort contre l’avis d’une majorité, personne ne manifeste ! Donc ce n’est pas la position de Macron, du dirigeant à la De Gaulle, (Moi je bosse pour vous,  même si vous n’y croyez pas, avec un petit goût du discours de l’avant-garde révolutionnaire à la Lénine) qui pose problème… C’est la médiation entre les discours, la manière d’intégrer les revendications, la manière d’inclure les citoyens dans la réflexion. Mais en France, là où tout le monde prend son voisin pour un con tant qu’il ne le connaît pas, inclure est une vue de l’esprit….

Tout étant une question d’échelle, l’inclusion proche est plus simple que l’inclusion éloignée, c-a-d en terme d’abstraction politique…

Aujourd’hui, une problématique pose davantage de questions : celle du climat. Là, l’État doit tenir et fort, contre vents et marées économiques… Mais là, en revanche, Macron n’est pas aussi ferme, aussi déterminé. On l’aurait admiré pourtant s’il arrivait à faire passer aux gros dirigeants économiques des mesures efficaces et drôlement nécessaires pour limiter les pollutions en tout genre que notre système économique produit (..pour que les citoyens ne se préoccupent que de leur narcissisme et pas de celui de leurs dirigeants…)… Au moment où les citoyens voudraient avoir davantage la parole, les techniques de gestion des groupes ou des revendications se multiplient.. (Reproduction de ce qui s’est passé au XVIe avec la diffusion de l’imprimerie : n’hésitez pas à feuilleter le bouquin de Felix Treguer sur Internet qui s’intitule « L’utopie déchue »…).. La température monte et la biodiversité diminue : la priorité est là, et pas forcément dans les comptes d’un État (ou bien plutôt des organismes privés de retraite qui vont encore en bénéficier)  qui a toujours de la ressource puisque c’est dans sa définition….

En bref, que l’on ait un dirigeant qui en impose, pourquoi pas.. Dans le principe ce n’est pas trop le problème d’avoir un chef « qui en a »… En revanche, il faudrait savoir sur quels dossiers on aimerait qu’il soit inflexible.. Je n’aurais jamais manifesté contre un président (de droite ou de gauche) qui aurait imposé des réformes en faveur de la biodiversité et de la lutte contre le réchauffement, quels que soient les bouleversements du quotidien que cela implique.. Mais je dois vivre dans un monde parallèle, non ?

Je retourne à mes selfies…

Aux armes ?

extrait d’un article du monde sur la mobilisation en Russie..

 » la mobilisation militaire, décrétée après des mois de dénégations, va contre le pacte social le plus élémentaire du poutinisme, fondé sur un contrat pragmatique entre gouvernants et population : les premiers sont libres de gérer le pays à leur guise, de falsifier les élections, de s’enrichir, si, en échange, ils laissent les citoyens tranquilles dans leur vie quotidienne et leur permettent, parfois, d’améliorer leur niveau de vie. La réticence de la population face à la campagne de vaccination contre le Covid-19 avait déjà montré ce refus des Russes de voir l’Etat empiéter sur leur sphère privée.
Pour le Kremlin, il s’agit donc de mobiliser… après avoir tout fait, pendant vingt ans, pour démobiliser la société, la convaincre de ne pas se mêler des affaires du pays. Une partie importante des nouveaux appelés rejoindront les tranchées d’Ukraine en traînant des pieds, gonflant les rangs d’une armée qui manque cruellement de matériel et d’officiers. »

Excellent de voir la contradiction entre le pacte social autoritaire d’un côté associé au discours sur la non-guerre en Ukraine et le passage ou le retour au réflexe nationaliste populiste et démocratique de la mobilisation populaire.. Le théâtre craque et la tragi-comédie de Poutine est clairement inspirée des mauvais scénarios du temps soviétique.. On ne déroge jamais à son éducation !!!
Et maintenant, sondez vous…

Vous seriez Ukrainien, que feriez vous ? Je pars au front ou je me casse à l’étranger ?
Vous seriez Russe, que feriez vous ? Je pars au front ou je me casse à l’étranger ? 
Pour ma part, je constate que notre presse loue autant la mobilisation des Ukrainiens que la démobilisation des Russes… C’est logique étant donné qui dirige la Russie et qui a attaqué l’Ukraine.. Mais du point de vue des principes, du genre obéissance militaire à l’autorité, ça se distord… Inversement , comment un pacifiste peut prendre partie dans ce cas ????

pour l’article complet voir  sur LE MONDE

… en exergue, une affiche du XXe siècle, pour mémoire !!!

et du fin fond des années 1980….Petit homme mort au combat…. Une réponse ?

« Il faut dire à tout esprit naissant qu’aucune cause ne vaudra jamais la mort d’un innocent. »

Confiance

La confiance est la vie de l’âme

Saint François de Salle.. XVIIe siècle

Quel plaisir de trouver au fond de ce siècle de monarchie absolue et d’une religion ankylosée dans la Contre-Réforme, les ferments d’une vie spirituelle… La confiance. qu’est-ce qu’on ne donne pas pour elle ?

Les parents sont les premiers à accorder la confiance. Et quand ils ne l’accordent pas, quel massacre ! Quand le parent outrepasse cette place de confiance, quand le parent devient agresseur de son enfant, la vie de l’enfant est détruite. La confiance ! Que je puisse faire confiance à quelqu’un.. Quel espoir parfois tellement vain !!! Faire confiance c’est savoir qu’on est libre de dire, de faire, de parler.. Confiance d’un(e) ami(e), d’un frère, d’une soeur, d’un ou une adulte.. Nos relations devraient toujours être basées sur la confiance : confiance du prof envers l’élève, qu’il fera de qu’on lui dit parce qu’on le lui dit pour qu’il grandisse.. Confiance de l’élève envers le prof car il sait qu’il peut se tromper sans être jugé. Confiance du parent envers le prof, pour que son enfant reste dans le droit chemin, progresse et accomplisse ce qu’il désire, confiance du prof envers le parent, pour que le parent soutienne l’effort du prof.. Confiance entre l’enfant et les parents, confiance réciproque, qui déborde largement la question scolaire…

Cette confiance, ces nombreux faisceaux de la confiance, ils sont notre vie.. Parce que sans cette confiance, l’élève est seul contre tous, comme le prof et comme le parent… Ce qui domine aujourd’hui dans notre société c’est plutôt la méfiance. On fait semblant de faire confiance mais en fait on surveille et dès que les clous sont débordés, on plante.. Joie d’une société individualiste dans laquelle on a encore à faire  avec la collectivité !!! La confiance n’est pas aveugle ou elle vire à la crédulité. Elle n’est pas la croyance qui est une confiance plus transcendante envers Celui ou Celle qui est au dessus de notre Humanité. La confiance se construit par petits bouts, par des efforts répétés. Elle se perd malheureusement très vite, et plus elle est perdue, plus elle est difficile à reconstruire et retrouver.

Du fin fond de son XVIIe siècle, St François de Salle nous dit « Otez lui la confiance et l’âme meurt ». Nous avons tous le même combat : que nos jeunes aient confiance… En eux-mêmes d’abord, entre eux ensuite, envers le monde des adultes enfin. Et là de nombreux défis les attendent.. Comment faire confiance en demain de nos jours ??? Et pourtant sans cette confiance, sans cette espérance qui en naît, comment nos jeunes construiront ils les solutions pour que demain existe ???

« Confiance du coeur source de richesse », proclame un chant d’Eglise. Oui la confiance est une richesse, qui ne se peut exister sans la vigilance. Le défi reste encore le même : confiance, vigilance, courage, volonté. Ces choses s’apprennent au jour le jour, échec après réussite, étape par étape.

Le chemin est tracé par celui qui marche….

Et le petit dessin du haut de la page est un original fait par un lycéen qui, manifestement, a tout compris….

Comment la France a raté son bac

“Il devient difficile de rater son bac”, ricane une commentatrice à l’annonce des résultats de l’examen. Le bac, ce rituel français. Cette année, 709 399 candidats l’ont passé. Il a été instauré par Napoléon. En 1981, le gouvernement socialiste de la France mitterrandienne en a fait une utopie : que 80 % d’une classe d’âge le décroche. Les socialistes défendront “le bac pour tous”, ainsi que tous les gouvernements conservateurs qui leur succéderont. Mais au fil des décennies, l’idéal d’émancipation devient un symbole du déni de réalité. La France se raccroche à son idéal d’égalité, tout en sachant pertinemment que l’égalité des chances ne fonctionne pas. La sélection est mal vue – et donc pratiquée avec ardeur.

Même les électeurs de gauche envoient leurs enfants dans des écoles privées (catholiques) que Mitterrand voulait fermer. Les parents magouillent pour faire inscrire leurs enfants dans les secteurs sans population immigrée. Choisir la bonne école est un art que seuls les initiés peuvent maîtriser. Cela fait longtemps que plus de 85 % de la classe d’âge des élèves de terminale obtiennent leur bac. Mais cette utopie a un prix : la baisse des exigences. Ce secret de polichinelle est désormais inscrit dans la politique de l’Éducation nationale. Seuls 535 candidats se sont présentés cette année avec l’option latin, 237 le grec. Les élèves sont dépassés par les programmes scolaires et le niveau des examens…..

à lire la suite de l’article de la Frankfurter Allgemeine Zeitung sur Comment la France a raté son bac (courrierinternational.com)….. qu’il est de bon ton de dire que le niveau baisse : ça justifie des dépenses, des inscriptions, des échecs… L’argument explicatif idéal !

Pourquoi s’embêter avec l’histoire ?

Le conflit actuel en Ukraine montre à quel point le déficit historique de nos dirigeants est profond, malgré un effort énorme fourni par les instituts de formation politique…
L’histoire est une matière phare des études politiques et pourtant on ne perçoit qu’inconséquence devant ce que nous voyons se dérouler…
Les précédents d’invasion sont légion et il n’est pas question de se livrer à d’innombrables comparaisons… Mais rapprocher les expériences passées peut stimuler la réflexion (laissons la peur aux médias et aux politiques)…
1939 invasion de la Pologne par l’armée allemande
1956 invasion de la Hongrie par les troupes soviétiques
1990 invasion du Koweït par les troupes irakiennes
Situations différentes , solutions différentes….on craint la première, on espère la troisième mais on assiste à la deuxième…
Allons plus loin dans le XIXe siècle…
La révolution française ouvre l’ère des nations… Et on se rengorge de fierté de voir les peuples s’engager dans des guerres qui sont en fait de guerres fratricides…. Russes et Ukrainiens c’est la guerre entre la France et l’Italie, entre l’Espagne et le Portugal, entre la France et l’Allemagne…. Tous ces peuples se sont construits ensemble. Et ils ont plus d’histoire en commun que d’histoire en opposition ou en conflit…. J’insiste : on a tous passé plus de temps à ne pas s’occuper les uns des autres, à vivre chacun de son côté que de temps à se mépriser au nom de la grandeur de Ma nation et la petitesse de la Tienne….D’ailleurs avant le XIXe siècle rares étaient les conflits de peuples, ils n’existaient pas ou si peu…. Mais à partir de la révolution française, gloire au peuple et vivent les génocides…. Il s’agit de défendre ou d’exterminer les peuples… Quand mettra t on a mort ce nationalisme qui nous tue ? Quand comprendra t on que la nation n’est qu’un vernis qui est entretenu artificiellement..? Doit on alors prendre le sacrifice des poilus de 14 ou des résistants de 39 pour une arnaque ? Bien sûr que non ! La seule utilité du nationalisme est la défense de la liberté c’est ce qui se passe en Ukraine… Mais le nationalisme russe est également le prétexte pour envahir l’Ukraine et pour souder les soudards derrière Poutine.. les Russes humains et opposants à Poutine ne sont pas audibles…
Grâce au nationalisme nous avons ressuscité Néandertal… Nous pouvons enfin nous battre pour quelque chose, et ne pas faire l’effort intellectuel de comprendre l’histoire des peuples , l’histoire de l’humain, l’histoire des humains…tout cela est beaucoup trop intelligent pour les gens de la rue et plus encore pour les gens du pouvoir… L’humanité ne suffit pas aux humains, ils cherchent encore comment fuir les vraies questions qu’ils doivent résoudre…
Alors dites nous, les politiques..? Pourquoi êtes vous si  inconséquents, si peu cultivés… Ce vernis culturel ne vous sert qu’aux bons mots de vos soirées entre-soi ?… Vous nous emmenez tout droit vers la guerre civile… Aujourd’hui et demain. On ne prévoit rien, on n’anticipe rien.. tout le monde le sait, vous les premiers. La parenthèse occidentale va se fermer, on le sait, vous le savez, tout le monde le sait.. Les seuls qui en parlent agitent le marigot avec le « grand remplacement »… Personne ne va essayer de vraiment investir les Nations Unies.. C’est la seule solution ! Les NU se sont abstenues sur l’intervention en Ukraine.. criez à l’inhumanité, allez-y… Et après, comptez combien de conflits se passant dans des pays de la majorité des NU ont vu une véritable intervention… La guerre d’Ukraine est une affaire comme une autre pour la majorité de la population du monde.. Midi à ma porte !
L’attitude de nos dirigeants correspond bien à ce qu’il se passe dans l’enseignement : l’histoire ne pèse plus… Ce n’est même pas un complot pour mettre les gens à l’abri du savoir, même pas !… C’est la négligence à la mode parce que les profits rapides sont toujours plus attractifs. Ils sont aussi les plus dangereux. Le vernis de culture historique permet des discussions mais pas de décision.
Ceux qui croient que le XXe siècle a permis à l’humain d’avancer peuvent aller se recoucher.
Néandertal est de retour.
Il n’y a pas de leçons de l’histoire….
A moins que…
europa 2

écho de campagne

D’où provient cet ennui envahissant devant la campagne présidentielle ? Quelques strophes de Bernard Lavilliers, issues des Troisièmes couteaux, délibérément appliquées à la vie politique de nos bords de Seine plutôt qu’au Lugano honni par l’auteur-interprète, résument la morosité endémique française. « Ils ne font rien, ils se situent » est, au-delà du sens initial donné par Lavilliers, la forme d’obscénité invasive de notre tissu républicain et démocratique.
Si l’on voulait invoquer un triptyque propre à la construction d’une pensée et d’un projet politique, ce serait « comprendre, vouloir, agir ». Les étapes d’un processus mêlant intelligence, affirmation d’un dessein collectif et sursaut de la décision sont résumées dans ces trois verbes à la parfaite articulation. Si la lassitude et le relâchement de notre intérêt intellectuel pour cette campagne sont si généraux, n’est-ce pas parce que les questions posées en boucle aux politiques les acculent à « se situer » dans l’arène politique en fonction d’enjeux chauffés à blanc par quelques dizaines de milliers de convulsionnaires ? Un acteur de la vie politique doit désormais se situer par rapport aux trending topics (TT) matinaux de Twitter. Son opinion est requise, son analyse et ses solutions passent au second plan. Il y a 15 ans déjà, un fait divers suscitait une loi. Désormais, une altercation de rue, un propos déplacé d’un député suscitent des injonctions à se situer. On ne demande pas à un responsable ou à un candidat son opinion ou ce qu’il croit. On lui demande ce qu’il veut pour son pays, ce qu’il peut accomplir dans cette perspective, pas de se situer au cœur du pullulement des polémiques invasives, ni d’avoir une opinion tranchée sur des faits non politiques.

extrait d’un édito du magazine La Vie, Gaël Brustier, le 22/02/2022

Club débat

AVRIL  La guerre russo-ukrainienne a-t-elle tué la diplomatie ? 
on peut commencer par regarder les émissions consacrées à la Russie sur arte… L’émission intitulée « le retour de l’ours » (à voir avant mai 22 sur arte.tv) permet de mettre en perspective sur une quinzaine d’année la politique extérieure russe et les reproches adressés à l’occident. Vous trouverez dans un des articles plus bas (en lien ici) des vidéos concernant l’invasion russe de l’Ukraine.
trouvés à l’Alcazar sur la Russie (le rayon est assez bien fourni !!!) :
A. KALIKA L’empire aliéné. Le système du pouvoir russe, CNRS éditions, 2008
M. ROCHE (dir.) Capitalisme, néolibéralisme et mouvements sociaux en Russie, Syllepse, 2016
M. LARUELLE (dir) Le rouge et le noir, extrême droite et nationalisme en Russie, CNRS éditions, 2007

MARS  Les relations sino américaines…

Ce vendredi 11 mars était enregistrée à 12h30 au CDI une émission de Radio Murmure qui a pour thème « Les relations sino-américaines sont-elles annonciatrices d’un nouvel ordre mondial ? »

Pour étudier la question, quelques références…

P.-A. DONNET, Le leadership mondial en question . L’affrontement entre la Chine et les Etats Unis, l’aube.  Consultable sur Bibliovox en passant par le site de l’Alcazar.. Quand on a une bibliothèque, on s’en sert !!!

K. MAHBUBANI, Le jour où la Chine va gagner. La fin de la suprématie américaine, Saint Simon, 2021 [ALC]

Dessous des cartes, Etats-Unis/ Chine, l’autre guerre froide ?, 2022, arte, [ALC]

des articles de presse :

– le dossier Courrier International de sept-oct 2021 l’escalade

– dans le journal le monde :

  • Le monde semble revenu à la guerre froide : la Chine a remplacé l’Union soviétique face aux ETats-Unis – S. Kauffmann – 16 décembre 2020
  • une guerre froide 2.0 entre les Etats-Unis et la Chine… G-P Goldstein – 3 novembre 2021
  • la nouvelle guerre froide entre Chine et Etats-Unis, un paradigme douteux – P Smolar, 6 juin 2020
  • le retour de la guerre froide ? M. Semo, 13 octobre 2021
  • ni le maoisme, ni la guerre froide ne sont de retour, F. Lemaitre, 18 novembre 2021

– un article

  • un point de vue d’un membre du club débat (Jane Andréa)

FEVRIER la désobéissance civile

un point de vue : deuxième débat

JANVIER la dissuasion nucléaire

un point de vue premier débat

abstention

L’abstention avance… Qui en est responsable ?
On va passer sur le réflexe culpabilisant de nos sociétés sorties de la culpabilité catho pour entrer dans la culpabilité médiatique… De fait , les forts taux d’abstention font peur.. Peur parce qu’ils signifient d’une part la désaffection des citoyens (vous m’excuserez de ne pas employer le mot « peuple » dont j’ai du mal à trouver une définition qui dise quelque chose de nos sociétés individualistes…)… Peur parce qu’ils signifient que ne vont voter que ceux qui ont des idées bien arrêtées et pas forcément au centre : porte ouverte aux extrêmes…
Vos synthèses, chers élèves, sont très intéressantes, car on y voit tout à la fois, la reproduction d’idées courantes sur le marché et des réflexions d’une grande candeur, d’un grand espoir. Les désabusés existent parmi vous, mais de mon côté je préfère voir des jeunes espérant que des jeunes désespérant… Si les jeunes n’espèrent pas, qui le fera ? Si  les jeunes n’ont pas d’utopie pour construire un autre demain, qui le fera ?
L’ambiance est à la « gestion », vos grands parents disaient « faire tourner la boutique », d’un côté et au « talent » de l’autre… Pragmatique contre grandes idées… Rien de très neuf… La désaffection des jeunes ? Est-elle vraiment actuelle ? Le manque de représentativité de nos élus ? Là encore, est-ce une nouveauté, Lénine le critiquait déjà il y a plus d’un siècle ! Le manque d’information des Français ? Qu’est-ce qu’on vous apprend à l’école, vos profs sont ils encore audibles ? Les techniques de la démocratie ? Un des articles donnés soulignait que la question technique n’est pas centrale… C’est aussi pour cela que je n’écoute pas ceux qui veulent créer une VIe République… La Ve République de de Gaulle est morte plusieurs fois depuis 1958, on en reparlera… Les élus peuvent faire les réformes nécessaires sans que l »on se laisse berner par une refonte complète des institutions qui entrainerait des débats sans fin dont on peut se passer !
De fait le problème fondamental est la perception par les individus de ce qu’est la démocratie… Et là nous avons de larges fractures, fissures, blessures béantes entre nous, entre citoyens… La question posée, naturellement provocante soulignait par l’artifice de la culpabilité (les Français ne méritent pas...) la question de l’implication de chacun dans le fonctionnement concret de la démocratie, qu’elle soit politique, économique ou sociale… Nos réflexes de consommation, notre confort, la mode du tout-jugé-en-un-clic, la volonté de ne pas se prendre la tête, tout cela, et d’autre, ne nous empêche-t-il pas de vraiment participer à la vie de a cité ?.. Il est sans doute plus simple ou plus accessible de le faire dans un village ou une petite ville que dans une grande cité où ne font que passer des gens d’un écran à un autre… Certains, mais assez peu, d’entre vous soulignent le rôle du confinement. Au départ on pensait que ça nous rapprocherait ; de fait ça nous pousse globalement à rester dans notre caverne, dépendant de médias qui sont là pour nous informer mais aussi, il ne faut pas l’oublier, pour nous vendre cette information… Le paradoxe libéral prend tout son sens : libéral, libre d’informer.. Libéral, libre de faire son fric en allant dans un sens ou un autre.
L’Histoire ne sert à rien… On ne sauvera jamais personne avec, c’est une évidence ! Mais elle peut montrer des tendances dures et profondes de nos humanités… Autrefois l’Église effrayait les croyants avec le Salut.. Et cela a vraiment passionné les foules. Aujourd’hui la peur reste le plus puissant motif de mobilisation… Cette peur est toujours là, depuis Néanderthal, dans toutes les sociétés, développées ou non… La peur est un instrument de domination des foules et des individus.. Et tous l’emploient, à tous les niveaux. N’étant ni complotiste, ni platiste, ni responsable, ni coupable, je vois cette peur utilisée.. Manipulée ? Oui à l’occasion. Mais tout ne se réduit jamais à un scénario hollywoodien. La grande manipulation, il faut s’en méfier. Tous les Russes ne sont pas derrière Poutine.
Tout ça pour dire quoi ?
L’abstention c’est à mon avis d’abord culturel. Quand on a un pouvoir, on s’en lasse, on veut en avoir plus ou on s’aperçoit que c’est un leurre. Quoi qu’il en soit, le pouvoir du vote, nous l’avons et nombreux sont ceux qui ne l’utilisent pas, et plus encore aux USA qu’en France !!! Aujourd’hui, le collectif n’est plus à la mode… Je pense intimement que le collectif a une échelle et que la Nation dépasse largement cette échelle. Le collectif n’étant plus à la mode, il faut donc se satisfaire de l’échelle individuelle. C’est à l’individu de s’investir dans la vie civique.. Les moyens ne manquent pas, c’est juste la « croyance » dans cette vie civique qui manque.. Comme tout système où l’on compte sur le « peuple », il faut rappeler au dit « peuple » qu’il doit s’investir, gratos, sans intérêt autre que politique (= pour le bien de la cité, pour le bien de tous).. D’où la nécessité de la propagande, info, pub etc… Sans cette propagande, rappelant régulièrement à tous que le système démocratique n’est rien sans chacun, on n’a pas de participation. Mais la propagande ça fait soviétique, bah caca ! Donc on en est réduit aux plates évidences énoncées l’air triste par nos journalistes ou des injonctions la truffe humide de peur des mêmes caciques de la communication.
L’abstention c’est toi et moi.
La participation c’est pareil.
On nous bassine l’esprit depuis 40 ans (je le sais j’étais déjà réveillé) que l’humain n’agit que par intérêt.. Vous avez bien intégré la leçon puisque vous me demandez régulièrement en cours « mais quel intérêt avait-il à faire ça ? »… Intéressant quand vous comparez les réponses possibles quand il s’agit de Macron ou de l’abbé Pierre…
Individualistes nous sommes.
Alors , désolé, mais je ne comprends plus…
Nous avons plongé avec délectation dans ce confort technico-médiatique individualiste, et on découvre aujourd’hui les conséquences désastreuses au niveau politique (mais aussi social et économique).. Est-on vraiment aussi inconséquent ???
La réponse est oui.
Du coup où ça nous mène ? A la Révolution ? A la guerre ? A l’apathie ?
Cela nous mène tout droit à l’éducation de la volonté ; je traduis : notre propre éducation de notre propre volonté. Les connaissances historiques nous montrent que au delà de la question du « peuple », ceux qui luttent, ceux qui s’engagent sont toujours une minorité. Tout l’enjeu de nos démocraties c’est que la part de ceux qui s’engagent devienne plus importante, sans illusion et sans condamnation sur ce que fait la majorité..
Alors engagez vous, engageons nous, dans ce que vous voulez : la politique, l’économie, le social, l’associatif, l’humanitaire… Les portes sont ouvertes. Ne laissez pas ce monde se défaire par le confort et le repli sur soi. On a tous un rôle à jouer. Mais il ne faut pas avoir l’illusion qu’on pourra changer le monde…
Changer, c’est toujours demain.
Agir, c’est tout de suite…