quête de sens

Peut-on aller vite en besogne….

Léon Gambetta disait en 1872  » Rien a tenter, rien a espérer, rien a fonder, rien a tirer de la démocratie et du suffrage universel sans une éducation distribuée a pleine main » Le Havre, 18 avril 1872….

Pourquoi l’école ?

Pour éduquer tout le monde ? Non !
Pour donner sa chance à tout le monde ? Bof !
Pour inculquer la même chose  à tout le monde ? On se rapproche …. (mais le « quelque chose » qui est « inculqué »c-a-d enfoncé à coup de talon, ce n’est pas l’intelligence mais plutôt la soumission à la majorité et la culture de la débrouille…)

Diffuser les savoirs , pour un Etat c’est avoir des citoyens mieux formés… Source d’emmerdements, on le sait bien en France.  Source de richesse pour le pays, on a l’air de l’ignorer au pays de Descartes ! Ce beau pays qui, manifestement est toujours un pays d’aristos : je dois toujours être moi au dessus.. Ceux qui accepte d’être parmi d’autres ne sont que des manants du Tiers Etat… Donc l’enseignement c’est pareil : je dois réussir au delà, au dessus des autres… Et la culture est dirigée par ces gens-là qui s’estiment bien au dessus du vulgum pecus… On a le Bac avec mention, de toute façon, ça ne vaut plus rien… Il FAUT intégrer une prépa sinon on retombe à la Fac lieu de perdition car c’est là qu’on forme les profs…. Il FAUT intégrer une parisienne, histoire d’être loin des bouseux…. Avec cette mentalité des élites, pas étonnant que la cause éducative n’avance pas ! On a un système éducatif bidon, qui n’a plus d’armes, ni de considération. Pour redresser la pente, je ne connais pas les solutions, mais en tout cas, elles ne seront pas simples ni à trouver, ni à appliquer !
Oui on parle beaucoup d’enseignement dans notre pays, tout le monde y est passé.. Mais il s’agit toujours de critiquer les profs, les élèves, les parents, les ministres.. Jamais de changer la donne, jamais de mettre plus d’enseignants devant moins d’élèves.. La logique appliquée est même à l’inverse : toujours moins d’enseignants devant plus d’élèves…. et utilise les machines, ça te permet de gérer.. Donc de ne pas faire ton boulot, mais ça on s’en fout !
Toujours plus d’élèves en réussite, c’est tout ! Je traduis.. « réussir » ça veut dire avoir de bonnes notes, c’est tout ! En fait , je peux mettre 20 à tout le monde et on dira que mes élèves réussissent… Yes !

La méthode scolaire, soyons clair, c’est l’anti-intelligence, mais ce n’est pas d’hier.. Mais aujourd’hui on arrive  à faire des machines qui simulent l’intelligence comme des générations de jeunes l’ont fait et le font encore… « Comprendre » c’est « se saisir ».. Donc celui qui apprend par coeur ne se saisit pas, mais quand il va réciter, il feindra l’intelligence… Comme GPT !

L’arrivée du débat sur chat GPT va nous permettre de casser tout ça… Si le marché nous donne de l’intelligence à vendre, que va-t-on faire à l’école ?.. Que les pédago-démagos se rengorgent, nous, les profs, nous ne sommes désormais que des assistants de garderie, sans le côté sympa d’avoir de tout petits êtres innocents et balbutiants comme les vrais assistants de garderie !!!!

Voilà des siècles que nous apprenons à nos élèves à feindre l’intelligence en appliquant des méthodes.. L’éducation par objectifs, avec ses fiches méthodes, ses savoirs et savoir-faire, et savoir-être.. Balancez tout ça ! Les machines sont là ! Hourra ! Maintenant ce sont les machines qui vont apprendre cela, comme on passe le code de la route.. Bip ! Essaye encore !

Le seul enseignement qui soit un tantinet efficace, tous les profs vous le diront, c’est un échange entre deux êtres humains.. Le reste vous pouvez mettre à la benne.. La classe, l’école, les groupes, le collectif, tout ça vous pouvez balancer. La classe et le groupe ont des dynamiques et des fonctionnements qui parasitent la réflexion. Ensuite la discussion est bien entendu formatrice, mais le prof n’est pas nécessaire.. Sans doute pour faire 25 exercices de math ou de physique peut on se permettre d’être à plusieurs, mais se saisir d’une réflexion en philo ou en histoire, s’exercer à parler une langue, ça ne se fait pas en groupe…

Les méthodes sont là pour faire le lien entre l’intelligence visée et la pratique de groupe. Applique la méthode ça marche tout seul.. Bof ! Que fait on avec la méthode, on reproduit… Donc on simule sans stimuler ! On ne réfléchit pas, on fait semblant puisqu’au lieu de chercher et de suivre l’intelligence, on suit un protocole… Quand un chirurgien opère, il vaut mieux qu’il suive le protocole. Quand un philosophe travaille, quand un historien cherche, le respect des protocoles n’amène pas à l’innovation mais à la reproduction de ce qui a été déjà dit, finesse ou sottise, selon grosseur…

L’école est un grand centre de tri… Celui qui a de la jugeotte, quelle que soit son intelligence et son milieu social, s’en sortira.. Mais quand on est Teubé, on est Teubé… enfant de ministre ou enfant de chômeur… (la suite vous la connaissez; l’enfant de ministre a du fric et s’en sort, là où l’enfant de chômeur n’a que la rue…)

Inversement la massification de l’enseignement donne à tous des possibilités…  Mais seulement des possibilités, c’est-à-dire des perches tendues….  Certains ont réussi à les prendre et grandir avec, quelles que soient leurs origines, issus de l’aristocratie ou de l’immigration… Mais on est bien d’accord que du côté des élèves, il y a tous les cas, du grand Duduche bobo et idiot au fils de primo-arrivant dont l’intelligence perce les yeux embués de pleurs.. Mais côté adulte, même combat : l’ancien premier de classe avec son agrégation, bien installé, qui ne comprend rien à l’adolescence parce qu’il n’en a pas eu, et fait régner la dictature humiliante dans son Lebensraum, la prof trop cool, branchée actualité, qui sait parler à tout le monde etc…. Aujourd’hui se rajoute ce super système qui rend obligatoire d’un côté l’embauche rapide de personnel d’éducation qui font des fautes d’orthographe, et d’un autre, le harcèlement de jeunes diplômés qui doivent déjà apprendre leur métier sur le tas mais malgré tout  rendre des compte à ceux qui ne les ont pas formés !!!

Oui, notre modèle s’épuise. N’étant pas révolutionnaire , je ne vous proposerais pas une remise en cause totalitaire du système, trop vieux pour ça. En revanche, revenir au fondement de notre activité de prof : multiplier l’individuel ou le tout petit groupe. L’échange est le seul moment humain de notre métier et si on l’oublie on laisse les machines faire.. Parce que vous savez qu’à force de faire des grilles, on ne fait que préparer le règne de la modélisation, donc de la mécanisation. Et l’échange que tu vas avoir avec ton élève n’est pas l’échange qu’il aura avec chat GPT…

Mon métier il est dans ce texte là de Montaigne et personne ne me l’a donné lors de ma formation…

Michel de Montaigne, 1533 – 1592, extrait « De l’institution des enfants » ( Essais liv I ch 26 )
Je voudrais aussi qu’on fut soigneux de lui choisir (à l’enfant) un conducteur (=prof)qui
eût plutôt la tête bien faite que bien pleine, et qu’on y requît tous les deux, mais plus les mœurs
et l’entendement que la science, et qu’il se conduisit en sa charge d’une nouvelle manière .
On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui verserait dans un entonnoir, et notre
charge, ce n’est que redire ce qu’on nous a dit .
Je voudrais qu’il corrigeât cette partie, et que, (…) selon la portée de l’âme qu’il a en main,
il commençât à [lui faire] goûter les choses, les choisir et discerner d’elle même : quelquefois
lui ouvrant chemin, quelquefois le lui laissant ouvrir . Je ne veux pas qu’il invente et parle seul,
je veux qu’il écoute son disciple parler à son tour (…)
Il est bon qu’il le fasse trotter devant lui pour juger de son train et juger jusqu’à quel point
il se doit ravaler pour s’accommoder à sa force . A faute de cette proposition nous gâtons tout :
et de la savoir choisir, et s’y conduire bien mesurément, c’est l’une des plus ardues besognes
que je sache ; et est l’effet d’une haute âme et bien forte, savoir condescendre à ses allures
puériles et les guider . Je marche plus sûr et plus ferme à mont qu’à val. (…)
Qu’il ne lui demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens de la
substance, et qu’il juge du profit qu’il aura fait, non par le témoignage de sa mémoire, mais de
sa vie. Que ce qu’il viendra d’apprendre, il le lui fasse mettre en cent visages et accommoder à
autant de divers sujets, pour voir, s’il l’a encore bien pris et bien fait sien, prenant l’instruction
de son progrès des « Pédagogismes » de Platon . C’est témoignage de crudité et indigestion
que de regorger la viande comme on l’a avalée . L’estomac n’a pas fait son opération, s’il n’a fait
changer la façon et la forme à ce qu’on lui avait donné à cuire.
Savoir par cœur n’est pas savoir.

Arbeit

Le deal était simple…

Tu lis l’article de Libé du 22 septembre 2022 intitulé  » Les gens veulent un travail où ils se sentent utiles »…

Ensuite tu discutes avec tes potes pour comprendre En quoi le travail est essentiel au lien social….

Enfin, une petite synthèse écrite et rendue…

L’article, il était sympa parce qu’il évoquait les souci qu’on peut avoir au travail .. en particulier sur le sens qu’on trouve dans le travail… L’article disait de manière quasi claire que le travail perd son sens par un certain nombre de méthodes appliquées dans tous les domaines et que l’article résume sous les termes « management par le chiffre » et le « reporting ».. Deux habitudes que les patrons et ceux qui font la mode dans les méthodes de travail inculquent (=enfoncent à coup de talon) à tous dans nos sociétés… Le travail qui a du sens est un travail qui laisse un minimum d’autonomie, qui laisse un minimum de place aux liens sociaux, justement… Or ce travail, que l’article qualifie de « travail vivant » est justement celui que les patrons veulent le plus maîtriser car il est le plus imprévisible… La boucle était donc assez simple finalement : le travail est essentiel au lien social car le travail est un lien d’échanges et de rencontres.. Ok ! pas la peine de lire l’article pour répéter ce que dit votre petite soeur ou petit frère qui est brillant(e) en 6eme ! Mais on s’aperçoit que l’article dit l’inverse : le lien social est essentiel au travail, surtout au travail qui a du sens.. Et c’est le sens du travail qui crée un équilibre… Un travail sans intérêt peut convenir s’il est beaucoup rémunéré ou s’il ne prend pas tout le temps… Le travail « bullshitt », on en a tous fait… Tant qu’il est limité, tout va bien. Quand on ne fait plus que ça, c’est là qu’on craque… Ceux qui résistent ce sont les métiers où il y a du sens.. Franchement ! Vous croyez vraiment que les profs sont profs pour gagner du fric..? réfléchissez 10 secondes : ils sont payés moitié moins que leur anciens potes de classes ou de fac à diplôme égal… S’ils sont encore là, c’est qu’il y a autre chose dans ce métier… Du lien social et de l’humain qui font oublier les connards de tous âges qui encombrent nos bahuts publics comme privés, qui évacuent le sens ce métier qui en déborde..

Bref !

Le lien social, vous l’avez peut-être vu en éco, c’est un peu la spécialité de l’humain… (Oui j’entends les puristes à la mode, les animaux aussi ont des liens sociaux.. Mon objet d’étude s’arrête aux humains, désolé !) En revanche partir de ce genre de phrase de toute évidence, comme une vérité posée là .. Ce n’est pas la méthode. On a un argument, on le pose.. Mais pas un dogme.. Ou alors on n’est plus dans de la réflexion de science humaine, mais en théologie ! Or donc, les études et arguments avancés dans l’article sont intéressants pour nous mener vers le sens du travail. Celui-ci est en lien, un peu, avec le lien social.. C’est tout ce que je voulais..

Certains l’ont vu et l’ont dit. D’autres l’ont vu et l’ont mal dit. D’autres enfin en sont restés à la rencontre des collègues… Allez ! Boulègue !

FAUDRA M’EXPLIQUER

Ouais.. I’m too old for this shit… c’est sur !
Tu m’expliqueras, parce que vu d’ici je comprends pas…

L’Histoire Géo c’est très chiant, c’est sur…Et j’en sais quelque chose.. Du coup on a inventé la géopolitique scolaire dans laquelle on sert un bouillon acceptable partout et par tous… Un peu d’histoire mais pas trop, un peu de géo, avec beaucoup de schémas, des discours au vocabulaire soutenu avec ça de préciosité, et toujours cette superbe aristocratique qui se sert de la culture pour épater la galerie.. on ne change pas les Français !.. Pourtant, c’est pour ça que les sciences expérimentales et les maths emportent le marché depuis si longtemps… Les lettreux pédants et cultivés ont repoussé les gens intelligents chez les scientifiques… Mais aujourd’hui, dans notre belle société individualiste, l’aristocratie culturelle s’est refait une façade et apparaît sous le jour nouveau de la culture géopolitique qui permet de parler sans transition de Marcel Mauss, de la translation des reliques de Marie Madeleine, des soldats russes en Ukraine, des Mapuchés et de la riziculture du delta du Mekong…

Alors pourquoi les jeunes et les vieux sont-ils si cons ????

La réforme des prépas ECG permet enfin de choisir HGGMC dans ces conditions là (merci le JO…)

PRG ECG

alors pourquoi si peu d’élèves choisissent HGGSP en lycée alors qu’on reprend le même type d’enseignement en sup ???

pourquoi s’acharner à faire de l’économie théorique (ESH et donc SES en lycée) alors que votre culture historique et géographique est reprise en HGGMC…?

Les instances dirigeantes de nos matières ont tout joué d’avance. Les profs de SES ont un lobby énorme et très efficace, ils sont les maîtres du temps présent : ils ont réussi a maîtriser la réforme et comptent sur l’inanité, l’incapacité crasse de nos staliniens de profs d’histoire géo, inadaptés et inadaptables… Et ils ont raison…Laminés par la réforme qui fait passer une des matières fondatrices de l’école de la République (HG) en sujet à discussion pour la note sur parcoursup, nos pochards historiques laissent passer l’occasion, comme un vieux laisse filer le temps par manque de réflexes… Non d’un chien ! Au moment où l’HG est un enjeu de société, de mémoire, de construction individuelle, elle est liquéfiée et confiée à n’importe qui… Un prof d’ESH n’est pas formé pour faire de l’histoire ! Un prof d’éco ça modélise, c’est fait pour ça et c’est pour ça qu’ils font des maths ! un prof d’histoire ou de géo ce n’est pas un modélisateur, en tout cas pas comme ça… Faire de l’histoire ça prend du temps… Alors….

Prenez le temps de vérifier dans les annales des concours de commerce… Les sujets HGGMC ont déjà été traités en lycée… Et oui.. Pour une fois, l’enseignement en lycée sert à quelque chose !

Prenez le temps de discuter avec des gens du métier.. Ils vous diront que les passes d’armes de théorie économique sont dépassées..  Les profs d’éco ne sont pas d’accord, entre ceux qui voudraient faire plus de gestion et ceux qui veulent maintenir la théorie… Lequel aura le culot de vous dire que pour faire du commerce international vous avez plus besoin des dernières avancées de la science économique que de la connaissance de la culture de votre interlocuteur….?

Prenez le temps de discuter avec votre prof d’éco, j’en connais de passionnants, ouverts et cultivés… Et je n’ai rien contre eux. En revanche j’ai tout contre cette inertie grégaire qui fait qu’une matière intéressante et nécessaire dans certains domaines soit aussi négligée….

Prenez le temps, enfin, de lire le premier numéro du monde de l’année 2023… Page 30 vous pourrez lire quelques évidences sur l’économie « science lugubre » comme le confirme l’article de J Stiglitz qui fustige ces économistes  qui appliquent des recettes déconnectées des réalités humaines… Les traitements de choc affaiblissent les politiques ce qui fait flamber les sociétés…. Mais rassurez vous, tous ces décideurs ont appris leurs cours d’éco sur le bout des doigts… Pessimiste, Stiglitz ? « Fini le temps de l’optimisme qui prévalait a la fin de la guerre froide lorsque Francis Kukuyama pouvait annoncer la fin de l’histoire, sous entendant la disparition de tut adversaire sérieux du modèle libéral democratique. » Sans doute, mais qui a vécu les années 80 et le grand espoir de la fin du communisme ne peut être que déçu des 30 années de mondialisation libérale qui s’achèvent…. Il est extraordinaire de voir ces économistes du temple américain du libéralisme critiquer l’attitude des Etats… Vous lirez sur la même page l’article de A Deaton :  » Les économistes prétendent souvent à une expertise politique pour laquelle ils n’ont aucune qualification »…. » Non seulement la plupart des économistes n’ont pas prédit la crise, mais, selon certains, ils l’auraient même facilitée »… Les politiques ne sont pas mieux lotis puisqu’ils « utilisent leur analyse (celle des économistes) comme un ivrogne utilise un lampadaire : pour se soutenir, pas pour s’éclairer « … Deaton dit bien que le problème ce n’est pas la qualité médiocre des economistes… Non que point nenni ! C’est surtout la mauvaise utilisation des bons travaux…. Et de citer Keynes pour annoncer sa conclusion : « le problème politique de l’humanité consiste à combiner trois choses : efficacité économique, justice sociale et liberté individuelle » ce qui fait dire à Deaton :  » nous avons laissé de côte les deux derniers facteurs »….

Bises, et à l’an que ven !

PS1 : réaction d’un excellent collègue :

Il y a beaucoup de choses à dire et écrire sur le renoncement des profs d’HG face aux profs de SES.

Les concours BCE et Ecricome sont clairs à ce sujet : HGG, c’est strictement le programme de spé HGGSP 1ere/term, alors que ESH c’est strictement de l’éco. L’embrouille réside dans le fait qu’ils ont intitulé le truc « ESH » avec « histoire du monde contemporain ».

Même en éco, les élèves ont besoin d’histoire (sérieuse et faite par un prof d’histoire) pour comprendre les évolutions.

Dans le programme de la spé SES au lycée, en dehors de 2 ou 3 questions qui portent sur l’histoire éco et la socio, l’essentiel reste de l’éco et du droit. Donc si les élèves veulent capter quelquechose pour leurs prépas commerce, ils ont tout intérêt à conserver HGGSP avec SES et faire Maths Co en option (le retour des maths obligatoires l’an prochain devrait nous aider, car ce sera en tronc commun et les élèves auront moins tendance à garder la spé Maths du coup).

Cependant, les programmes de Spé SES au lycée révèlent que les profs d’HG se sont fait flouer en long, en large et en travers : la plupart des questions de socio correspondent à ce que l’on fait en EMC, et en Histoire aussi bien sûr. Il aurait fallu ne pas laisser les profs de SES se charger de ces questions-là, mais l’APHG n’a pas été au rendez-vous sur ce point visiblement… Trop tard.

Pourtant quand tu regardes le programme de Licence éco (les 3 années), il y a très très très peu de choses en histoire et en socio, même dans le parcours le moins « éco » et le plus « socio ». Donc il faut rappeler aux élèves que les profs de SES n’ont pas forcément toutes les compétences nécessaires pour les sujets socio-historiques…

Quand, il y a quelques années, on faisait en Première le chapitre « Croissance éco depuis 1850 », et aujourd’hui en Term avec le chapitre « crise de 29 », je ne me suis jamais privé de dire aux élèves que sur telle question ayant trait aux lois du marché ils devaient questionner leur prof de SES. Je n’ai jamais eu le retour de SES vers Histoire…

PS2 : quand un économiste fait de l’histoire ça peut être excellent, la preuve par Piketty

Camus, encore et toujours

quand ça vaut le coup, il ne faut pas se priver… Vous avez jusqu’au 31 décembre pour aller voir ça…. Albert Camus et la pensée de midi…

à méditer :

« La mesure n’est pas le contraire de la révolte. C’est la révolte qui est la mesure et qui l’ordonne, la défend et la recrée à travers l’histoire et ses désordres. L’origine même de cette valeur nous garantit qu’elle ne peut être que déchirée. La mesure, née de la révolte, ne peut se vivre que par la révolte. Elle est un conflit constant, perpétuellement suscité et maîtrisé par l’intelligence. Elle ne triomphe ni de l’impossible ni de l’abîme.
Elle s’équilibre à eux. Quoique nous fassions, la démesure gardera toujours sa place dans le cœur de l’homme, à l’endroit de la solitude. Nous portons tous en nous nos bagnes, nos crimes et nos ravages. Mais notre tâche n’est pas de les déchaîner à travers le monde, elle est de les combattre en nous-mêmes et dans les autres. »

L’homme révolté » (1951)

Aux armes ?

extrait d’un article du monde sur la mobilisation en Russie..

 » la mobilisation militaire, décrétée après des mois de dénégations, va contre le pacte social le plus élémentaire du poutinisme, fondé sur un contrat pragmatique entre gouvernants et population : les premiers sont libres de gérer le pays à leur guise, de falsifier les élections, de s’enrichir, si, en échange, ils laissent les citoyens tranquilles dans leur vie quotidienne et leur permettent, parfois, d’améliorer leur niveau de vie. La réticence de la population face à la campagne de vaccination contre le Covid-19 avait déjà montré ce refus des Russes de voir l’Etat empiéter sur leur sphère privée.
Pour le Kremlin, il s’agit donc de mobiliser… après avoir tout fait, pendant vingt ans, pour démobiliser la société, la convaincre de ne pas se mêler des affaires du pays. Une partie importante des nouveaux appelés rejoindront les tranchées d’Ukraine en traînant des pieds, gonflant les rangs d’une armée qui manque cruellement de matériel et d’officiers. »

Excellent de voir la contradiction entre le pacte social autoritaire d’un côté associé au discours sur la non-guerre en Ukraine et le passage ou le retour au réflexe nationaliste populiste et démocratique de la mobilisation populaire.. Le théâtre craque et la tragi-comédie de Poutine est clairement inspirée des mauvais scénarios du temps soviétique.. On ne déroge jamais à son éducation !!!
Et maintenant, sondez vous…

Vous seriez Ukrainien, que feriez vous ? Je pars au front ou je me casse à l’étranger ?
Vous seriez Russe, que feriez vous ? Je pars au front ou je me casse à l’étranger ? 
Pour ma part, je constate que notre presse loue autant la mobilisation des Ukrainiens que la démobilisation des Russes… C’est logique étant donné qui dirige la Russie et qui a attaqué l’Ukraine.. Mais du point de vue des principes, du genre obéissance militaire à l’autorité, ça se distord… Inversement , comment un pacifiste peut prendre partie dans ce cas ????

pour l’article complet voir  sur LE MONDE

… en exergue, une affiche du XXe siècle, pour mémoire !!!

et du fin fond des années 1980….Petit homme mort au combat…. Une réponse ?

« Il faut dire à tout esprit naissant qu’aucune cause ne vaudra jamais la mort d’un innocent. »

Confiance

La confiance est la vie de l’âme

Saint François de Salle.. XVIIe siècle

Quel plaisir de trouver au fond de ce siècle de monarchie absolue et d’une religion ankylosée dans la Contre-Réforme, les ferments d’une vie spirituelle… La confiance. qu’est-ce qu’on ne donne pas pour elle ?

Les parents sont les premiers à accorder la confiance. Et quand ils ne l’accordent pas, quel massacre ! Quand le parent outrepasse cette place de confiance, quand le parent devient agresseur de son enfant, la vie de l’enfant est détruite. La confiance ! Que je puisse faire confiance à quelqu’un.. Quel espoir parfois tellement vain !!! Faire confiance c’est savoir qu’on est libre de dire, de faire, de parler.. Confiance d’un(e) ami(e), d’un frère, d’une soeur, d’un ou une adulte.. Nos relations devraient toujours être basées sur la confiance : confiance du prof envers l’élève, qu’il fera de qu’on lui dit parce qu’on le lui dit pour qu’il grandisse.. Confiance de l’élève envers le prof car il sait qu’il peut se tromper sans être jugé. Confiance du parent envers le prof, pour que son enfant reste dans le droit chemin, progresse et accomplisse ce qu’il désire, confiance du prof envers le parent, pour que le parent soutienne l’effort du prof.. Confiance entre l’enfant et les parents, confiance réciproque, qui déborde largement la question scolaire…

Cette confiance, ces nombreux faisceaux de la confiance, ils sont notre vie.. Parce que sans cette confiance, l’élève est seul contre tous, comme le prof et comme le parent… Ce qui domine aujourd’hui dans notre société c’est plutôt la méfiance. On fait semblant de faire confiance mais en fait on surveille et dès que les clous sont débordés, on plante.. Joie d’une société individualiste dans laquelle on a encore à faire  avec la collectivité !!! La confiance n’est pas aveugle ou elle vire à la crédulité. Elle n’est pas la croyance qui est une confiance plus transcendante envers Celui ou Celle qui est au dessus de notre Humanité. La confiance se construit par petits bouts, par des efforts répétés. Elle se perd malheureusement très vite, et plus elle est perdue, plus elle est difficile à reconstruire et retrouver.

Du fin fond de son XVIIe siècle, St François de Salle nous dit « Otez lui la confiance et l’âme meurt ». Nous avons tous le même combat : que nos jeunes aient confiance… En eux-mêmes d’abord, entre eux ensuite, envers le monde des adultes enfin. Et là de nombreux défis les attendent.. Comment faire confiance en demain de nos jours ??? Et pourtant sans cette confiance, sans cette espérance qui en naît, comment nos jeunes construiront ils les solutions pour que demain existe ???

« Confiance du coeur source de richesse », proclame un chant d’Eglise. Oui la confiance est une richesse, qui ne se peut exister sans la vigilance. Le défi reste encore le même : confiance, vigilance, courage, volonté. Ces choses s’apprennent au jour le jour, échec après réussite, étape par étape.

Le chemin est tracé par celui qui marche….

Et le petit dessin du haut de la page est un original fait par un lycéen qui, manifestement, a tout compris….

ça peut toujours servir

=>Force est de constater que les sociétés capitalistes font la promotion d’une environnement culturel narcissique, avec une injonction à consommer, la glorification de l’individualisme à travers les réseaux sociaux et la téléréalité, et enfin une éducation permissive des enfants…. Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 287

=>A l’heure des fake, deepfake et du couronnement de la vraisemblance, on ne s’attarde plus guère sur le fond des choses pour se contenter d’une représentation, d’un monde de surface. En ce sens, ce qui importe, c’est de se croire libre plus que de vérifier si cette liberté est réellement en situation. » E. Godart, En finir avec la culpabilisation sociale, Albin Michel, 2021, p. 84

=> Nous sommes entrés dans un monde de soumission volontaire, condamnés à accepter de devenir responsables de choix que nous sommes contraints de faire ». E. Godart, En finir avec la culpabilisation sociale, Albin Michel, 2021, p. 111

=> « Plus la société évolue, moins l’humain avance » N. Rieux dans un article sur le film de Ken Loach Sorry we missed you

=> Les Narcisse n’existent qu’au travers du regard de l’autre. C’est pourquoi, dans une société d’image et d’apparence, ils sont rois et leur téléphone portable leur sert de miroir, à l’instar de l’étang où Narcisse contemplait son reflet. Or, dans un selfie, ce n’est pas soi que l’on voit, c’est l’image de soi à travers le regard d’un autre (…) Avec le numérique nous avons remplacé le vivant par l’image et l’amour de soi est devenu l’amour de l’image de soi. Or l’image n’est pas une vérité, elle montre seulement un instant pris sur le vif, ce qui importe peu car ce qui compte, c’est ce qu’on donne à voir, même si c’est une image fabriquée, un « faux-self », destiné à être conforme aux attentes des autres…. Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 350

=> depuis les années 2000, les jeunes hommes et femmes des sociétés occidentales louvoient souvent entre leur besoin d’amour et leur désir d’indépendance. Ile et elles se veulent libres, tout en aspirant à une vie amoureuse et sexuelle intense et épanouie. Du couple, ils et elles n’aimeraient farder que le côté gratifiant. Dans leur recherche d’amour plutôt que de construire une relation, ils et elles sont avant tout dans une quête d’eux mêmes, cherchant une amélioration possible de leur qualité de vie, pour arriver à « moi en mieux ». Mais quand on est trop plein de soi, comment laisser une place à l’autre ? Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 406

=> la diminution des capacités de socialité est accentuée et accélérée par la tendance, inspirée du mode de vie consumériste dominant, à traiter les autres humains comme des objets de consommation et à les juger, comme on juge les dits objets, au volume de plaisir qu’ils peuvent offrir, et en termes de « en avoir pour son argent », Z. BAUMAN, L’Amour liquide. De la fragilité des liens entre les hommes, 2004.

=> Notre monde de performance et de consommation a centré les individus sur eux-mêmes et, pour s’adapter, ils ont cherché à augmenter leur estime de soi en privilégiant leurs réalisations individuelles et en renonçant à des solutions collectives. Pour survivre dans une société globalisée, il faut être le meilleur et se placer au-dessus des autres, quels que soient les moyens pour y arriver. (…) La montée du narcissisme partout dans le monde peut être vue comme une réponse psychique à une société individualiste de performance et de consommation uniquement tournée vers le profit et le court terme. La mondialisation nous a entraînés dans une spirale destructrice, ses promesses de progrès infini, de bien-être et d’amélioration de qualité de vie se sont doublées d’un revers beaucoup plus sombre : les addictions, la montée des inégalités, le refus de l’autre et la compétition sans fin entraînant stress et burn-out. Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 525

=> Naitre à soi-même, c’est accepter que l’autre existe. C’est abandonner le rêve de toute-puissance que nous développons dans notre imaginaire depuis notre naissance – chacun d ‘entre nous entretient une sorte de religion privée et « croit » être le centre du monde, tout diriger – pour entrer dans la réalité de l’autre, le reconnaître hors de nous, hors de notre pouvoir et admettre qu’il nous échappe, que nous n’avons par de prise sur lui. C’est se séparer d’une partie de soi pour faire exister l’autre. D. DUIGOU, Naître à soi-même, 2007, p. 20

=> Comment pourraient-ils vivre autrement que dans le malaise, ceux qui proviennent d’une culture ancienne et à qui le contemporain paraît misérable, comparé à la splendeur légué par leur antiquité ? A. MEDDEB, Contre-prêches, Seuil, 2006, p. 73.

Comment la France a raté son bac

“Il devient difficile de rater son bac”, ricane une commentatrice à l’annonce des résultats de l’examen. Le bac, ce rituel français. Cette année, 709 399 candidats l’ont passé. Il a été instauré par Napoléon. En 1981, le gouvernement socialiste de la France mitterrandienne en a fait une utopie : que 80 % d’une classe d’âge le décroche. Les socialistes défendront “le bac pour tous”, ainsi que tous les gouvernements conservateurs qui leur succéderont. Mais au fil des décennies, l’idéal d’émancipation devient un symbole du déni de réalité. La France se raccroche à son idéal d’égalité, tout en sachant pertinemment que l’égalité des chances ne fonctionne pas. La sélection est mal vue – et donc pratiquée avec ardeur.

Même les électeurs de gauche envoient leurs enfants dans des écoles privées (catholiques) que Mitterrand voulait fermer. Les parents magouillent pour faire inscrire leurs enfants dans les secteurs sans population immigrée. Choisir la bonne école est un art que seuls les initiés peuvent maîtriser. Cela fait longtemps que plus de 85 % de la classe d’âge des élèves de terminale obtiennent leur bac. Mais cette utopie a un prix : la baisse des exigences. Ce secret de polichinelle est désormais inscrit dans la politique de l’Éducation nationale. Seuls 535 candidats se sont présentés cette année avec l’option latin, 237 le grec. Les élèves sont dépassés par les programmes scolaires et le niveau des examens…..

à lire la suite de l’article de la Frankfurter Allgemeine Zeitung sur Comment la France a raté son bac (courrierinternational.com)….. qu’il est de bon ton de dire que le niveau baisse : ça justifie des dépenses, des inscriptions, des échecs… L’argument explicatif idéal !