ça peut toujours servir

=>Force est de constater que les sociétés capitalistes font la promotion d’une environnement culturel narcissique, avec une injonction à consommer, la glorification de l’individualisme à travers les réseaux sociaux et la téléréalité, et enfin une éducation permissive des enfants…. Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 287

=>A l’heure des fake, deepfake et du couronnement de la vraisemblance, on ne s’attarde plus guère sur le fond des choses pour se contenter d’une représentation, d’un monde de surface. En ce sens, ce qui importe, c’est de se croire libre plus que de vérifier si cette liberté est réellement en situation. » E. Godart, En finir avec la culpabilisation sociale, Albin Michel, 2021, p. 84

=> Nous sommes entrés dans un monde de soumission volontaire, condamnés à accepter de devenir responsables de choix que nous sommes contraints de faire ». E. Godart, En finir avec la culpabilisation sociale, Albin Michel, 2021, p. 111

=> « Plus la société évolue, moins l’humain avance » N. Rieux dans un article sur le film de Ken Loach Sorry we missed you

=> Les Narcisse n’existent qu’au travers du regard de l’autre. C’est pourquoi, dans une société d’image et d’apparence, ils sont rois et leur téléphone portable leur sert de miroir, à l’instar de l’étang où Narcisse contemplait son reflet. Or, dans un selfie, ce n’est pas soi que l’on voit, c’est l’image de soi à travers le regard d’un autre (…) Avec le numérique nous avons remplacé le vivant par l’image et l’amour de soi est devenu l’amour de l’image de soi. Or l’image n’est pas une vérité, elle montre seulement un instant pris sur le vif, ce qui importe peu car ce qui compte, c’est ce qu’on donne à voir, même si c’est une image fabriquée, un « faux-self », destiné à être conforme aux attentes des autres…. Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 350

=> depuis les années 2000, les jeunes hommes et femmes des sociétés occidentales louvoient souvent entre leur besoin d’amour et leur désir d’indépendance. Ile et elles se veulent libres, tout en aspirant à une vie amoureuse et sexuelle intense et épanouie. Du couple, ils et elles n’aimeraient farder que le côté gratifiant. Dans leur recherche d’amour plutôt que de construire une relation, ils et elles sont avant tout dans une quête d’eux mêmes, cherchant une amélioration possible de leur qualité de vie, pour arriver à « moi en mieux ». Mais quand on est trop plein de soi, comment laisser une place à l’autre ? Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 406

=> la diminution des capacités de socialité est accentuée et accélérée par la tendance, inspirée du mode de vie consumériste dominant, à traiter les autres humains comme des objets de consommation et à les juger, comme on juge les dits objets, au volume de plaisir qu’ils peuvent offrir, et en termes de « en avoir pour son argent », Z. BAUMAN, L’Amour liquide. De la fragilité des liens entre les hommes, 2004.

=> Notre monde de performance et de consommation a centré les individus sur eux-mêmes et, pour s’adapter, ils ont cherché à augmenter leur estime de soi en privilégiant leurs réalisations individuelles et en renonçant à des solutions collectives. Pour survivre dans une société globalisée, il faut être le meilleur et se placer au-dessus des autres, quels que soient les moyens pour y arriver. (…) La montée du narcissisme partout dans le monde peut être vue comme une réponse psychique à une société individualiste de performance et de consommation uniquement tournée vers le profit et le court terme. La mondialisation nous a entraînés dans une spirale destructrice, ses promesses de progrès infini, de bien-être et d’amélioration de qualité de vie se sont doublées d’un revers beaucoup plus sombre : les addictions, la montée des inégalités, le refus de l’autre et la compétition sans fin entraînant stress et burn-out. Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 525

=> Naitre à soi-même, c’est accepter que l’autre existe. C’est abandonner le rêve de toute-puissance que nous développons dans notre imaginaire depuis notre naissance – chacun d ‘entre nous entretient une sorte de religion privée et « croit » être le centre du monde, tout diriger – pour entrer dans la réalité de l’autre, le reconnaître hors de nous, hors de notre pouvoir et admettre qu’il nous échappe, que nous n’avons par de prise sur lui. C’est se séparer d’une partie de soi pour faire exister l’autre. D. DUIGOU, Naître à soi-même, 2007, p. 20

=> Comment pourraient-ils vivre autrement que dans le malaise, ceux qui proviennent d’une culture ancienne et à qui le contemporain paraît misérable, comparé à la splendeur légué par leur antiquité ? A. MEDDEB, Contre-prêches, Seuil, 2006, p. 73.

sans commentaire

Je te souhaite
de ne pas réussir ta vie.
Je te souhaite de vivre
autrement que les gens arrivés.
Je te souhaite de vivre
la tête en bas
et le cœur en l’air,
les pieds dans tes rêves
et les yeux pour entendre.
Je te souhaite de vivre
sans te laisser acheter par l’argent.
Je te souhaite de vivre
debout et habité.
Je te souhaite de vivre
le souffle en feu,
brûlé vif de tendresse.
Je te souhaite de vivre
sans titre, sans étiquette,
sans distinction,
ne portant d’autre nom
que l’humain.
Je te souhaite de vivre
sans que tu aies rendu quelqu’un
victime de toi-même.
Je te souhaite de vivre
sans suspecter,
sans condamner,
même du bout des lèvres.
Je te souhaite de vivre
sans ironie,
même contre toi-même.
Je te souhaite de vivre
dans un monde
sans exclus, sans rejetés,
sans méprisés, sans humiliés,
ni montrés du doigt,
ni excommuniés.
Je te souhaite de vivre
dans un monde
où chacun aura le droit
de devenir ton frère
et de se faire ton prochain,
Un monde
où personne ne sera rejeté
du droit à la parole,
du droit d’apprendre à lire
et de savoir écrire.
Je te souhaite de vivre
dans un monde sans croisade,
sans inquisition, sans saint-office,
ni chasse aux sorcières.
Je te souhaite de vivre libre,
dans un monde libre,
d’aller et de venir,
d’entrer et de sortir,
libre de parler librement
dans toutes les églises,
dans tous les partis,
dans tous les journaux,
à toutes les radios,
à toutes les télévisions,
à toutes les tribunes,
dans tous les congrès,
à toutes les assemblées,
dans toutes les usines,
dans tous les bureaux,
dans toutes les administrations.
Je te souhaite de parler
non pour être écouté
mais pour être compris.
Je te souhaite de vivre
l’inespéré,
c’est dire
que je te souhaite
de ne pas réussir ta vie…

Jean Debruyne.

facebook, algorithme et démocratie

un extrait d’une lecture faite plus ou moins par hasard.. à réfléchir

https://jean-jaures.org/nos-productions/en-immersion-numerique-avec-les-gilets-jaunes consulté le 12/04/2019

Terminons cette note par deux pistes de réflexion, d’abord sur le rôle joué par les algorithmes de Facebook dans le succès du mouvement des « gilets jaunes », et ensuite sur les enjeux numériques et démocratiques de cette séquence politique.
Il faut rappeler que Facebook héberge des comptes individuels, des pages officielles et des groupes. Les pages sont gérées par des acteurs institutionnels : des médias, des partis politiques, des marques, des célébrités. On peut commenter les publications postées par le gérant de la page, mais pas en créer soi-même. Les groupes sont au contraire des rassemblements d’utilisateurs qui se retrouvent autour d’un intérêt commun. Ces groupes sont créés et gérés par des utilisateurs classiques, des membres du réseau comme les autres. N’importe qui, dès lors qu’il est inscrit sur le groupe, peut poster du contenu que tous les autres membres pourront voir. Pour résumer, on suit une page mais on participe à un groupe.
L’algorithme de hiérarchisation du contenu de Facebook a longtemps fait en sorte de mettre en avant les contenus produits par les pages. Mais, au lendemain de l’élection de Donald Trump, la plateforme américaine s’est rendu compte que ce modèle avait permis à celles qui diffusaient volontairement des fake news de gagner une audience significative et d’influer sur le résultat final du vote. À titre d’illustration, deux rapports publiés en décembre 2018 par la firme de cybersécurité américaine New Knowledge et l’Université d’Oxford ont calculé que les fausses pages créées par les services russes au cours de la campagne américaine avaient à elles seules engendré 76,5 millions d’interactions sur Facebook, contribuant ainsi à pourrir de l’intérieur le débat public.
Pour assainir la circulation de l’information et apaiser le débat en ligne, la firme de Mark Zuckerberg a donc décidé en janvier 2018 de changer son algorithme afin que les utilisateurs soient moins exposés aux contenus proposés par les pages et aient au contraire plus naturellement accès aux publications de leurs amis, de leurs voisins et des groupes Facebook dont leurs proches et eux-mêmes font partie. En encourageant ainsi un recentrage de l’information autour des gens qui nous sont intimement et géographiquement proches, Facebook souhaitait rassembler des communautés locales aux intérêts similaires, par nature moins susceptibles de se déchirer autour de polémiques issues des débats nationaux.
Le premier effet de ce changement d’algorithme a été positif car il a permis de faire significativement baisser l’audience des pages gérées par des propagateurs de fake news. Mais les effets négatifs sont nombreux. Les médias traditionnels, qui opèrent depuis des pages, ont vu ainsi s’effondrer leurs chiffres de fréquentation sur Facebook. Pour les cinq médias français traditionnels les plus suivis sur la plateforme, il a par exemple été constaté une baisse moyenne de 31 % des audiences entre mars 2017 et mars 2018. La conséquence logique de cette moindre visibilité des pages est également une plus grande exposition aux contenus publiés par ses amis, avec qui il est fréquent de partager les mêmes intérêts, mais aussi les mêmes opinions politiques. S’il répond à l’invitation d’un ami à rejoindre un groupe, l’algorithme fera en sorte que l’utilisateur soit prioritairement exposé aux publications qui en émanent.
Le lien entre ce changement d’algorithme et le succès viral des « gilets jaunes » est direct. Il suffit de s’inscrire dans deux ou trois de leurs groupes Facebook pour le constater : dès lors que l’utilisateur y est admis, 80 % de son fil d’actualité est désormais composé de publications issues de ces groupes. Plus rien d’autre ne semble exister dans le monde en dehors de l’actualité des « gilets jaunes » et des centaines de liens, de vidéos et de commentaires outrés auxquels l’internaute est exposé à chaque connexion. Celui-ci se retrouve alors prisonnier volontaire d’une bulle cognitive où tout concourt à renforcer sa détermination en l’isolant des informations discordantes et des avis opposés. Ce recentrage affectif et géographique dans la hiérarchisation de l’information sur Facebook est un tournant majeur. Que Priscillia Ludosky et Éric Drouet, les deux internautes à l’initiative de la mobilisation en ligne, soient originaires du même département ne doit rien au hasard. Ils ne se connaissaient pas : c’est le nouvel algorithme de Facebook qui, détectant des intérêts communs et une proximité spatiale, les a mis en contact. La propagation du mouvement en province a obéi à la même logique et au même mécanisme.
Pourquoi ce paramètre est-il fondamental ? Parce que la moitié des Français s’informent désormais uniquement sur Facebook. Les sites d’info en ligne sont consultés chaque jour par 16,7 millions de Français[52]. Sur Facebook, ce sont 22 millions de Français qui se connectent chaque jour, 38 millions chaque mois[53]. Si des bataillons numériques de journalistes, de scientifiques, d’experts et de politiques n’investissent pas en masse cette plateforme, et si Facebook ne prend pas d’initiatives ambitieuses pour favoriser la diffusion d’une information fiable et vérifiée, la vie démocratique française connaîtra le même problème qui s’est produit aux États-Unis lors de la campagne présidentielle de 2016 : un pan entier de l’électorat, accessible à toutes les manipulations, vivra sincèrement dans une réalité parallèle sur laquelle aucun fait établi, aucun chiffre contradictoire, aucun argument rationnel n’aura prise. La présidence Trump nous rappelle chaque jour depuis deux ans que le résultat d’un tel mélange est connu.
La seconde piste de réflexion pour l’avenir concerne les données collectées par Facebook sur les « gilets jaunes ». Un rapide examen des profils Facebook des simples membres de leurs groupes permet un constat : beaucoup ne parlaient pas de politique avant le déclenchement du mouvement. Si l’on remonte les historiques de publication, on trouve des photos de leurs enfants, de leurs animaux, de leurs voitures, de leurs motos. Rarement du contenu politique. Avec leur adhésion à ces groupes et au mouvement, des millions d’électeurs potentiels ont confié à la machine de collecte de données qu’est Facebook le secret de leurs colères, de leurs envies politiques et de leurs inclinaisons idéologiques.
Facebook, comme il l’a déjà fait par le passé pour d’autres cibles électorales[54] et puisque c’est le cœur de son métier, recoupera, classera et vendra ces données à n’importe quel acteur politique souhaitant cibler les « gilets jaunes ». Cela pourrait alors constituer le principal héritage de ce mouvement : l’arrivée sur le marché des données personnelles d’une frange supplémentaire de l’électorat, accélérant encore l’avènement d’une nouvelle ère démocratique où les candidats ne s’adresseront plus à des familles politiques ou à des groupes sociaux mais, via des discours fragmentés à l’extrême pour que chacun puisse entendre ce qu’il désire, à des individus. C’est déjà ce qu’il s’est passé au cours de l’élection présidentielle américaine de 2016 : la campagne de Donald Trump a ainsi su profiter du ciblage électoral extraordinairement fin offert par Facebook pour diffuser 5,9 millions de versions différentes de ses publicités, allant jusqu’à adapter et personnaliser la couleur des boutons sur lesquels les électeurs étaient invités à cliquer en fonction des préférences graphiques que la plateforme californienne avait pu identifier[55].
Le contrôle et l’accès aux données des électeurs sont ainsi devenu un aspect absolument essentiel des campagnes électorales modernes. Le Mouvement 5 Étoiles et sa plateforme internet « Rousseau » en est un autre exemple éloquent. C’est avec cet outil controversé de consultation et d’organisation militante[56] que le parti populiste italien s’est structuré. C’est en se basant sur les données qu’il récoltait sur les visiteurs du site qu’il a déterminé sa ligne politique et choisi ses candidats à l’investiture. En proposant aux « gilets jaunes » d’utiliser cette plateforme comme il vient de le faire, Luigi Di Maio, soucieux de déstabiliser Macron, ne s’y est pas trompé : il sait que, s’ils en ont l’ambition, les « gilets jaunes » pourraient avoir les moyens de s’installer dans la durée dans le paysage politique français. Le leader du Mouvement 5 Étoiles est en effet bien placé pour savoir qu’un mouvement populiste peut se mettre en ordre de marche. S’ils ont pour l’instant refusé son offre par souci de rester indépendants de toute force partisane, on notera toutefois que les « gilets jaunes » ont déjà créé leur propre site officiel, indispensable préalable à une éventuelle future structuration. Tout reste possible, et une seule chose est certaine : l’arrêt des défilés du samedi et l’évacuation des ronds-points ne devront en aucun cas être interprétés comme la fin du mouvement. L’opinion publique se lassera, les médias passeront à autre chose, mais Internet n’oubliera rien.

Nouvelles de la Chine

Petite introduction lisible même hors abonnement dans le monde -l’article est intéressant par ailleurs – pour nous montrer que
1 – une intro de journaliste ça dit tout, vive la technique de l’entonnoir
2 – comprendre, autant que c’est possible (!), la politique chinoise…

Et en cette période de Noël, la statistique à retenir c’est 90%… des jouets vendus viennent de Chine… (commandes, conteneur, lenteur, stratégie, etc…)

à lire sur le monde :

A Macao, Xi Jinping vante « l’amour de la patrie »

Selon la Chine, l’éducation patriotique dispensée dans les écoles de Macao mais rejetée à Hongkong explique en grande partie la crise actuelle
Le retournement est spectaculaire. Jusqu’en septembre, le président chinois Xi Jinping qualifiait « Hongkong, Macao et Taïwan » de « risques majeurs » pour le Parti communiste chinois. Désormais, Macao fait figure de modèle. Dans un discours prononcé vendredi 20 décembre, à l’occasion du vingtième anniversaire de la rétrocession de cette petite colonie portugaise à la Chine en 1999, Xi Jinping n’a cessé de faire l’éloge de ce territoire de 670 000 habitants et de l’opposer à Hongkong.

la suite ici :
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/20/a-macao-xi-jinping-vante-l-amour-de-la-patrie_6023610_3210.html

guerre froide et télé

Voilà un article lu (LMD) voilà quelques jours.. Si je vous conseille vivement de le lire, c’est que d’abord il n’est pas très long, ce qui rassure toujours le lycéen en vacances, ensuite parce qu’il attire notre attention (enfin… la mienne et puis la votre) sur ce que l’on vous donne en pâture historique à la télévision… J’étais déjà circonspect face à la série Apocalypse par le côté très émotionnel du montage et du commentaire.. D’un autre côté, Matthieu Kasovitz est un grand diseur et les images étaient inédites, donc.. que ce soit pour la 1GM, la 2GM ou même sur Hitler et Staline, ça valait le coup… La dernière saison sur la guerre froide provoque cette discussion sur France Culture, rapportée ici par un journaliste LMD… Lisez et appréciez les points de vue. D’un côté un monsieur, tout à fait respectable, grand réalisateur et grand nom de la télévision française qui défend sa production, tout à fait remarquable, et de l’autre un autre monsieur (oui je sais ça manque de femmes)tout aussi respectable, historien et assez critique par rapport à certains détails qui parfois ont l’air de montagnes…L’attaque de la Corée ou la construction du mur de Berlin ne sont pas soviétiques.. Tout le monde le sait.. Que cela se fasse avec l’aval soviétique n’est pas la même chose que sur ordre de Moscou…
Cela m’amène à penser que notre Histoire se fait objet de consommation.. C’est pas tout à fait nouveau, en revanche on va nous apprendre n’importe quoi.. Et le monde d’aujourd’hui lu avec une histoire qui n’insiste que sur ce qui existe aujourd’hui, c’est comme penser que le nez a été créé pour porter les lunettes (Merci Molière) ou que nous sommes moins humains sans portable (merci Apple)…

Quand la connerie devient monnaie courante, autant revenir au troc !

A vous de vous faire votre opinion :

Ce 8 novembre 2019, l’émission « Le cours de l’histoire », sur France Culture, reçoit Isabelle Clarke et Daniel Costelle, réalisateurs de la série documentaire Apocalypse, dont France 2 diffuse alors une septième saison. En contrepoint, l’animateur a convié au micro un historien spécialiste de l’Asie et de la guerre froide, Pierre Grosser. Les discussions ne ronronnent pas longtemps. D’une voix aussi distinguée que celle de Coluche entonnant un sketch, Costelle dévoile sa thèse : « Les Soviétiques ont un impérialisme, un besoin de conquérir le monde. »

Grosser : « Cette affirmation n’est absolument pas corroborée par les archives, c’est quand même un gros problème dans votre analyse. »

Costelle : « Il n’y a pas une ligne dans ce qu’on a fait qui n’ait pas été vérifiée par un collège d’historiens ! »

Les auditeurs, habitués au chuintement feutré de la station, comprennent qu’ils ne vont pas s’ennuyer. Exaspéré par le mépris des réalisateurs pour la recherche historique, Grosser pilonne une à une les fake news diffusées en première partie de soirée par France 2 : non, on ne peut pas dire que les Soviétiques voulaient conquérir le monde dès l’armistice, car, dans ce cas, ils auraient occupé la Corée du Sud en août 1945, au moment où aucun soldat américain n’y stationnait ; non, ce n’est pas le représentant de l’URSS qui obtient du Kremlin l’autorisation d’envahir la Corée du Sud, mais Kim Il-sung qui en fait expressément la demande à Joseph Staline ; non, la crise de Cuba n’avait pas pour cause la présence de missiles américains en Turquie, mais la volonté soviétique de protéger l’île d’une nouvelle tentative d’invasion américaine ; non, les communistes n’ont pas fait reculer Français et Britanniques à Suez en 1956 ; oui, consacrer six heures à la guerre froide sans évoquer le rôle négatif des États-Unis en Amérique du Sud et en Afrique relève du tour de force.

« Je refuse toute idée qu’il puisse y avoir des choses fausses, bredouille Costelle, fou de rage, alors que l’animateur perd totalement le contrôle de l’émission. C’est quelque chose qui peut se régler peut-être même dans les tribunaux entre nos historiens et M. Grosser. » Les réalisateurs de la série entendent populariser aux frais du service public une vision très personnelle de l’après-guerre : « Il n’y a jamais eu ce qu’on appelle l’impérialisme américain. (…) Le monde américain a été sans arrêt sur la défensive. » Grosser, que son enseignement à Sciences Po rend peu suspect de sympathies bolcheviques, tente d’aligner quelques phrases, mais Costelle, au bord de l’apoplexie, disjoncte : « Les historiens communistes sont les complices du goulag ! (…) Vous êtes nul ! Son père [l’historien Alfred Grosser] était bien, mais lui c’est un nul ! »

L’effet de révélation est saisissant. À la télévision, le pouvoir de conviction d’Apocalypse repose sur la magie hypnotique des images : on croit ce qu’on voit. La radio rompt le charme et laisse paraître l’intention.

Interviewé par Ouest-France (12 novembre 2019), le réalisateur a exposé sa science du comparatisme : « Les jeunes hommes violents qui ont suivi Hitler sont les mêmes qui ont suivi Staline, ou Pol Pot. Ce sont les mêmes qui ont brûlé un centre culturel à Chanteloup-les-Vignes. » Grâce au service public de l’audiovisuel, cette vision fumeuse du XXe siècle s’impose comme vérité jusque dans les manuels scolaires. Costelle, qu’aucune fausse modestie ne bride, a prévenu : « Toute l’histoire est en train de changer. Nous sommes sûrs que notre série est une très belle série, très publique, très forte, et qu’elle touche beaucoup. » Et qu’importe le vrai pourvu qu’on ait l’audience.

Pierre Rimbert

Références de film

N’oubliez pas que les films ne sont qu’un regard posé sur la réalité.. Pas la réalité elle-même. Ils ne peuvent servir d’argument mais plutôt d’illustration. On ne s’appuie pas sur un film pour prouver quelque chose, on utilise le film comme une opinion… avec des pincettes. Mais l’avantage du cinéma (ou des séries comme Band of Brother) c’est de rendre concret des discours… Les conditions de vie, de mort, tout cela passe mieux au cinéma. Mais ça reste des reconstitutions, forcément tronquées par le présent du tournage….

l’Inde
« Slumdog Millionaire »
« Lion »
« coups de foudre à Bollywood » (un navet mais qui fait comprendre ce que l’occident retient…)
« Devdas » (ça c’est indien, pour poursuivre la comparaison…)

Les Etats Unis
« JFK », vieux film sur Kennedy.
« I comme Icare » est une version française des problèmes américains: toute ressemblance avec l’assassinat de Kennedy est voulue et assumée…
les films de Michael Moore sont toujours stimulants… au moins Bowling for Colombine (sur les questions de port des armes et de massacres dans les écoles) et Farenheit 9/11 sur le 11 septembre 2001…
Tous les films sur le world Trade center, ainsi que sur les conditions de combat en Irak sont tous intéressants, même les navets.. démonstration « Dans la vallée d’Ellah », « Zero Dark Thirty », « World trade center », « Farenheit 9/11 », même NCIS, Scandal….
Pour le Vietnam, regarder « Rambo » n’est pas une fin en soi, mais c’est intéressant de chercher à comprendre pourquoi ce film a eu du succès.. Généralement les films en disent beaucoup plus sur leur époque que sur leur sujet.. Prenez « M.A.S.H. », très bon également.. Il est tourné en 1970, en pleine guerre du Vietnam..Et pourtant son sujet c’est la guerre de Corée, mais en parlant de l’un on fait référence à l’autre. « Né un 4 Juillet », « Voyage au bout de l’enfer », « Platoon », « Full Metal Jacket », « Apocalypse now », et même « Good morning Vietnam » disent quelque chose de l’opinion américaine sur la guerre plus que de décrire…..Même chose pour les deux époques du film « Che » sur Che guevara, ou même ses « Carnets de voyage ». en regardant ce dernier n’oubliez pas que les raconteurs d’histoire veulent toujours trouver dans la jeunesse d’un personnage historique les prémices de sa vie d’adulte… Foutaise !!!
série d’émissions passées sur arte.. c’est long et très bon… :
n°1 : https://rutube.ru/video/725be61ba3225c121b3c7f4179cd3840/
n°2 : https://rutube.ru/video/2b7ed249f7df63f0d5c5434d453f70be/
n°3 : https://rutube.ru/video/fae4cea7b9cf2a63420236e4f91144fd/
n°4 : https://rutube.ru/video/e80ece784d4fe0643236bbbaeb6fc2f2/
n°5 : https://rutube.ru/video/8eb786857b5f1146da79eea338567b45/
n°6 : https://rutube.ru/video/66b50c0f1b9baa0cb3f65b4eb7b49863/
n°7 : https://rutube.ru/video/a897d0b23719c7f76841163de91b3dfb/
n°8 : https://rutube.ru/video/d35cd3cd97252e28b97f2ff6b9af4162/
n°9 : https://rutube.ru/video/68c7cbe9d140af4baf4086d1381ddf10/

la guerre d’Algérie
Hors la loi
la guerre sans nom
Indigènes
Le coup de Sirocco, la Baraka, Le grand carnaval.. pour le côté pieds noirs

la première guerre mondiale
capitaine Conan
un long dimanche de fiançailles
à l’ouest rien de nouveau
Au revoir là haut
La promesse d’une vie

la seconde guerre mondiale
comparez « Le jour le plus long » et « Il faut sauver le soldat Ryan »… deux films américains sur le débarquement séparés d’une quarantaine d’années…
Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima.. le doublet de Clint Eastwood
Le fils de Saul
La liste de Schindler
Le pianiste
Shoah (mais ça dure 9 h… trouvable en bibliothèque publique )
pour la Résistance :
L’armée des ombres
L’armée du crime
Lucie Aubrac
Paris brûle-t-il ?

la guerre froide
le pont des espions
Goodbye Lenine
Docteur Folamour (en VO c’est encore meilleur)
Fail Safe (la même chose en tragique.. et moins bon, du coup)
Firefox pour le délire de Eastwood en plein les années 1980… Les USA triomphants !!!
et tous les films d’espionnage….mais surtout ceux d’avant 1990.. Après on a des films sur l’état du monde sans la bipolarisation comme Lord of war, Les patriotes… Mais l’intérêt des vieux films d’espionnage c’est l’ambiance combattante de tout discours sur la bipolarisation. Chaque film est un combat cf L’espion qui venait du froid….

Proche et moyen Orient :
Kippour ( sur la guerre du même nom) de Amos Gitai 2002
Free zone (du même sur la situation israélo-palestinienne) 2005
Intervention divine ( même sujet par un palestinien) E Suleiman, 2002
Les citronniers, E Riklis, 2008
Bethléem , Y Adler, 2014
Le cochon de Gaza, S Estibal, 2011
Exodus, O. Preminger, 1960

comme toujours

Entre deux portes, une belle erreur monumentale du journal le Point en 2015, regardez ça :
le point 2015
La fille porte une veste sur laquelle « Nous n’oublierons jamais », elle regarde une liste de gens, sans doute violés par les armées alliées.. Bon stop tout ! Les armées alliées, comme toutes les armées du monde, ont perpétré des viols, tout le monde le sait depuis longtemps !Regardez bien l’image, on voit juste derrière la fille du premier plan une des deux piscines de Ground Zero.. vérifiez si vous voulez.. Les noms sont ceux des victimes du 11 septembre… Rapport aux viols des armées alliées pendant la seconde guerre mondiale ???

Les réseaux ont encore dit n’importe quoi… La précision scientifique d’un devin gaulois… Qu’ils aillent tous se faire cuire ce que j’appellerais un oeuf…

j’aime beaucoup ça :
brule les cartes

non pas pour brûler les cartes, on l’a tous fait , quoique pas trop dans la région ça craint en cette saison…

mais regardez bien les cartes….

Le collègue s’est tellement cassé le bol que toutes les cartes sont déjà toutes faites.. l’élève ne s’est même pas entraîné à écrire une légende à l’horizontale tout seul….

Les S sont vernis, comme d’hab
Les LES ont des docs pas gégé…. ce n’est pas une habitude.. Mais parfois il y a un auteur des sujets qui pète un plomb… IL se dit ce sera superrr la géopolitikkkk…
oeuf pareil