Analyser la caricature pour expliquer les spécificités du mode de gouvernement français. Montrez qu’elle témoigne d’une certaine érosion du pouvoir d’Etat.
Cette caricature a été réalisée par Plantu, dessinateur au monde, après les élections législatives de 2002. Celles-ci ont amené une majorité de droite à J. Chirac qui venait d’être élu juste avant.. Ce contexte permet de comprendre plusieurs élément de la caricature en rapport ou non avec la consigne.
Tout d’abord, le personnage de Hollande, à gauche, tout penaud d’avoir perdu les élections, la rose se fanant, sur fond de panneaux électoraux.
La voiture du premier plan permet de répondre à la consigne. En effet les personnages sont là pour signifier la situation de l’Etat français.
De chaque côté, Jacques Chirac, président, et JP Raffarin, premier ministre. Le premier avec un drapeau tricolore planté sur la tête, dit « on va enfin pouvoir diriger » : l’emploi de ENFIN correspond aux derniers événements : Chirac a exercé 5 ans sa fonction avec un gouvernement de gauche… Pour le reste de la phrase, il s’agit du caractère français. Chirac est gaulliste, sa référence était le général de Gaulle qui a dirigé la France a une époque où le secteur public était très développé, dans le domaine industriel, financier et dans les assurances. En 2002 il n’est plus question de secteur public ou si peu. Chirac lui même a lancé les grandes privatisations et l’Etat ne dirige plus d’entreprises. La phrase elle-même veut signifier que l’Etat cherche à diriger.
Mais les volants que tiennent Chirac et Raffarin sont dans le vide. Celui qui dirige la voiture-Etat c’est un personne non reconnaissable dont la veste porte le nom Economie. La caricature a comme message : l’Etat ne dirige pas, c’est l’économie qui dirige. Ce point de vue rapide est très répandu. D’un côté la politique menée par la droite (dès 1986 avec les privatisations déjà citées) et de l’autre le contexte de mondialisation et de construction européenne semblent aller dans le même sens de cette dépossession de l’Etat d’un certain nombre de ses fonctions économiques. Le fait que les deux personnages en rajoute (vroum) semble signifier que les deux personnages veulent prétendre qu’ils dirigent. La remarque « avec modestie » rappelle des paroles de Raffarin mais va dans le sens d’un Etat qui a moins de pouvoir : il s’agit de diriger le pays mais « avec modestie » puisque l’Etat n’a pas tous les moyens de diriger.
Ainsi la caricature veut montrer cette perte de pouvoir dans le domaine économique. Il faut toutefois nuancer : la caricature n’est pas une description de la situation, mais une critique d’un aspect. L’Etat garde encore du pouvoir en France, mais les décisions et les évolutions économiques montre ce relatif recul, d’autant que le modèle français développé depuis la seconde guerre mondiale donnait une large place à l’Etat (nationalisations, planification indicative).