Le deal était de faire un DS d’EMC, du jamais vu, mais je vous rassure, pour moi non plus.. Et puis, vue l’ambiance politique actuelle, ça me paraissait intéressant de faire réfléchir des jeunes pré-votants… Au moins aurez vous tous entendu que la Démocratie ne s’use que quand on ne s’en sert pas…. A partir du sujet il fallait produire une réflexion…
Consigne : Voilà cinq citations sur la démocratie. Elles doivent vous aider à réfléchir à cette question : LA DEMOCRATIE EST ELLE ENCORE LE MEILLEUR TYPE DE REGIME POLITIQUE ? Utilisez les citations et commentez les pour mettre en évidence dans une première partie les principes de la démocratie et dans une deuxième partie les difficultés que ces principes soulèvent. N’oubliez ni une introduction, ni une conclusion.
=> A ce stade l’objectif était simple, se poser la question non pas de l’obsolescence du modèle démocratique mais de voir, en d’autres termes, si la démocratie fait encore rêver….
Vous ne m’avez pas déçu du voyage ! Vous ne rêvez pas de démocratie mais vous faites comme si… Vous considérez que la démocratie est un bon système une fois que vous avez dit que c’est un régime souvent inefficace… Vous vous comportez comme Trump que vous critiquez si souvent : vous dites une chose et son contraire sans aucun souci ni conscience de la distorsion de votre pensée car, dans votre cas, c’est un exercice scolaire, donc hors sol… Alors réfléchissez et entendez cela : si le modèle totalitaire a été inventé, c’est que, de gauche comme de droite, ces régimes ont laissé le champ libre à tout ce qu’il y a de plus barbare dans les sociétés en question. Pourquoi cette assimilation entre nazi et communiste, que je réprouve idéologiquement ? Demandez aux Polonais, aux Hongrois, aux Lituaniens… Ce qu’ils ont vécu de ces régimes, ce n’est pas l’élan idéologique, c’est la maltraitance sadique, la torture déshumanisante, par des humains qui ne le sont plus vraiment.. Qu’ils soient de la SS ou du KGB (etc…) la cruauté déployée par ceux-ci est une conséquence du choix dictatorial… Car aucun dictateur ne peut tenir sans torture, soumission, humiliation, déshumanisation… Alors est-ce cela votre efficacité des régimes moins démocratiques ?
…
Vous aviez ces citations pour réfléchir et pas pour vous servir d’accroche, petits joueurs ! :
« La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » A LINCOLN – président des Etats-Unis
« La démocratie ce n’est pas la loi de la majorité mais la protection de la minorité » Albert CAMUS, écrivain
« Une démocratie doit être une fraternité ; sinon, c’est une imposture. » A de Saint EXUPERY, écrivain
« La dictature c’est « ferme ta gueule » ; la démocratie c’est « cause toujours » » COLUCHE, humoriste
Il existe un « a priori démocratique difficilement disputable : les citoyens sont les mieux placés pour guider les dirigeants, et leur légitimité est incontestable. » Frédéric GILLI, économiste
Le problème c’est que vous les avez, pour la plupart, prises comme argent comptant et utilisées sans vraiment réfléchir !!! J’aurais mis une phrase d’un nazi peu connu (genre Werner Best) vous n’auriez pas réagi… Vous avez, sans aucun problème, pris sur le même pied d’égalité, Lincoln et Coluche… Si un d’entre vous a précisé le caractère propagandiste de la citation de Lincoln, personne, en revanche, n’a pris de recul par rapport à la citation de Coluche… La prochaine fois je vous mettrai Dieudonné ou Hanouna….
La citation de Lincoln met le « peuple » au centre de la démocratie parce qu’il parle aux parents de centaines de jeunes hommes américains morts en combattant d’autres jeunes hommes américains… C’est inacceptable !… Une guerre fratricide de ce genre est inacceptable, je ne peux pas admettre que mon fils soit mort comme cela… Le président me donne une lecture, un sens à la mort de mon fils : il est mort pour la démocratie, face à ceux qui n’en veulent pas… Je suis du peuple, la démocratie c’est mon régime et mon fils est mort pour cela, quelque part, il est mort pour que je vive mieux… Vous verrez, avec le temps, tout ce que les humains ont déployé (idées, modes, opinions, croyances, objets, habitudes, actions…) pour donner du sens à la mort et à la vie…. C’est pas toujours du flan ou du fake, mais de temps en temps ça fait du bien de se dire que telle ou telle chose n’a de logique que dans le sens que cela donne à ce que je fais ou ce que je perds…. L’humain a cela de particulier : il cherche le sens !
La citation de Lincoln, slogan de la démocratie, met en avant le « gouvernement du peuple » ce qui est moyennement vrai aux USA pour le gouvernement fédéral, mais l’est beaucoup plus au niveau fédéré… « par le peuple » ça me permet de parler des élections, du vote, qui est une pratique nécessaire mais non suffisante pour le fonctionnement démocratique. « pour le peuple »… ça c’est de la comm… J’ai le pouvoir et je gouverne pour toi : vous avez déjà entendu ça, non ?…
Là j’ai décortiqué, à la mode Gaby, la citation de Lincoln… Essayez de pas vous faire avoir s’il vous plait…
En revanche une citation peu utilisée alors que essentielle, c’est la dernière.. Cet économiste (c’est qui ?) disant que l’a priori démocratique indépassable est que « les citoyens sont les mieux placés pour guider les dirigeants »…Vous retrouvez là ce que je vous ai dit en cours sur l’intuition initiale (faut-il vraiment dire « de base » ?) de la démocratie… Ceux sur qui s’exerce le pouvoir ont le droit de participer à ce pouvoir…. Attention à ne pas juste parler de souveraineté populaire.. Diderot en parlait et pas dans un cadre démocratique. Car de cette formule précédente, il faut aller plus loin pour être en démocratie.. Le pouvoir exercé sur les citoyens ne peut venir que des citoyens. On peut inverser : le citoyen n’obéit qu’au pouvoir auquel il participe…. (cf Rousseau) La phrase de Gilli le pose en évidence… C’est fondateur de la démocratie. Dans un régime comme l’autocratie, quelqu’un exerce le pouvoir au nom du peuple.. Et ça c’est le discours de nos populistes de droite comme de gauche.. L' »avant garde révolutionnaire » léniniste, correspond à l’incarnation du peuple ou de la Nation issue de la droite et de l’extrême droite… Ici comme là, « il faut » quelqu’un pour diriger… (les théoriciens de la monarchie absolue ne disaient pas autre chose !)… Gilli vous dit l’inverse : en fait personne d’autre que les citoyens ne peut juger ce qui est bon pour eux. Fondateur de la démocratie, cela est repris chez les penseurs de la démocratie participative, qui n’est pas une idée nouvelle mais un slogan pour montrer que les citoyens participent bien au pouvoir, que ce soit vrai (l’exemple de la municipalité est là pour le prouver) ou pas…. Gilli donne l’intuition initiale… et incontournable….
La citation de Coluche, est une formule choc mais c’est un humoriste qui le dit. Son objectif n’est pas de construire mais de faire rire, à partir de ce qu’il interprète de l’actualité, et Coluche était très fort pour cela, et pas seulement lui… Bedos, Desproges ont fait dans le même genre, plus propres sur eux… Si vous savez que Coluche a commencé une campagne présidentielle en 1980 sans aller jusqu’au bout (cf le film « c’est l’histoire d’un mec »), c’est le moment de le dire, et de se rappeler que ce genre d’affiche aurait du mal à ne pas finir devant les tribunaux aujourd’hui…
Coluche résume en quelques mots simples, une problématique qui est encore celle des populistes aujourd’hui : celle du poids de la parole des citoyens dans le jeu politique. « ferme ta gueule » (comme vous vous êtes régalés à écrire cela dans une copie !!! kifdehouf) c’est clair : la dictature empêche l’expression. « Cause toujours » : la démocratie laisse l’expression mais le bavardage permet de couvrir les décisions prises par une minorité… A moins que Coluche veuille stigmatiser non pas les politiques mais plutôt les citoyens qui parlent à tord et à travers sans prendre conscience qu’à un moment donné, il ne faudra plus vouloir son propre intérêt mais celui du groupe…. Vas y, réfléchis !
Et là on peux passer à la citation de St Exupéry…
Une fraternité ou une imposture… Certains n’ont pas compris… Jeunes padawans, peut-on être égaux sans être fraternels ? Égaux sans fraternité c’est piquer dans l’assiette du voisin en disant « tout ce qui est à toi est à moi »… L’égalité est rejetée par tous ceux qui possèdent… Car cela veut dire perdre ce que j’ai… Même au niveau politique… J’ai le pouvoir, on me demande en 1789, en 1848 de le partager, que point nenni ! Regardez notre président qui n’a pas accepté le deal démocratique lors des dernières élections (cf ce qu’en dit un universitaire ici)…. L’égalité suppose que l’on vive ensemble en bonne intelligence… On a de plus en plus de mal à le réaliser car notre société est divisée, voire clivée… Il n’est que de prendre les transports en commun, pour voir comment nos contemporains ont du mal à se supporter… On peut facilement y nouer conversation mais aussi entendre des réflexions super désagréables… surtout aux heures de pointe, quand l’égalité doit côtoyer le « struggle for life »…. Plus personne ne nous apprend à être fraternel… Les affinités des RS ou des associations ne font que rapprocher ceux qui s’apprécient, et comme disait l’autre « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ?(…) Vous êtes comme les païens« (Mt, 5, 46 et sq).. La fraternité va au delà du cercle d’affinités, du cercle communautaire… C’est l’ambiance de 1789 où on s’appelle tous « monsieur » ou l’ambiance 1917 où on se dit tous « camarade »… Aïe, me revoilà chez les cocos… N’oubliez pas non plus que dans le NSDAP ils étaient tous des « Genossen », camarades… Pourquoi ? Mais parce que cette égalité-fraternité est visée aussi par les autocraties… Elle nous vient d’ailleurs de l’aristocratie, puisque ce qui fait la noblesse, c’est l’égalité entre les nobles devant les privilèges…. La démocratie, c’est une aristocratie pour tous… Et les autocraties c’est une démocratie détournée par un leader et tournée vers l’élimination d’une partie du peuple… Non, ce serait trop simple de dire que l’autocratie est une démocratie sans fraternité, mais en tout cas, une démocratie sans fraternité, une égalité sans fraternité, ça donne notre bouillie sociétale actuelle, où nous sommes obligés de vivre ensemble, alors que tout dans notre vie socio-économique nous pousse à nous éloigner de ce vivre ensemble… Regardez le stade : on est tellement heureux de vivre ces émotions ensemble, ça émeut tellement, ça mobilise tellement.. On aimerait ça pour les élections, dans les embouteillages, dans la file d’attente au supermarché.. Mais non.. Dès que le film s’arrête, dès que le match est fini, on reprend le « struggle for life »….
De là on peut arriver sur la citation de Camus qu’un ou deux seulement ont remis dans le contexte de l’amendement avorté de 2018… « Protéger la minorité », c’est logique : on est tous égaux, on est pas tous du même avis, il faut donc que ceux qui sont pas d’accord ne soient pas éliminés… Puisqu’ils sont égaux à ceux qui sont d’accord…. Non ? Ce qui est en jeu ici c’est le consensus social.. Mais la course à la consommation et l’idée que l’homme (plus que la femme ?) n’est motivé que par son propre intérêt brisent une quelconque cohésion sociale (on arrête « l’harmonie », jeunes padawans, svp.. l’harmonie sociale ça n’existe pas sauf en régime totalitaire !)… Les clivages actuels sont politiques, parce qu’économiques et sociaux et culturels… [Perso, dans un pays étranger qui m’accueille moyen, je me réfugie sur ma culture, ma religion, même si ça me gonfle, c’est au moins un endroit ou j’existe… Non ?] Aujourd’hui, finalement, on a l’impression qu’il n’y a que DES minorités sans UNE majorité.. Nous n’avons plus de projet commun sauf celui de remplir notre sac de course, notre ventre, notre compte en banque etc… Mais cela, la consommation, n’est pas un projet égalitaire ni fraternel… Mais c’est une liberté… Quoique si je regarde de près, l’injonction à avoir les dernières baskets qui font prout, le téléphone qui fait salon de coiffure et la montre connectée à tout sauf à mon présent, toutes ces choses dont on me bombarde que c’est bon pour moi, cette injonction là (qui n’est pas nouvelle d’ailleurs) ne nous prive-t-elle pas de notre liberté de réflexion et de choix de vie ???
Voilà c’est fini, j’ai fait le tour et je sens bien que vous êtes bien moins nombreux qu’en haut de la page… Oserai-je vous quitter sans correction ?
Je vous avais donné une orientation de plan, que tout le monde a pris sauf un ou deux… On pouvait faire autrement, je vais essayer de vous le montrer rapido pour ne pas perdre l’attention de votre petit nombre…
I – les principes démocratiques
1 – EGALITE – donc vote, isonomie, renouvellement des responsables, débat
2 – LIBERTE – donc pluralisme, expression, débat
3 – FRATERNITE – nécessaire car c’est le lien avec la société
II – les difficultés soulevées
1 – liées au discours
2 – liées à l’égalité
3 – liées à la société
Vous devriez avoir dans votre cours, les textes et ce qui précède tout ce qu’il faut pour compléter ce squelette de plan
Autre mode ?
A partir de la PB, LA DEMOCRATIE EST ELLE ENCORE LE MEILLEUR TYPE DE REGIME POLITIQUE ?, on peut utiliser un plan dialectique
I – oui / les atouts
II – non / les difficultés passées et actuelles
III – Faut espérer !!!!
ou bien partir sur l’idée que selon les principes, on est plus ou moins bien barré, d’où :
I – EGALITE
1 – des atouts
2 – des obstacles
II – LIBERTE
1 – des atouts
2 – des obstacles
III – FRATERNITE
1 – des atouts
2 – des obstacles
En conclusion on pouvait tirer à boulets rouges sur les concepts liquides de « démocrature », « démocratie illibérale »… Sans égalité, sans liberté, la démocratie n’est qu’un camouflage. La démocrature n’existe pas, c’est une dictature qui se cache sous des oripeaux démocratiques… « des » ? En fait il n’y en a qu’un, le vote.. Une démocratie qui ne permet pas le pluralisme, qui tue les journalistes, qui affiche régulièrement des scores électoraux dépassant les 80%, ce n’est pas une démocratie…
La démocratie est en crise en France ? Pourquoi ? Parce que la classe politique n’accepte pas que l’opinion française soit clivée ? Non ce n’est pas du populisme. Dans les années 1980 et 1990 la classe politique française était agacée de la cohabitation. Okay ! en 2000 le référendum sur le quinquennat, fait pour aligner présidence et chambre et rendre impossible la cohabitation, a obtenu 30% de participation… 30 % ? N’importe quel politique démocratique aurait dit, « bon ok on ne peut pas admettre cela ! » Que croyez vous qu’il advint ? On proclama une grande victoire française… 2002 Le Pen arrivait en 2eme position, et personne n’a pensé que les citoyens en avaient eu un peu marre de ne pas être entendu ?.. 2005 oh ! quelle horreur les Français sont contre la constitution européenne… 2007 ça passe sans referendum… Y en a un qui a utilisé cet enchainement, bravo ! Aujourd’hui, notre chambre soi-disant ingouvernable de 2024 est considérée comme un problème alors qu’en fait, la situation est des plus démocratiques : nous ne sommes pas des moutons, malgré tout ! Mais cela oblige nos politiques à revenir aux bons temps de la cohabitation, et ça ne passe pas, c’est trop inconfortable !… Un peu plus au nord est en Europe, ils ont inventé les « grandes coalitions ».. Mais eux ils ont appris le compromis sur les ruines de leur pays englouti par le nazisme….
Quoiqu’il en soit, la conclusion était forcément sur la dynamique démocratique et non pas sur un constat d’échec concomitant d’une proclamation fataliste de la démocratie « meilleur régime ».. Achtung, Padawans ! Dire que quelque chose auquel on ne croit plus est nécessaire à garder, c’est la tactique « on n’a pas le choix »… Erreur fatale ! On vous dit que vous n’avez pas le choix, car le seul qu’on vous laisse c’est les extrêmes ou rien… Le choix est ailleurs…
La démocratie part du principe que le pouvoir part de ceux sur qui il s’exerce, c’est sa force et sa faiblesse. Croire aujourd’hui, qu’une gestion autoritaire ou entrepreneuriale de la société est meilleure range l’humain dans la catégorie des objets de consommation jetables… L’humain est plus grand que cela, toutes les philosophies du monde nous le disent, mais il a du mal à s’en apercevoir ! La démocratie ne se conçoit pas sans engagement, alors qu’on nous a dit que le top c’est de consommer… Vous le voyez le problème ?