Paix ?

Vous voulez vous démarquer ? être original ? Soyez contre la guerre ! Aujourd’hui on y court à vitesses grand V !
Voilà pour nourrir votre attente de paix : le livre de JC CARRIERE, La paix, sorti chez O Jacob en 2016… Le propos sort de l’expérience des attentats de 2015-2016. L’incompréhension des occidentaux devant ces attentats, la grande force de cette folie du suicide terroriste, autant de points d’interrogation. Suscitant autant de questionnements.. La paix, telle qu’on la conçoit… Qu’est-ce d’ailleurs ? Une situation dans laquelle les jeunes hommes ne meurent pas de mort violente sur le champ de bataille ? A ce prix là , oui nous sommes en paix, et ceux qui veulent nous faire croire le contraire ne font que préparer la prochaine guerre…

Le truc dans ce bouquin c’est que l’auteur joue avec le concept.. et il le décline ! De la situation internationale complexe il passe à l’héritage des guerres ou de la paix. Et puis chemin faisant, il  en arrive à l’humain, quand même, encore et toujours !

Chapitre intitulé Foutez moi la paix ! … »Il semble bien qu’une adversité soit nécessaire à toute vie équilibrée, comme si nous devions nous colleter avec tel ou tel problème, ou obligation désagréable, ou même simplement nous trouver dans un embarras d’où nous serions les seuls à pouvoir nous sortir.
Quand à l’adversaire intérieur, l’ennemi intime, celui qui nous connaît mieux que personne, qui nous suit pas à pas et qui ne nous pardonne rien, c’est précisément dans la solitude et la tranquillité d’esprit, que je recherche, que je réclame, qu’il va retrouver toute sa force. Il est seul, à présent. Seul avec moi. Si ça se trouve, il n’attendait que ça, depuis longtemps. Les obstacles extérieurs, que je tentais d’éloigner, le tumulte, les embarras, les visiteurs inopportuns, me protégeaient peut-être au fond. Au fond de moi-même. »

Spinoza => « La paix n’est pas l’absence de la guerre, mais une vertu qui naît de la force de l’âme »

– Donnez moi un exemple de défaite
– La Victoire….

A lire à l’Alcazar=>  301 PAIX

un peu de lecture

Quelques lectures récentes…

C MILLER La guerre des semi-conducteurs, l’enjeu stratégique mondial, L’Artilleur, 2024

Super résumé de l’histoire de l’électronique depuis 80 ans, mais à la mode américaine.. 54 chapitres rapides où se mêlent allègrement commentaires stratégiques et commerciaux, précisions techniques, liens avec les domaines que le lecteur connaît : événements politiques ou guerriers, des agressions chinoises sur Taïwan à la guerre du Vietnam en passant par l’Ukraine… Malgré cet aspect un peu fouillis et journalistique, le bouquin impressionne par les arcanes de ce produit caché dans tous les objets de notre civilisation matérielle actuelle… En sortant de là , les semi-conducteurs restent une énigme électrique mais vous comprenez facilement leur importance stratégique à l’égal du pétrole ou de l’électricité. On se passerait des anecdotes dans le style journalistique, mais c’est une bonne entrée… On ne perd pas son temps dans ces 500 pages….

G KEPEL, Le bouleversement du monde, L’après 7 octobre, Plon, 2024

Là encore si le style est critiquable le fond du boulot est tout à fait nécessaire. Passez par dessus les remarques auto-justificatrices de cet intellectuel pas toujours bien reconnu et vous aurez un point de vue tout à fait pertinent sur le conflit du proche orient… sa profondeur et son impasse.

un peu moins récent, mais prenant :

J BIRNBAUM, Le courage de la nuance, Seuil, 2021
un petit bouquin passionnant sur le ton de notre société, ce qu’on y fait et ce qu’on devrait plutôt y trouver.. Un constat qui me va comme un gant ! Birnaum se rapproche de Camus, Orwell, Arendt, Aron et G Tillion entre autres pour voir ce qu’ils ont à nous dire sur notre époque et sur le poids de la parole en société… Perso je me suis régalé !

Lola LAFON Quand tu écouteras cette chanson, 2022.

Un parcours sans artifice, sans héroïsation, sans chichi, auprès d’Anne Franck. Une approche nouvelle, loin des pleureuses, plus historique, parfois même historiographique… Que ce monde à besoin que les femmes écrivent !!! L’émotion est pesée, mais ce n’est pas forcément ce qui m’attire, l’émotion est tellement le nerf de la guerre aujourd’hui… C’est moins l’histoire d’Anne que le rapprochement de Lola envers Anne qui me fait plus signe…

Erri DE LUCA, Impossible, 2019

Sur fond d’intrigue judiciaire, un chemin dans l’âge, le terrorisme, la justice, l’Italie des années de plomb et l’amour !

estime de soi ou narcissisme

Extraits d’un entretien de Christophe André… Nécessaire pour tout le monde, jeunes, vieux, parents, profs, enfants..  Enjoy !

Dans une société à la fois plus sûre mais aussi plus insécurisante, envahie de « pollutions psychologiques » et dans laquelle il faut en permanence « faire ses preuves », l’estime de soi bien comprise nécessite un travail de maintenance régulier. Pour entretenir notre estime de nous-mêmes, apprenons à quitter nos questionnements intérieurs et cherchons à l’extérieur de nous : dans la gratitude, la conscience de notre dépendance aux autres ou encore l’admiration. Pour ne pas se laisser submerger par nous-mêmes et réajuster le cap.
(…) Après 25 ans de travail sur cette notion, j’essaye d’expliquer que ce travail sur l’estime de soi doit pousser vers les autres, et les questions sur soi-même doivent cesser. Car je suis frappé aujourd’hui par le dérapage de notre société vers le narcissisme en raison d’une estime de soi mal comprise.
Le narcissisme est une haute estime de soi, accompagnée du besoin d’être supérieur aux autres et du sentiment d’avoir des droits supérieurs : un narcissique pensera que, dans une discussion, il est normal de parler davantage que les autres, car il se considère plus intéressant, ou encore de ne pas respecter le Code de la route parce qu’il est meilleur conducteur, ou de passer devant tout le monde dans une file car son temps est plus précieux…    Au contraire, lorsque j’ai une bonne estime de moi, je suis satisfait de mes qualités, mais cela ne m’intéresse pas de dominer, je respecte les autres car je sais aussi ce que je leur dois. Une personne dotée d’une bonne estime d’elle-même est humble, dans le sens où elle ne se veut pas supérieure aux autres mais elle ne se sent pas pour autant inférieure.
Cela s’explique sûrement par beaucoup d’évolutions sociales, j’en identifie pour ma part trois. D’abord certaines dérives éducatives, avec une éducation positive mal comprise, illustrées par le débat entre Caroline Goldman et Isabelle Filliozat. Une génération entière de parents a cru bien faire en confondant amour inconditionnel (que les parents doivent manifester) et approbation inconditionnelle, c’est-à-dire un refus de voir les failles de son enfant. Si celui-ci est en échec scolaire par exemple, la faute sera rejetée sur l’institutrice ou l’Éducation nationale. Or en valorisant trop leur enfant, ces parents ont fabriqué des « enfants tyrans » qui deviennent des adultes narcissiques et posent problème.
Deuxième évolution néfaste, les dérives du consumérisme, aujourd’hui à son apogée, qui repose sur une stratégie diablement intelligente consistant à exploiter des besoins humains profonds (comme le désir d’être admiré, valorisé, reconnu) et à proposer comme réponses, qui se révèlent illusoires, l’achat et la possession.
Enfin, troisième tendance de fond : l’arrivée des réseaux sociaux qui représentent une catastrophe d’écologie psychologique dont nous commençons tout juste à prendre conscience. Eux aussi exploitent habilement nos besoins fondamentaux et inévitables – par exemple celui de se comparer aux autres – pour nous proposer une solution illusoire. En effet, contrairement à un groupe humain où nous nous comparons à des personnes réelles dont nous voyons aussi les « mauvais côtés » (celui-ci a réussi professionnellement mais il est malheureux en amour), sur les réseaux sociaux on ne voit que leurs aspects parfaits.
(…)
Cela crée une insatisfaction et une angoisse, calamiteuses pour l’estime de soi. Comme solution, ces mêmes réseaux poussent à parader et à se montrer également sous mon meilleur jour, encourageant une estime de soi narcissique qui repose sur un mensonge.
En bref, d’un côté notre société de la compétition nous insécurise, et de l’autre nous propose des solutions narcissiques aux problèmes d’estime de soi qu’elle-même a créés.
(…)
Pourtant, l’estime de soi, de la même manière que la santé physique, n’est qu’un outil pour vivre et célébrer la vie. Il faut faire le travail d’être en paix avec soi, de s’estimer, puis il est temps de célébrer la vie et de me tourner vers les autres. Plus vous progressez dans l’estime de vous-mêmes, moins vous pensez à vous. C’est un paradoxe : le silence de l’ego est le meilleur signal d’une bonne estime de soi.

A lire :  Christophe André, S’estimer et s’oublier (Odile Jacob), 2023

Conseil constitutionnel

Quand on fréquente régulièrement le 1er étage  de l’Alcazar, on tombe sur des nouveautés et on comprend que ceux qui bossent là bas.. ils bossent !

Voilà un petit livre qui a l’air de rien, mais pour des gens qui veulent un jour faire du droit c’est une belle entrée en matière. Le bouquin sorti en 2023 s’intitule La Constitution maltraitée – Anatomie du Conseil constitutionnel et son auteure est Lauréline Fontaine (cf https://www.ledroitdelafontaine.fr/ ), la préface est d’Alain Supiot.. Un bonhomme à connaître (« Le gouvernement par les nombres » et autres études sur le travail, à consulter également à l’Alcazar, quelques préfaces sympathiques aussi…)… Bref !

quelques extraits du début pour donner envie…

La préface de Supiot commence par cette manie française de donner des leçons de démocratie au monde entier…

« Qu’il s’agisse de la composition du Conseil constitutionnel, de la motivation de ses décisions, de l’équité des procédures, du mode de désignation de ses membres, de leurs compétences juridiques (…) on cherche vainement un seul registre sur lequel la France aurait des leçons à donner au reste du monde. »

« En 1958, pour la première fois de son histoire la France s’est dotée d’un Conseil Constitutionnel. Fort modestes, ses fonctions étaient (..) plutôt celles d’un arbitre de touche chargé de préserver le pouvoir exécutif des empiètements du pouvoir législatif ; et accessoirement celles d’une maison de retraite assurant les vieux jours des anciens présidents de la République. Selon la légende dorée promue par le monde politico-médiatique, une transformation entamée en 1974 et parachevée e 2008 aurait fait du CC une véritable cour constitutionnelle… »

Dans l’introduction, L Fontaine enchaîne après ce rappel chronologique :

« Mais alors comment concilier cette idée (le CC est devenu un véritable contre-pouvoir selon le récit idyllique repris dans le paragraphe ci-dessus) avec le constat de beaucoup d’observateurs de la vie politique et juridique française que, depuis une trentaine d’années, les libertés sont progressivement et scrupuleusement grignotées ? Les lois adoptés par le Parlement, à l’initiative du gouvernement le plus souvent, abaissent constamment et très surement le niveau de protection et de jouissance de ces droits et libertés que constituent la liberté individuelle d’aller et de venir, de penser, de s’exprimer, de se réunir, de manifester, de protéger sa vie privée, d’être à l’abri de décisions administratives ou judiciaires arbitraires. (…) Or ces lois ont été validées par le CC, qui n’a donc rien empêché. Elles ont aussi favorisé la conception et la raison néolibérale du monde et non le caractère « social » de la République, pourtant proclamé à l’art. 1er de la Constitution, mais auquel le CC ne s’est jamais référé depuis qu’il rend ses décisions. »

« Le Conseil n’empêche par le démantèlement progressif des droits et libertés individuels, il participe même de celui-ci en encourageant, chaque fois qu’il le peut, le renforcement des libertés économiques de personnes ou de groupes puissants. Il est donc plus que nécessaire de porter attention à ce qu’il est, comment il travaille et comment il maîtrise sa communication sur ces sujets. »

Mon rôle d’agitateur se termine là.. Il y en a assez pour tirer une citation pour un devoir sur la Ve République ou les questions constitutionnelles.. Les plus fous iront voir le livre dans les rayons du 1er étage de l’Alcazar… ou iront constater que sur le site de L Fontaine, un colloque sur le CC est annoncé pour mars 2024.. oui c’est passé, mais ce travail de recherche met du temps à émerger dans les médias mainstream ! Vous allez en entendre parler dans les colonnes du Monde ou du Fig… mais quand..?

Le bon citoyen

<<Une fois que le dictateur est parvenu à créer la barrière de peur, le modèle du « bon citoyen » fait son apparition dans la société. Ce sont les personnes ordinaires que l’on croise dans la rue. (…) Ils choisiront toujours la stabilité face à l’incertitude que causerait une tentative de changement politique. Ils préfèrent poursuivre leur existence sans faire de vagues quelles que soient l’injustice et l’iniquité dont ils sont victimes. Le bon citoyen vit dans l’absence d’espoir et la peur.(…) Le bon citoyen n’éprouve pas d’intérêt pour ce qui est extérieur au cadre des exigences de son existence quotidienne. Il a compris que tout ce qui se passe dans son pays est décidé uniquement par son chef d’État et que, s’il essayait de jouer un quelconque rôle dans les affaires publiques, cela n’y changerait rien et aurait pour seul effet d’attirer sur lui des catastrophes : l’emprisonnement, la torture, la mort. (…) Les bons citoyens ne comprennent pas plus la révolution qu’ils ne la souhaitent. Ils jettent sur elle un regard méfiant et sont les premiers à croire la propagande contre-révolutionnaire accusant les révolutionnaires de trahir le pays et de travailler pour des intérêts étrangers. En fait ils ont une profonde haine de la révolution, d’abord parce qu’ils ont perdu tout espoir que la justice puisse être instaurée, ou qu’un changement quelconque puisse survenir sans avoir été voulu par le chef de l’État, ensuite parce que, face aux actions de ces braves et héroïques révolutionnaires, ils ont honte d’eux mêmes. Ayant passé toute leur vie à obéir et à faire des courbettes devant l’autorité, ils sont devenus complètement dociles. (…) Les bons citoyens en Égypte n’éprouvent un sentiment d’appartenance que dans deux domaines : celui du football et celui de la religion. Dans le football, ils trouvent tout ce qui est absent dans leur vie quotidienne : de la justice et des règles unifiées appliquées à tous, de la transparence dans les décisions et un processus méritocratique. Pour ce qui est de la religion, ils l’interprètent de façon à ce qu’elle n’ait pas de signification révolutionnaire ni le moindre lien avec la justice ou la résistance à l’oppression. La religion en ce qui les concerne est un recueil de procédures comme celles de n’importe quelle grande entreprise, avec des échelons pour gagner la confiance de Dieu tels que, pour les musulmans, la prière, le port du voile, le don d’aumônes et la pratique de différents types de  pèlerinage ou , pour les chrétiens,  la messe le dimanche et les dons à l’Église. (…) Pour lui les rites de la religion sont les paiements réguliers d’une police d’assurance qu’il pourra, au moment de sa mort, récupérer en liquide à son entrée au paradis.(…) En 2007 des dizaines d’années après la mort (du dictateur portugais Salazar), un sondage d’opinion organisé par la télévision nationale pour savoir quel était le plus important personnage de l’histoire portugaise plaça Salazar au premier rang avec 41% des voix des téléspectateurs. (…) Le bon citoyen voit seulement le côté positif du dictateur : la sécurité, un travail garanti et stable, une vie sous l’aile d’un homme fort, paternaliste qui le protège contre les maux du monde.Le bon citoyen et le dictateur sont les deux faces d’une même pièce. >>

Alaa El Aswany, Le syndrome de la dictature, Actes sud, 2020, quelque part dans le chapitre 3….

Le cas  étudié par l’auteur est celui de la société égyptienne, passée par le crible de plusieurs dictatures, y compris celle de Nasser, celle de Moubarak qui a été renversée par le printemps arabe.. et ce qu’il s’y passe depuis !!!!…
A méditer tranquillement pour faire mijoter dans vos esprits le cas des régimes totalitaires, de la France de Vichy, de la Hongrie d’Orban… Ou pourquoi pas celle de notre belle société démocratique dans laquelle nos décisions sont prémâchées par la mode et les médias… Et Peter Gabriel chante toujours « We do what we’re told » !

est-ce que tu veux lire ?

Puisque vous le demandez…. Voilà quelques lectures recommandées pour l’été…

Pourquoi lire plutôt que de regarder des vidéos…?
D’abord parce que les vidéos vous les regardez tout le temps
Ensuite parce que la lecture vous laisse le temps de vous interroger plutôt que de ne faire que réagir quand le discours est extérieur et continu.. Oui bien sur on peut toujours mettre sur pause.. -mais honnêtement- qui le fait ?

Vous pouvez lire tout ce qui apparaît dans les articles repérés dans la catégorie A LIRE, comme compte-rendus ou fiche de lecture.. déjà !
Ensuite,  entre la seconde et la première, la lecture idéale serait d’abord la presse…Le Monde, Le Figaro, Libération pour la presse nationale sont faciles d’accès… Pour les plus intéressés, la lecture de la revue l’Histoire et de la revue Carto n’est jamais une perte de temps… Si vous voulez prendre de l’avance en Spé, regardez les pages du site consacrées aux chapitres.. Il y a souvent une bibliographie et quand j’ai eu la patience de le mettre vous verrez quels bouquins sont accessibles à l’Alcazar…
Entre la première et la terminale, les conseils précédents restent valables. Les plus accros iront lire Ian Kershaw, le dernier bon biographe d’Hitler et spécialiste de l’Histoire de l’Allemagne au XXe siècle (La fin 1944-1945). Il a dernièrement publié une histoire de l’Europe déclinée en 2 tomes L’Europe en enfer (1914-1949) et l’âge global (1950 à nos jours)… Top ! Méfiez vous des bouquins concours (qu’on court, cons courts…) souvent écrits par des profs dont les dents rayent le parquet sans réel intérêt…  Je me demande encore pourquoi on fait la pub du Siècle des excès alors que Géopolitique et géoéconomie du monde contemporain, Puissance et conflits est de bien meilleure qualité.. Vous avez compris aujourd’hui tout est marché.. Donc je vous conseillerais toujours davantage les bouquins des historiens plutôt que ceux des profs d’histoire… Regardez ce que ça donne dans les pages du site consacrées à sce po…

Pour les passionnés de lecture… Oui , je sais , vous êtes encore moins nombreux, le rayon Biographie au 3eme étage de l’Alcazar est à avoir le tournis… Là encore il faut se méfier des auteurs, parfois même de certains collections, mais c’est tellement agréable ! Personnellement j’ai apprécié mettre un oeil dans les bios de Plon-plon (oui, ça intrigue au départ), Mac Mahon, Pasteur, Clémenceau, Aristide Briand, Churchill (Bedarida), Mussolini (Milza), Golda Meir, Joseph Caillaux, Gambetta, Willy Brandt, etc… Si vous voulez retrouver le frisson du film Stalingrad, lisez les mémoires de Vassili Grossman… etc…

A lire

[selon l’association française du poisson rouge, le poisson rouge est fait pour vivre « en bande » entre 20 et 30 ans et peut atteindre 20 cm.. le bocal a atrophié l’espèce, en a accéléré la mortalité et détruit la sociabilité. p 167]

Bruno PATINO, La civilisation du poisson rouge, petit traité sur le marché de l’attention,Grasset, 2019

Quand on lit ce genre de livre, on est forcément amené vers cette « voix qui crie dans le désert »… Adolescents, vous nous donnez un modèle de vie ! Nous, soi-disant adultes, savons parfaitement dire quelles sont nos erreurs sans avoir le moindre geste pour ne plus les commettre !!! Nous savons pertinemment depuis Rousseau que sans régulateur, le libéralisme ressemble à la loi de la jungle : qu’importe les victimes pourvu qu’au seuil de ma porte je puisse faire ce que je veux. Nous savons pertinemment que les intérêts des grands actionnaires sont contradictoires avec les nécessités humaines ; qu’importe, tant que les actionnaires me permettent d’avoir du fric ou de la technologie, tout est bon, y compris l’esclavage de gens que je ne connais pas, tant que je reste un bon démocrate ! Le sujet du bouquin est un peu dans cette veine.. Il permet de brasser toutes les conneries qu’on a laissé installer au bout de nos doigts, ces superbes machines qui semblent nous rendre service et qui, pour le coup, nous maintiennent en esclavage… Je retiens quelques éléments…

« Une étude du Journal of social and clinical Psychology évalue à 30 minutes le temps maximum d’exposition aux réseaux sociaux et aux écrans d’Internet au delà duquel apparaît une menace pour la santé mentale » p 16

« L’économie de l’attention détruit peu à peu tous nos repères. Notre rapport aux médias, à l’espace public, au savoir, à la vérité, à l’information, rien ne lui échappe.
Le dérèglement de l’information, les « fausses nouvelles », l’hystérisation de la conversation publique et la suspicion généralisée ne sont pas le produit d’un déterminisme technologique. Pas plus qu’ils ne résultent d’une perte de repères culturels des communautés humaines. L’effondrement de l’information est la conséquence première du régime économique choisi par les géants de l’Internet.
Le marché de l’attention forge la société de toutes les fatigues, informationnelles, démocratiques. Il fait s’éteindre les lumières philosophiques au profit des signaux numériques. » p 17

un peu de vocabulaire….
no mobile phone phobia => nomophobie, pour désigner la peur panique face à l’éloignement même éphémère de son portable…
phnubbing : consultation ostensible de son smartphone en compagnie alors même qu’on nous adresse la parole.
athazagoraphobie : peur d’être oublié par ses pairs….

à partir de la p 29, Patino reprend des expériences en science du comportement faites dans les années 1930 sur des rongeurs… Quand une souris est mise dans une boîte équipée d’un bouton qui lui permet de faire tomber de la nourriture de manière régulière, on s’aperçoit que le rongeur se régule et n’utilise le bouton que lorsqu’il a faim. En revanche si la quantité de nourriture délivrée est aléatoire, le rongeur se met à pousser le bouton constamment, même s’il est rassasié. Les systèmes à récompense aléatoire, loin de faire naître la distance ou le découragement, jouent sur l’incertitude qui produit une compulsion qui se transforme en addiction. L’appât du gain,  même minuscule, empêche tout éloignement face au mécanisme… Avant d’être utilisé par les grandes plateformes du numérique, ce système a été appliqué dans les casinos et toutes sortes de jeux dits de hasard…

« sur Netflix, l’ergonomie du site tout comme certaines séries spécialement écrites pour la plate-forme sont fondées sur la théorie de la complétude afin de passer de l’habitude à l’addiction. Ce qui compte ce n’est pas la qualité de la série mais la frustration liée au visionnage incomplet. L’enchaînement des vidéos vise à ne pas interrompre la dépendance par d’autres sollicitations… » p.36-37

Décidément, nous vivons dans un monde de belles libertés !!!!

p 63 « .. peur sociale de rater l’immanquable alors même que les proches, les « amis » ou les connaissances y auront accès. Cette anxiété, qui va de pair avec la crainte d’être exclu par ignorance, est désignée par l’acronyme FoMO pour FEAR OF MISSING OUT »

p 64 : « La civilisation numérique est fondée sur les données, leur collecte et leur utilisation.Le capitalisme numérique sera un data-capitalisme. Les données personnelles ont souvent été comparées au pétrole de cette économie à venir (…) Mais dans sa forme initiale, brute, sans contrôle, l’utilisation de ce pétrole s’est faite dans une seule et même direction : comprendre les comportements pour mieux les prévoir, voire les influences. Avec deux objectifs qui sont comme les deux faces d’une même pièce : la surveillance pour les ordres autoritaires, et la captation du temps pour l’économie libérale de l’attention. »

p. 71 « Le maintien en alerte par des notifications folles est devenu permanent. A l’alerte qui signalait un événement majeur s’est ajoutée celle de l’événement mineur puis de l’événement virtuel, qui aurait pu avoir lieu, et enfin de l’absence d’événement. Il en est de même sur les réseaux sociaux, qui sont passés du signal pour annoncer l’activité sociale des amis à l’alerte pour souligner l’absence d’activité. Dans la quête de l’attention, il n’y a pas de limite possible. »

p. 79 « Pour ceux qui fournissent l’information, les plates-formes sont devenues de faux-monnayeurs. A mesure que les géants du Web faisaient croître l’audience des médias, la valeur relative de cette audience diminuait. Pour une raison simple : dans l’univers numérique, l’espace publicitaire à vendre est illimité. Il y a donc une tendance permanente à la baisse des prix. »

p 82 « Chaque contenu est désormais traité comme s’il était publicitaire »

p 86 « En 2018, les 24 heures d’un citoyen américain durent un peu plus de 30 heures. Le sommeil absorbe 7 heures d’une journée, la nourriture, le ménage, la vie sociale, un temps similaire, 6h55, et le travail 5h13. A cès 19h08 minutes s’ajoutent 12h04 par jour consacrées aux écrans, aux médias et au numérique. Une moitié de vie. Une moitié de vie commercialisable. Une moitié de vie commercialisée. »

p 89 « Le désir n’a plus le temps de se construire. Et si par hasard il se précise et s’exprime, il arrive toujours trop tard : des centaines de stimuli nous ont assaillis et ont exigé une réponse. Rassasiés avant d’avoir eu faim, nous le sommes par une nourriture que nous n’avons même pas eu le temps de humer et de goûter. »

Vous trouverez dans la dernière partie des solutions pour remédier à cela.. p 152 : »Lutter contre la domination de l’économie de l’attention qui nous plonge dans l’addiction n’est pas un refus de la société numérique. C’est au contraire la réinstaller dans un projet porteur d’utopies, et réinstaurer une perspective de long terme sur le cauchemar de court terme. »..

Ah ! c’est vrai… Vous risquez de ne pas accrocher car dans cette phrase apparaît le mot « utopie », mot forcément exclu du langage bien châtié de nos sociétés intellectuelles au prétexte que 1 – l’utopie n’existe pas, l’étymologie signifiant « sans-lieu » et  2 – les dernières utopies ont fait des millions de morts lors de la dernière guerre mondiale, entre autres… Ok ! laissez condamner l’utopie qui est associée à l’image de l’extrême gauche, donc qui fait peur dans les chaumières conservatrices… Ok ! Laissez tomber.. Et regarder ce qui fait avancer l’humain.. L’argent ? C’est l’argent qui permet les découvertes ? C’est l’argent qui motive l’investissement personnel ? Alors comment vous expliquez la maternité ? Le bénévolat ? l’amitié ? la bienveillance ? L’utopie a toujours fait avancer l’humain, même si, comme toute chose humaine, l’excès d’utopie a provoqué des drames… Sans l’attrait de quelque chose qui paraît complètement fou et inédit, il n’y aurait pas eu Colomb ni Neil Armstrong… Et vous n’auriez jamais tenté de vous mettre sur vos deux jambes !!!

ne pas subir…

quelques petites lectures en passant, pour essayer de ne pas toujours « binger » en lieu et place d’exister !

Samuel Laurent, J’ai vu naître le monstre, Twitter va-t-il tuer la démocratie ?, Les Arènes, 2021

=> stimulant ou effrayant, comme vous le sentez. Un énième témoignage de repenti des réseaux, encore un esclavagiste qui veut se racheter d’avoir été inhumain ! Bon ! Ils sont gentils ces petits minous là mais ça ressemble plus à un gros coup de pub ou de déprime qu’une sincère mise en garde. La plupart de ces productions sur les RS sont déprimantes… Tant qu’on aura pas eu la simplicité d’appeler ces choses là par le nom qui leur convient, c-a-d le nouveau totalitarisme, on continuera à se prendre le mur ! On vous l’a dit et répété, il n’y a pas de leçons de l’Histoire.. On regarde les Hitler Jugend et les Komsomol avec un regard effrayé et apeuré, mais on laisse nos enfants sur les réseaux… Inconsistance de l’humain ! Bref, si vous ne le lisez pas, vous gagnez du temps pour lire des choses plus intéressantes…

Felix Tréguer, L’utopie déchue, une contre histoire d’Internet XVe-XXIe siècle, Fayard, 2019

Internet au XVe siècle, me suis-je dit, allons voir ce cocaïnomane chevelu …. De fait , les formations scientifiques ne produisent pas que des emmerdeurs. Le propos est très intello, utilise les références à la mode (Ah, Foucault, quel pied !) mais nous mène dans une réflexion stimulante sur l’Etat et les moyens qu’il prend pour maîtriser les outils de communication… D’où le détour par le XVe et le XVIe quand la Raison d’Etat naît comme une conséquence des guerres de religion et de la diffusion des idées par l’imprimerie. Comme si l’humanisme, dans son optimisme humain, avait provoqué un sursaut de l’Etat qui doit désormais s’adapter à un individu conscient de son individualité…
« Pour faire fonctionner l’espace public à son profit, l’Etat moderne a très tôt déployé 5 stratégies majeures qui forment la police de l’espace public :  la CENSURE, la SURVEILLANCE, le SECRET, la PROPAGANDE et la CENTRALISATION (des technologies de communication) » D’autre part, Internet a été essentialisé et l’utopie du départ a vite déchanté… L’utopie qui est ce qui mobilise le mieux, mais qui, ne trouvez-vous pas, semble en panne aujourd’hui ? Qui veut construire un monde meilleur dans un monde qui semble condamné ? L’Utopie s’avère aujourd’hui une possibilité de riches; les pauvres savent que sans révolution il n’y arriveront pas et que l’issue des révolutions ne dépend pas d’eux…

Byung-Chul Han, L’expulsion de l’autre. Société, perception et communication contemporaines, PUF, 2020

Dans la série, de temps en temps, il faut ouvrir un ouvrage d’un Allemand : « Le temps ou l’AUTRE existait est révolu »… « Ce ne sont pas la privation et l’interdiction, mais l’hypercommunication et la surconsommation, non pas le refoulement et la négation, mais la permissivité et l’affirmation qui la[=société] rendent malade »… « L’expulsion de l’autre met en marche un tout autre processus de destruction, à savoir celui de l’autodestruction »… « On propose en permanence aux consommateurs les films et les séries qui correspondent entièrement à leur goût, c’est à dire celles qui leur plaisent. Comme du bétail de la consommation, ils sont gavés de ce qui revient toujours à l’identique ».. « La terreur de l’identique englobe aujourd’hui tous les domaines de la vie.  On se rend partout sans faire d’expérience nulle part. On prend connaissances de tout sans acquérir une connaissance. On accumule les informations et les données sans aboutir à un savoir… »…  » Le Big data permet d’étudier les corrélations..La corrélation est la forme de savoir la plus primitive, elle n’est même pas en mesure d’étudier la relation de causalité, c’est à dire la relation entre la cause et l’effet. C’est COMME CA. La question du pourquoi est ici inutile. Rien n’est donc COMPRIS. Or savoir c’est comprendre. Big Data rend ainsi la pensée superflue. Nous nous abandonnons sans objections au c’est comme ça. »…

Julia de Funes, Le siècle des égarés. De l’errance identitaire au sentiment de soi, L’Observatoire, 2022.

Faut-il revenir sur la place de son grand père dans le cinéma français pour lire ce petit ouvrage bien fait et rassurant sur la capacité à penser des gens qui nous dirigent  ?… « à l’échelle individuelle, l’identité s’avère la plupart du temps un piège pour soi-même (…) Tentés à l’idée de croire que l’identité nous construit et nous fortifie, force est de constater qu’elle ne fait souvent que nous éloigner de nous-mêmes en nous confinant dans des emplois et des rôles. A l’échelle collective, il suffit d’un regard pour constater que les dogmatismes identitaires s’exacerbent et que l’universalisme perd de son prestige. Du temps des Lumières, l’universalisme était le chemin vers l’égalité et la liberté, il est désormais devenu, pour certaines communautés, synonyme de déni des différences et consolidation des injustices (…) En fin sur le plan théorique l’identité est un des seuls concepts à être si paradoxalement construit au point de ne mener qu’à des impasses philosophiques. Rien qu’en ouvrant le dictionnaire au mot « identité » deux acceptions contradictoires le définissent. Signifiant à la fois le même (être identique) et le différent (être spécifique), il est inévitable que toute recherche identitaire porte en elle une contradiction. »… et ça, ce n’est que le début !

ça peut toujours servir

=>Force est de constater que les sociétés capitalistes font la promotion d’une environnement culturel narcissique, avec une injonction à consommer, la glorification de l’individualisme à travers les réseaux sociaux et la téléréalité, et enfin une éducation permissive des enfants…. Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 287

=>A l’heure des fake, deepfake et du couronnement de la vraisemblance, on ne s’attarde plus guère sur le fond des choses pour se contenter d’une représentation, d’un monde de surface. En ce sens, ce qui importe, c’est de se croire libre plus que de vérifier si cette liberté est réellement en situation. » E. Godart, En finir avec la culpabilisation sociale, Albin Michel, 2021, p. 84

=> Nous sommes entrés dans un monde de soumission volontaire, condamnés à accepter de devenir responsables de choix que nous sommes contraints de faire ». E. Godart, En finir avec la culpabilisation sociale, Albin Michel, 2021, p. 111

=> « Plus la société évolue, moins l’humain avance » N. Rieux dans un article sur le film de Ken Loach Sorry we missed you

=> Les Narcisse n’existent qu’au travers du regard de l’autre. C’est pourquoi, dans une société d’image et d’apparence, ils sont rois et leur téléphone portable leur sert de miroir, à l’instar de l’étang où Narcisse contemplait son reflet. Or, dans un selfie, ce n’est pas soi que l’on voit, c’est l’image de soi à travers le regard d’un autre (…) Avec le numérique nous avons remplacé le vivant par l’image et l’amour de soi est devenu l’amour de l’image de soi. Or l’image n’est pas une vérité, elle montre seulement un instant pris sur le vif, ce qui importe peu car ce qui compte, c’est ce qu’on donne à voir, même si c’est une image fabriquée, un « faux-self », destiné à être conforme aux attentes des autres…. Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 350

=> depuis les années 2000, les jeunes hommes et femmes des sociétés occidentales louvoient souvent entre leur besoin d’amour et leur désir d’indépendance. Ile et elles se veulent libres, tout en aspirant à une vie amoureuse et sexuelle intense et épanouie. Du couple, ils et elles n’aimeraient farder que le côté gratifiant. Dans leur recherche d’amour plutôt que de construire une relation, ils et elles sont avant tout dans une quête d’eux mêmes, cherchant une amélioration possible de leur qualité de vie, pour arriver à « moi en mieux ». Mais quand on est trop plein de soi, comment laisser une place à l’autre ? Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 406

=> la diminution des capacités de socialité est accentuée et accélérée par la tendance, inspirée du mode de vie consumériste dominant, à traiter les autres humains comme des objets de consommation et à les juger, comme on juge les dits objets, au volume de plaisir qu’ils peuvent offrir, et en termes de « en avoir pour son argent », Z. BAUMAN, L’Amour liquide. De la fragilité des liens entre les hommes, 2004.

=> Notre monde de performance et de consommation a centré les individus sur eux-mêmes et, pour s’adapter, ils ont cherché à augmenter leur estime de soi en privilégiant leurs réalisations individuelles et en renonçant à des solutions collectives. Pour survivre dans une société globalisée, il faut être le meilleur et se placer au-dessus des autres, quels que soient les moyens pour y arriver. (…) La montée du narcissisme partout dans le monde peut être vue comme une réponse psychique à une société individualiste de performance et de consommation uniquement tournée vers le profit et le court terme. La mondialisation nous a entraînés dans une spirale destructrice, ses promesses de progrès infini, de bien-être et d’amélioration de qualité de vie se sont doublées d’un revers beaucoup plus sombre : les addictions, la montée des inégalités, le refus de l’autre et la compétition sans fin entraînant stress et burn-out. Les Narcisse, M.-F. HIRIGOYEN, La Découverte, 2019, p 525

=> Naitre à soi-même, c’est accepter que l’autre existe. C’est abandonner le rêve de toute-puissance que nous développons dans notre imaginaire depuis notre naissance – chacun d ‘entre nous entretient une sorte de religion privée et « croit » être le centre du monde, tout diriger – pour entrer dans la réalité de l’autre, le reconnaître hors de nous, hors de notre pouvoir et admettre qu’il nous échappe, que nous n’avons par de prise sur lui. C’est se séparer d’une partie de soi pour faire exister l’autre. D. DUIGOU, Naître à soi-même, 2007, p. 20

=> Comment pourraient-ils vivre autrement que dans le malaise, ceux qui proviennent d’une culture ancienne et à qui le contemporain paraît misérable, comparé à la splendeur légué par leur antiquité ? A. MEDDEB, Contre-prêches, Seuil, 2006, p. 73.

histoire et identité

Quand l’actualité recouvre des réflexions de fond c’est toujours intéressant. Quand les bidouillages institutionnels traversent des polémiques zappantes des réseaux ça devient passionnant..

Je n’ai cessé de vous dire depuis la rentrée, avec l’exagération bonhomme que peut donner la cinquantaine, que je me transformais, sous l’effet de la réforme de la réforme, en animateur de divertissement historico-géographique… C’est vrai, j’ai passé 25 ans à faire plonger les élèves vers une épreuve écrite de réflexion et de mémoire… L’épreuve a été emportée par le Covid, et même si ce n’est pas vrai aujourd’hui je dois faire plein de choses avec mes élèves mais ne plus les stresser avec cette épreuve.. Mes collègues de Français et de Philo continuent leurs épreuves de 4 heures mais pas nous… Réflexe de cour de récréation, oui , bien sur ! Autour de moi la salle des profs stresse les élèves pour des épreuves lourdes, et dans mon coin, petit Calimero, je n’ai plus qu’un contrôle-continu-peau-de-chagrin… Quelle libération d’un côté ! Quelle déchéance de l’autre ! Voilà la matière que j’enseigne : un des piliers de l’école systématisée de la fin du XIXe devenu la cinquième roue de la charrette…

Mais n’en perdez pas une goutte. L’Histoire et la Géographie restent fondamentales même si on les a placardisées ! La Géographie s’affole avec le changement climatique et les vieilles lectures géopolitiques encore à l’oeuvre chez nos gouvernants, et l’Histoire est un enjeu identitaire qui fait encore se battre dans nos écrans, et parfois mêmes nos rues et nos cours de récréations… L’arrivée de Zemmour parmi les candidats potentiels à la présidentielle nous replonge dans cette thématique de l’histoire identitaire.

Voilà donc quatre références à ne pas négliger dans ce domaine, données ici dans l’ordre chronologique de publication :
Ce pays qui aime les idées. Histoire d’une passion française de S. Hazareesingh
L’Histoire mondiale de la France dirigée par P Boucheron.
Destin Français de E. Zemmour.
Le venin dans la plume. Edouard Drumont, Eric Zemmour et la part sombre de la République, de G. Noiriel.

Notre CDI accueille le deuxième et ma bibliothèque le premier, alors que les deux autres sont consultables à l’Alcazar… Un petit banc d’essai…. 2015, 2017, 2018, 2019